Chapitre 18

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Attention contenu sensible : 

*


La veille de la disparition de Mia :

Accroupie dans la cabine téléphonique devant la bibliothèque, un bras refermé autour de ses genoux, Mia essayait de contenir sa peur, sa rage, toutes ses émotions explosives qui la traversaient. Sa main qui tenait le combiné contre son oreille tremblait fébrilement tandis que son cœur la faisait souffrir.


- Arrête de harceler ma sœur, je ne veux plus te voir ni te parler, c'est fini, répétait-elle au sourd qui refusait de l'écouter.

- Pourquoi ? Tu pourrais au moins me dire en face ce que j'ai fait de mal ?

- Tu n'as honte de rien ! répondit-elle fermement. Laisse moi tranquille ! Je ne me laisserai plus faire.

- Tu me menaces ? grogna-t-il.

- Je te préviens.

- Je peux détruire toute ta vie en un claquement de doigts, crois-moi tu préfères être ma meuf qu'être mon ex ! siffla-il, sûr de lui, contenant difficilement sa rage.

- Tu m'as déjà détruite Maxime, je ne risque plus rien.

- T'as encore rien vu, je peux faire pire, je peux faire bien pire Mia ! Ne me pousse pas à bout !

- Tu n'arrives même plus à cacher qui tu es plus de quelques minutes, bientôt tout le monde le verra !


Mia sentit sa voix se briser sur les derniers mots. Elle n'y croyait pas une seconde. Mais elle savait que bientôt, elle serait hors de portée. À l'autre bout du monde. Il finirait bien par se lasser ! Et sinon, elle ne reviendrait pas, elle irait plus loin, encore et encore. Elle trouverait un moyen pour qu'il n'ait plus jamais d'emprise sur elle.


- Tu me supplieras bientôt de te reprendre, siffla le serpent. Malgré tout ton cirque, malgré tes mensonges et tes menaces je t'aime encore comme un fou. Personne d'autre ne supporterait ça et ne serait prêt à oublier tes crises de gamine prude et coincée. Je suis le seul Mia, le seul, parce que je t'aime trop pour ne pas te pardonner.

- Reste loin de moi et des gens que j'aime.


...


Mia sanglotait, elle reniflait et avait l'air de souffrir. Les souvenirs qu'elle venait de partager semblaient se rejouer tous en même temps et si son corps était mort, son âme errante, elle se sentait vivante à cet instant. Elle revivait la peur, la honte, la violence. Elle aurait voulu que tout s'arrête, encore une fois.


- Dis moi ce que je dois faire Mia, je... je veux t'aider.


Elle entendait sa voix comme un écho lointain et elle avait envie de la suivre. À l'instar de cette nuit-là, quand il l'avait appelée, quand il lui avait dit de le rejoindre. Elle avait sentit le voile se lever, comme si la terre la reconnaissait à nouveau, elle revenait... Et ce soir encore, elle était attirée par Henri. Il avait une aura lumineuse. Même quand il était perdu, quand il ne semblait pas savoir comment vivre, quand il n'en n'avait pas envie. Il avançait à l'aveugle, il laissait juste demain arriver, aujourd'hui exister. Et hier, où était hier ?

Il suffisait que minuit sonne pour qu'hier n'existe plus. C'est ce que Mia voulait.

Elle se pencha pour se déplacer vers cet ami et eut l'impression de nager jusqu'à la surface, là-bas, là où les rayons de la lune la guidaient, elle pourrait respirer à nouveau, lâcher prise et guérir. Alors, Henri ouvrit ses bras et laissa Mia poser sa tête sur sa poitrine. Et chaque larme traversait sa peau jusqu'à son cœur douloureux. Ce soir il s'était brisé, comme son monde, comme tout.

Comme Mia.

MinuitWhere stories live. Discover now