Chapitre 38

659 153 1
                                    


Caché dans une crevasse de terre, sous les racines d'un énorme arbre couché au sol, Maxime essayait de maîtriser sa respiration. Ses narines s'ouvraient à chaque inspiration, trahissant son état de rage. Il entendait les voix proches des hommes qui le cherchaient. Après les coups violents portés par Louis, il avait eu du mal à se diriger avec le 4x4. Surtout sur le chemin qui n'était pas prévu pour les voitures. Et forcément, il avait finit sa course dans un arbre, presque 1km plus loin. Sonné, il avait abandonné le véhicule et grimpé vers les sous-bois. Il connaissait très bien cette forêt, il se savait capable de s'y cacher en attendant de décider quoi faire.

Il y avait caché bien d'autres choses que jamais, personne n'avait retrouvé.

Louis ouvrit les yeux pour découvrir sa femme et sa fille à ses côtés. Il reconnu l'odeur et la décoration terne de l'hôpital. Douloureusement, il s'aida de ses poings pour s'asseoir lentement. Estelle et Flora se rapprochèrent toutes les deux en même temps en le voyant se réveiller. Elles l'aidèrent à s'installer en positionnant le coussin dans son dos. L'homme sentit que sa tête était enserrée dans un bandage qui descendait bas sur son front, et son cuir chevelu tirait. Alors les évènements récents lui revinrent en mémoire.


- Maxime ! pesta-t-il en essayant de se lever.

- Papa arrête, laisse Karim s'en occuper. Tu dois te reposer.


Elle appuyait sur l'épaule de son père pour l'obliger à rester coucher.


- Il est dangereux.

- On le sait, on a cru qu'on t'avait perdu toi aussi, avoua douloureusement Estelle.


Il jeta un regard désolé à sa femme qui semblait n'en plus pouvoir, son visage trahissait sa fatigue.


- Ils l'ont eu ? Ils ont attrapé Maxime ?


Les deux femmes se regardèrent, inquiètes.


- Il s'est enfui, il a eu un accident avec ta voiture et l'a abandonnée. On pense qu'il est dans la forêt, il se cache.

- Henri ? s'inquiéta aussitôt Louis.

- On a essayé de le convaincre de quitter la cabane mais...

- Mia, souffla Louis en basculant la tête en arrière.


Il s'était souvenu du pire, de son altercation avec Maxime, mais il y avait plus important. Mia était là, Mia était à la cabane.

La jeune femme tenait la main d'Henri, allongé à côté d'elle, folle d'inquiétude. Elle le touchait sans cesse parce qu'elle l'aimait mais aussi parce qu'elle savait que c'était le meilleur moyen de savoir s'ils étaient bien seuls. Si quelqu'un venait, si le monstre s'approchait, elle ne serait plus qu'un spectre immatériel. Et Henri serait seul.

Elle l'avait supplié de partir, elle avait pleuré de peur à l'idée qu'il reste ici. Mais Henri refusait de partir, quitte à se mettre en danger. Et ils étaient là, à se regarder en essayant chacun de cacher sa peur l'autre.

Il s'attendait à le voir venir, il savait qu'il allait devoir l'affronter. Il savait qu'il avait toutes les chances de perdre. Mais c'était aussi la seule et unique fois où il pourrait se battre pour elle. Il y avait de la haine en lui, c'était une braise qui frôlait sa chair à vif, à l'intérieur. Elle brûlait son cœur, elle incendiait son âme. Henri n'avait rien d'un héros, c'était un gringalet en pièce d'occasions qui n'avait jamais levé la main sur personne. Et puis Mia prenait sa main, Mia plongeait ses yeux dans les siens, Mia l'aimait et Henri se sentait la force insubmersible d'un autre homme.


- Je devrais partir, tu n'aurais plus de raison de rester.

- Mia...

- Je te veux en vie, loin d'ici si c'est la condition. Je te veux en sécurité.

- Je te veux toi.

- Pas à ce prix, Henri, je t'en prie, sauve-toi.


Sauve-toi. Elle ne lui demandait pas de courir ni de s'enfuir. Elle voulait qu'il se sauve, car elle ne pourrait pas le faire.

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant