Partie 31-32

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PARTIE 31 :

Je sirotais un thé glacé à la terrasse de l'appartement de Nema. Il ne faisait pas beau du tout mais prendre l'air ça ne pouvait que me faire du bien. Malgré les ragots qui circulaient à mon sujet j'étais bien déterminée à partir à l'autre bout du monde. Revoir Nema me fit le plus grand des biens mais j'ai été agréablement surprise de voir qu'elle avait un petit ventre rond et qu'elle était à présent mariée à un étudiant pakistanais qu'elle avait rencontré au Campus. Elle rayonnait de bonheur et il était un mari très attentionné à son égard. Tout cet amour me donnait les larmes aux yeux, car, même si Saël m'aimait, dans ma vie on ne peut pas dire que j'ai été vraiment comblée niveau affectif. Il me fallait une personne qui m'aimait d'un amour sincère et véritable.

Ma première réflexion de ma remise en question.

- Et avec ce que dit la presse, t'es quand même venue jusqu'à New-York ?

- Ce n'est pas des rumeurs grossières qui feront que je ne te visiterai pas. Et puis pourquoi ne m'as-tu pas écrit pour ton mariage et ta grossesse ?

Elle sourit et posa son verre sur la table.

- Parce que mon mariage était ... on va dire ... un mariage précipité. Mes parents, ont vu que Kamran n'était pas du tout de notre milieu alors ils ont pas tout de suite voulu nous donner leur bénédiction. Je n'avais plus le droit de le voir, c'était un véritable Enfer. Kamran avait pu m'envoyer un message en me disant qu'il refusait de se marier avec moi si il n'y avait pas de bénédiction de la part des deux familles. Il est musulman, et chez eux c'est important. Mais, petit à petit le problème s'est résolu et j'ai pu me marier avec lui grace à ses parents qui sont venus parler aux miens. On s'est marié, mais pas un truc grandiose, juste ce qu'il faut. Pas d'ami(e)s, pas d'orchidées, ni d'orchestre, tout était modeste et même si je regrette que tu ne sois pas venue, me marier dans la modestie eh bien ça m'a plu. Pour la grossesse je comptais venir en France avec Kamran pour une petite surprise mais bon ... Elle est gâchée.

- Eh bien, quelle histoire. Je suis contente pour toi. Sincèrement.

- Et toi alors, tu comptes dire à Ali que tu l'aimes quand ?

Sa question m'avait foudroyé. Elle avait lancé ça en me regardant du coin de l'oeil et avec espièglerie. Moi, aimer Ali ? Et depuis quand ? Depuis le premier jour où je l'ai vu ? Depuis qu'il m'a embrassé ? Ou depuis que nous nous sommes plus revu et que je me suis rendue compte qu'il me manquait terriblement ? Chose que je ne voulais pas admettre, par orgueil et fierté ...

Elle avait raison. Cet homme qu'importaient ses défauts, ses manières arrogantes, je l'aimais.

Deuxième réflexion.

Mais le problème était là : lui ne m'aimait pas. Il est pas du genre à tomber amoureux une deuxième fois d'une fille comme moi. Après tout, la lettre que j'avais lu rapidement en était la preuve concrète. Il s'agissait bien d'une fille de la haute société qui l'avait brisé et dont il était amoureux. Sinon, il n'aurait pas gardé la lettre dans sa voiture. Voilà ce que je redoutais, tomber amoureuse d'un homme qui me considère comme une riche sans cervelle ni coeur et trop imbue de ma personne. Une fille matérialiste qui lui briserai le coeur à la moindre occasion, alors que Dieu sait que je ne suis pas de ce genre.

*************

2 semaines plus tard.

C'était le trou noir. Il ne voyait plus rien. Pas de lumière, pas de sons, il n'y avait personne. Il était englouti dans les ténèbres. Ca lui apprendra de mener une vie sans raison et de suivre ses passions. Il commençait à regretter, son subconscient lui parlait mais il ne comprenait rien. Il ne voyait que cette obscurité auquel il y été plongé voilà plus de trois jours. Quand se réveillera-t-il ? Il se le demandait bien. Comment se faisait-il qu'il était là ? Un accident ... Il croit ... Une voiture qui venait à contre sens dans une route départementale. Elle avait allumé ses feux de routes, lui était au côté passager. Ahmed roulait vite pour ne pas rater le train qui devait le ramener Aislinn, Jena et lui dans le sud afin de se reposer tous ensemble. Ali ne voulait pas y aller, il n'en avait pas le coeur mais il souhaitait les accompagner. Aislinn faisait la tête et le menaçait de le quitter. Jena n'avait d'yeux que pour Ahmed avec qui elle devait s'unir d'ici la fin du mois. Et Ahmed, roulait vite ... vite ... vite ...

- Ali ?

Une voix. Il entendait une voix qui le sortait de ses flash-back !

- Il revient à lui ! Appelez un médecin !

La voix se faisait de plus en plus distincte. Il l'entendait mieux.

- Ali c'est moi ...

"Toi", pensait-il. Bien sûr qu'il reconnut cette voix. La voix de ses cauchemars ...

La lumière de la chambre d'hôpital l'aveugla et il cligna plusieurs fois des yeux afin de les ouvrir complétement. Il avait l'impression que sa mâchoire s'était déboitée, que son épaule n'était plus à sa place et que dans sa tête un marteau frappait fortement. Il devait être dans un état déplorable.

Il regarda sa mère qui avait les traits tirés par la fatigue, quand elle vit qu'il ouvrit les yeux elle sauta hors de son fauteuil :

- Hamdoullah t'es en vie ! Hamdoullah ... murmura-t-elle dans un sanglot.

Il serra sa main dans la sienne avec le peu de force qui lui restait et regarda Anissa qui s'était un peu retirée. Elle aussi avait des cernes et c'était la première fois qu'il la voyait dans cet état. Pas de maquillage, un large sweet-shirt et un jean délavé pour vêtements et un chignon en guise de coiffure. Pourquoi était-elle comme ça ?

La mère d'Ali essuya ses larmes et se tourna vers Anissa :

- C'est elle qui t'a ramené dans le meilleur hôpital.

Ali la regarda encore plus intensément. Il voulait lui sourire, mais il n'arrivait pas, il grimaça ce qui devait ressembler à un mince sourire mais elle ne comprenais pas, pensant qu'il avait mal. Anissa se raprocha de lui, incertaine. Timidement elle lui prit son autre main et de ses doigts fins et manucurés elle lui effleurait ses doigts. Il fronça les sourcils, peu habitué à ce genre d'effusions, mais il devait se l'avouer malgré lui que ce geste de tendresse ne lui était pas désagréable.

- Jena, Aislinn et Ahmed ils sont où ?, lui demanda-t-il après quelques minutes.

Chronique d'Anissa : mon kidnappeur et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant