Chapitre 11

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- Tu as essayé ? s'enquit Henri, pour comprendre.

- J'ai suivi le chemin jusqu'au moulin dans ce sens, et jusqu'à la route dans l'autre, mais je reviens toujours au rocher.

- Mais pourquoi...


Alors Mia baissa la tête et sa main serra un peu plus fort celle d'Henri. Il devina les larmes qu'elle retenait.


- Je crois que je suis là, depuis 11 ans. Je crois que je ne suis jamais sortie de la forêt.

- Tu crois que la personne qui t'a fait ça...

- M'a enterrée dans les bois.


Henri serra sa main à son tour et attrapa même son autre main. Elle était là, tellement réelle et tellement vraie.


- Est-ce que des souvenirs te reviennent ?

- Non, mentit Mia.


Elle ne voulait pas lui décrire les images qui lui revenaient. Pas tant qu'elle n'arrivait pas à les mettre dans l'ordre, à les situer, les expliquer et redonner un visage à ce monstre brumeux et sombre qu'elle voyait quand elle fermait les yeux.

Ce soir-là , Henri profita d'une longue douche brûlante qui le débarrassa de toute la poussière de bois et les toiles d'araignées qu'il avait récoltées pendant les travaux. Il était épuisé, c'était de la bonne fatigue. Et tandis que l'eau nettoyait son corps, son esprit ne pensait qu'à Mia. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle était morte quand elle lui semblait si présente. Ça n'avait toujours aucun sens.


- Henri, l'appela Mia depuis la porte de la salle de bain.

- Oui ? répondit-il la voix mal assurée, un peu surpris.

- Ça fait plusieurs fois que ton téléphone sonne, c'est affiché « Maman » sur l'écran...

- Oh, ok, je sors, merci !


Alors, il se dépêcha de sortir pour se rendre compte qu'il avait oublié ses vêtements sur son lit. L'idée de sortir avec juste sa serviette le mettait mal à l'aise. Il regarda son reflet dans le miroir, la cicatrice qui traversait sa poitrine. Il détestait cette image. Il avait l'air faible.

Après une grande inspiration, il se décida à ouvrir la porte. Et à sa grande surprise, il trouva ses vêtements sur une chaise juste à côté de la porte de la salle de bain. Et son téléphone par dessus. Mia avait eu le temps de déplacer les palettes qui composaient son lit dans la chambre et d'y réinstaller le matelas. Il la vit de dos, en train de remettre les draps.

Le jeune homme s'habilla rapidement et sortit la rejoindre, juste au moment où sa mère rappelait. Mia lui sourit tout en continuant son aménagement pendant qu'Henri quittait la pièce pour s'isoler. Dans le salon, il remarqua le transat sur lequel il avait dormi plus tôt, à la place où se trouvait son lit avant.


- Salut maman, comment tu vas ?

- Tu joues avec mes nerfs tu sais ?!

- Pardon, j'étais sous la douche, j'ai officiellement de l'eau chaude !

- Ah oui ?


MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant