Chapitre 27

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Attention contenu sensible :

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Henri se leva pour prendre ses médicaments et en vérifiant son portable, il remarqua un appel manqué de Louis. C'était un douloureux rappel du monde réel. Celui où un homme bon, une famille idéale, invitaient un monstre à leur table. Il regardait cette femme incroyable allongée dans ses draps, si douce et il ne pouvait pas s'empêcher d'être furieux.

Il voulait respecter les choix de Mia, et en même temps, rester sans rien faire le rongeait de l'intérieur. Mia disait qu'il était trop tard, que le mal était fait. Mais Henri pensait que sa famille avait le droit de savoir, pour se protéger de lui, pour faire son deuil et peut-être guérir.

Il n'écouta pas le message de Louis et se contenta de reposer son portable sur la table, dans le panier en osier où était abandonnée la montre brisée de Mia.

Henri attrapa le bijou et observa les petites fissures sur la vitre qui protégeait le cadran. Il l'avait presque oubliée. Maintenant qu'il la tenait en main, une idée lui vint, une idée folle qui impliquait que son esprit s'aventure plus loin que la limite de ses croyances. Et en même temps, il était là, avec le cœur d'un autre, amoureux d'une femme irréelle qui était morte depuis une décennie, à vivre plus qu'il n'aurait pu l'espérer. Y'avait il encore des limites à ce qu'il pouvait croire ?

Mia arriva dans le salon au moment où Henri s'assit sur sa chaise. Elle attrapa une tasse pour se servir du thé et s'installa juste à côté de lui.


- Tu va la fixer jusqu'à ce qu'elle remarche ? blagua Mia.

- Et si elle s'était vraiment arrêtée sur minuit, pile au moment où on s'est vus sur le rocher ?


Mais Mia ne répondit pas, elle regarda cette montre aussi et lui reprocha intérieurement de laisser des indices sur ses secrets. Même si la jeune femme se doutait qu'il n'abandonnerait pas l'idée de savoir ce qui lui était arrivée, elle espérait avoir plus de temps. Car les dire, c'était les vivre.

Il osait enfin, il l'embrassait s'il voulait l'embrasser, il la touchait s'il voulait la toucher. Leurs corps s'harmonisaient et entre ces murs ils ressemblaient à deux amoureux qui s'apprennent. Dans une histoire banale, une vie normale. Les monstres restaient de l'autre côté de la porte.

Même si elle avait autant besoin d'extérioriser que lui de savoir.


...


Jour de la disparition de Mia :

Mia avançait lentement sur le chemin humide qui menait au moulin. Elle poussait son vélo qui se heurtait parfois à quelques rochers qui tentaient de la faire trébucher également. Elle aurait pu utiliser son téléphone pour s'éclairer mais tenait à conserver sa batterie, elle en aurait besoin. Même si elle était terrifiée de se jeter dans la gueule du loup en rejoignant Maxime chez lui, Mia espérait que son plan fonctionne. Elle comptait les jours jusqu'à son départ mais s'en voulait de fuir sans s'assurer qu'il ne s'en prendrait pas à sa famille.

Après quelques minutes de marche elle aperçut la lueur des lampadaires au dessus des derniers arbres à la sortie du chemin. Elle atteignait enfin la silhouette blanchâtre des ruines du vieux moulin quand une lumière vive perça entre les arbres. Elle comprit assez rapidement qu'il s'agissait de Maxime qui venait la chercher.

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant