Partie 33-34

2.9K 172 0
                                    


PARTIE 33 :

Nous étions en train de prendre notre dîner tous ensemble dans la salle à manger. Il y avait une ambiance électrique entre Saël et Ali et je ne saurais expliquer pourquoi. Seulement, je remarquais qu'ils se lançaient des piques subtils sans éveiller de soupçons. Je voulais les réprimander mais la mère d'Ali ne me donnait pas envie de m'embrouiller avec eux. Saël était très prévenant à mon égard ... même trop ...

- Et sinon Ali, tu fais quoi dans la vie ?

Il mâchait son pain lentement et sans relever ses yeux il répondit :

- Pour un gosse de riche, c'est malpoli de tutoyer quelqu'un qu'on connait pas non ?

- L'art de retourner la question. C'est bien vous avez l'air intelligent. J'ai bien dit "l'air".

Je soupirais.

- Ferme voir ta ...

Il s'arrêta lorsqu'il vit les gros yeux que lui fit sa mère, crispa sa mâchoire et marmonna quelque chose dans sa barbe.

- Dora apporte nous le dessert s'il te plait, demandai-je dans un ton un peu jovial pour égayer cette ambiance pesante.

Saël se rapprocha de mon oreille et murmura :

- Il rentre quand lui ?

Je sentais le regard d'Ali sur nous et je fis comme s'il m'avait raconté une blague. Gênée de lui répondre à son oreille, chose que je trouvais déplacée.

- Bon, j'me casse.

- Non attends elle ramène un dessert.

- Mange-le toi le dessert, j'suis fatiguée, rétorqua Ali.

Il poussa sa chaise en arrière et prit ses béquilles. Je ne savais pas quoi faire, je me sentais mal à l'aise. Je cherchais du soutien dans le regard à sa mère mais je vis qu'elle souriait. Ca voulait dire quoi ? Elle était si mystérieuse des fois ...
J'entendis Saël murmurer un "bon débarras", n'en pouvant plus je lui mis un coup de pied sous la table. Il se retint d'émettre un petit cri et me regarda de travers. Par moment, il pouvait vraiment me faire peur. Durant tout le dîner je n'arrêtais pas de le comparer à Ali. Ali est plus grand de taille que lui, un corps plus athlétique, un visage plus ténébreux, un caractère plus difficile ... Exactement l'opposé des hommes qui m'attiraient il y a maintenant plus de 4 mois ...

Ne sachant pas quoi faire je le laissais monter dans la chambre. Le reste de la soirée se passa sans encombres, je n'arrivais pas à rigoler aux blagues de Saël car mon esprit était ailleurs. Il ne me faisait plus rire comme avant, j'avais l'impression d'être une autre personne. En fait, il avait raison quand il me disait que je n'étais plus moi même après "mon voyage au Brésil". Après ce kidnapping une autre Anissa s'est mise en place et ça c'était certain.
La mère d'Ali nous regardait puis elle se releva péniblement. Je m'empressais à aller l'aider :

- Merci ma fille, qu'Allah te bénisse pour tout le bien que tu fais.

Cette femme était un joyau.

- Merci Tata inchallah.

- Anissa je rentre chez moi, dit Saël.

Il me fit la bise et sorti rapidement avec la mine énervée. Je ne fis pas attention je pris par le bras Tata pour l'aider à monter les escaliers. Il y en avait trop pour sa frêle personne, il fallait que je trouve une solution pour elle. J'en parlerais à un bricoleur car elle ne pourrait pas monter constamment toutes ces marches alors qu'elle avait de la tension et qu'elle était diabétique. Elle était essoufflée :

- Tata assieds-toi sur la marche et reprend un peu de force, je vais demander qu'on mette sur la rampe un fauteuil électrique pour te monter.

Elle n'arrivait plus trop parler et elle fit non de sa main. Après quelques secondes elle reprit son souffle :

- Non benti ne fait rien, Ali va bientôt guerrir et on va rentrer.

- Mais non Tata c'est avec plaisir.

Elle se releva et me regarda dans les yeux, un regard boulversant :

- Ton coeur ... il est grand.

Ces cinq mots me mirent la larme à l'oeil mais je la refoulais et je continuais à monter les marches avec elle. Nous rentrâmes dans la chambre et je la plaçais dans son lit en lui donnant ses quelques médicaments. Je lui fis la bise et j'éteignis la lumière.

Impulsivement je frappais dans la porte de la chambre à Ali lorsque j'étais passée par là. Il ne répondit pas. Je frappais encore et encore mais il ne répondait toujours pas :

- Ali c'est moi.

- Casse toi.

C'était tout ce qu'il trouvait à me dire ?

- Je rentre.

J'ouvris la porte et je le voyais allongé à regarder le plafond en lançant une balle dans les airs et la rattrapant :

- Ne me dis plus jamais "casse-toi". Tu n'as donc aucun respect ?

- Le jour où tu me respecteras j'te respecterai.

- Ah oui et quand je t'ai manqué de respect ?

Il ne me regardait toujours pas. Concentré dans ses lancés comme si c'était la chose la plus importante à ses yeux :

- Quand tu te fous de ma gueule avec ton zemel.

Il faisait allusion au moment où Saël m'avait posé une question à l'oreille un peu avant.

Il se releva sur un coude et ironiquement il continua :

- Ah tu parles plus maintenant ? T'sais si y'a un truc que je supporte pas c'est le fouta...

- Il m'avait demandé quand tu rentrais, le coupai-je. Je ne me suis pas foutue de toi. Comment tu peux penser ça après tout ce que je fais pour toi et pour ton bien ?, demandai-je.

Il détourna son regard et garda le silence. Je m'asseyais à ses côtés mais il se poussa, on aurait dit que j'avais la peste :

- Tu me hais à ce point ?

Idiote, idiote ! Pourquoi t'as posé cette question ?

Comme il ne me répondait pas je comprenais la réponse et je me relevais le coeur lourd. Il me tira soudainement par le bras pour m'empêcher de partir et me rapprocha de lui. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine à la vitesse de la lumière. Il rapprocha ses lèvres doucement et replaça une mèche qui était sortie de mon chignon, puis, il m'embrassa.


PARTIE 34 :

Ce fut lui qui coupa le baiser. Mais qu'est-ce qu'il fout ?! Il fallait qu'il l'éloigne de lui.

- Bouge d'ici.

Il lui avait dit ça froidement, comme si ce baiser signifiait rien pour lui. Ben ouais qu'il signifiait rien, manquait plus que grace à ce p'tit épisode il s'imagine que c'est la femme de sa vie qu'il veut des enfants avec elle et qu'il fonde un foyer. C'était pas son truc, les femmes il s'en sert et il les jette, même si pour l'instant il avait envie de rien.
Anissa s'était relevée, le visage peiné. Il s'en fout qu'il lui ai fait de la peine, elle est rien pour lui. Elle murmura un bref bonne nuit et s'était retournée prendre la porte. Il ne répondit pas à son bonne nuit et il ne la regardait pas quand elle marchait, cette fille était trop une sorcière et bien sûr qu'il la haïssait.

Il prit son téléphone car il vibra :

" Je suis sortie de l'hopital cet après-midi hamdoullah. Je viendrais voir Anissa quand Ahmed sors lui aussi ... Il parait qu'il peut retrouver la vu après une opération, mais elle coûte 10 000 e. Bref, je garde espoir, j'vais peut-être faire crédit je sais pas et si on est sur pied c'est grace à Anissa. Donne moi son numéro je l'ai perdu."

Ali referma ses yeux. Il ne savait plus quoi penser de tout ça.

" Hmdl, on trouvera l'argent tqt. J'te passe son num plus tard. T'es où ?"

" Dans l'appart à Aislinn. Sérieux passe son num c'est urgent faut que je l'appelle pour la remercier."

" Ah trql alors."

" ??!! "

" 06.**.**.**.**"

" ENFIN ! Merci !!!"

Il posa son téléphone et essaya de dormir. Après des dizaines de réfléxions et de changements de positions il réussi enfin à trouver le sommeil ...

**********

Pourquoi suis-je aussi bête ? J'étais pathétique à pleurer sur mon lit un homme comme lui. Il se moque de mes sentiments, je le savais ! Je savais que je n'avais pas le droit de tomber amoureuse de lui ! Il se joue de moi. Il pense que je suis un vulgaire objet avec lequel on s'amuse et on jette. Ce qu'une fille pouvait être bête quand elle était amoureuse !
Je pris un mouchoir et j'essuyais mes larmes. Je ne pleurais pas pour quelqu'un qui n'en valait pas la peine. A partir de maintenant, c'est fini.
Je pris un calmant pour ma migraine et je m'assoupissais déjà ... Demain sera un nouveau jour ...

