CHAPITRE 22

Depuis le début
                                    

   Nous nous sommes affairés autour des chevaux une bonne partie de l'après-midi et nous sommes en train de finir les dernières installations lorsque mon téléphone se met à sonner. Je regarde l'écran et reconnais immédiatement le numéro qui s'affiche, ça n'augure rien de bon.

   J'écoute mon interlocuteur m'expliquer la situation puis je raccroche nerveusement.

   — Il va falloir que j'y aille. Jeane, tu peux appeler Ulysse pour lui demander de revenir ? C'est urgent.

   — Il se passe quoi ? m'interroge Teddy d'un air inquiet.

   — C'était la gendarmerie, ils ont reçu un appel concernant un cheval maltraité. Ils sont allés voir et apparemment ce n'est pas beau à voir. Ils veulent que je vienne le chercher, mais je ne peux pas y aller toute seule. Il est terrifié et ne se laissera pas approcher facilement.

   — Ulysse est déjà à la boulangerie et il est tout seul, m'annonce Jeane. Ça va être compliqué pour lui de se libérer avant deux heures au moins.

   — Je ne peux pas attendre deux heures...

   — Je viens avec toi si tu veux ? me propose Teddy.

   — C'est très gentil, mais il me faut quelqu'un qui sache s'y prendre avec les chevaux.

   — Il pourrait t'aider à le guider dans le camion, propose Jeane, tu lui monteras juste l'attitude à avoir.

   — C'est trop dangereux !

   — Je n'ai pas peur.

   — Ce n'est pas une question de peur, tu ne te rends pas compte de ce à quoi nous allons faire face.

   — J'en suis capable, fais-moi confiance.

   — Comme tu veux, mais tu devras faire tout de ce que je te dis, c'est important.

   — Promis.

   — OK, allons-y. Jeane, je peux te confier les juments ?

   — Pas de soucis.

***

   Nous arrivons sur place après une heure de route insupportablement longue. La présence de Teddy à mes côtés ne m'a pas vraiment aidé à penser à autre chose que ce pauvre animal. J'ai peur de ce que je vais découvrir. J'ai profité de la route pour expliquer à Teddy comment ce sauvetage va se passer et à quoi on peut s'attendre. Il m'a écouté du début à la fin et semble très investi. J'espère que tout va bien se passer.

   Nous descendons du camion et je repère immédiatement ce qui se trouve autour de moi. Nous sommes devant une vieille longère à l'abandon. Je distingue une clôture derrière cette maison et je suppose que c'est là qu'est le cheval que nous venons chercher.

   L'endroit semble désert alors je ne perds pas un instant. Je récupère un licol et nous contournons la longère. L'image qui apparaît sous nos yeux est bien pire que ce que j'aurai pu imaginer dans mes pires cauchemars. Je crois que je n'ai jamais rien vu d'aussi terrible et pourtant, j'en ai vu des horreurs. Teddy reste figé à côté de moi. Il me regarde pour savoir ce que je compte faire, mais moi-même je ne sais pas vraiment comment réagir.

   Sous nos yeux se tient un cheval si maigre que l'on peut voir absolument chacun de ses os saillir sous sa peau. C'est un squelette, tout simplement. En plus de ça, de nombreuses plaies recouvrent son corps, certaines semblent profondes et sérieusement graves. La clôture que j'avais prise pour un pré ne s'avère être qu'un petit enclos à peine plus grand qu'un box. Le cheval peut à peine tourner sur lui-même, mais je ne suis pas sûr qu'il en ait la force de toute façon.

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