***********

Mon téléphone me réveilla de mon sommeil et je me demandais qui pourrais me réveiller à une heure aussi tôt alors que j'ai dormi aussi tard.

- Oui allô ?

- Selem Anissa, c'est Nadia.

Je me suis levée d'un bond. Ca faisait un moment que je tenais à l'appeler mais je n'osais pas, appréhendant ce qu'elle me dirait ou ce que j'apprendrais du passé obscur et libertin de mon père. Le petit séjour à New-York m'avait bien remit les idées en place et élucider ce mystère faisait parti de mes premières résolutions.

- Si je t'appelle c'est pour te dire que Katya et moi on voudrait bien te voir, continua-t-elle. Je lui ai parlé et elle est d'accord, elle est même impatiente.

Impatiente de me voir ? Je ne pourrais pas les voir dans un lieu public car on me traquait depuis la fameuse rumeur, d'ailleurs, s'ils apprenaient que j'hébergeais chez moi " le banlieusard sans le sou" chez moi, on annoncera dès demain un mariage !

- Il n'y a pas de soucis, dis-je après réflexion. Je vous enverrai une voiture venir vous chercher et vous viendrez chez moi.

- Très bien ça marche alors ! Selem ayleykoum.

- ...

Elle rigola.

- On répond wa ayleykoum selem.

Gênée je lui répétais la phrase en bafouillant puis je raccrochais. Je m'étirais sur le lit et je sautais à terre. Comme j'avais dis " aujourd'hui serait un nouveau jour ..."

**********

- Tu peux me passer le lait ?

Anissa tendit la carafe de lait à Ali sans un regard. Elle ne le calculait pas depuis qu'il est entré à la salle à manger. Ils étaient que tous les deux car Anissa préféra qu'on envoie le petit-déjeuner de Tata Sacia jusqu'à sa chambre afin qu'elle ne fasse pas trop d'efforts, attention que la dame appréçia.
Le silence était pesant dans la pièce. Anissa termina sa tartine à la confiture et se releva quand Ali l'interpella :

- Oh il se passe quoi ? Ca fait vingt minutes et tu me parles pas !

Elle voulait lui jeter ses quatre vérités à la figure mais elle se retint. Le goujat ! Il ose demander ce qui se passe ! En effet, pour lui, ce baiser ne signifiait absolument rien !

- Il se passe rien du tout.
C'était tout ce qu'elle avait trouvé à dire. Elle tourna les talons et sorti quand elle entendait les bruits de béquilles au sol :

- Tu vas où ?

- J'ai un rendez-vous.

Il la retint par le bras et il ne comprenait même pas pourquoi il avait cédé à cette impulsion :

- Avec Saël ?

Anissa le regarda en relevant son sourcil :

- Oui.

Il relâcha son bras et son visage se ferma :

- J'veux rentrer chez moi.

- Pourquoi ? Tu ne supportes pas le fait que je sois avec un autre homme ?

- Mais n'importe quoi, vas-y va le voir ton zemel qu'est-ce que j'm'en fous.

Il allait monter les marches quand Anissa le ratrappa :

- Ah ouais ? Pourtant si je te connaissais pas je dirais que t'es jaloux.

- De qui ? De lui ?, il rigola d'un rire hypocrite. T'es pas sérieuse ? Si j'te kiffais peut-être mais c'est pas le cas. Bref, je rentre.

Elle savait maintenant qu'il aimait dire des choses blessantes, qu'il avait une carapace pour ne rien montrer de ce qu'il pensait réellement.

- Tant mieux alors, parce que je comptais inviter ta mère à mon mariage et peut-être toi aussi.
Elle jouait avec le feu, il n'était pas question de mariage avec Saël. Elle devenait gamine à vouloir le rendre jaloux mais on dit qu'il n'existe qu'un pas entre la jalousie et l'amour.
Le regard d'Ali lançait des éclairs :

- Elle viendra pas ma mère, te casse pas la tête et moi non plus.

- Bien sûr qu'elle viendra, elle m'apprécie contrairement à toi : elle !

- T'sais quoi tu m'as saoulé, j'vais préparer mes affaires et j'rentre chez moi.

Il monta les escaliers avec une souplesse incroyable. Anissa le regardait monter, dépitée. Elle ne savait plus quoi faire avec cet homme. S'il ne l'aimait pas alors elle ne le forcerai pas, et si elle l'aime pour l'instant, ses sentiments changeront avec le temps.

Chronique d'Anissa : mon kidnappeur et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant