PARTIE 16 :

J'errais dehors durant de longues heures. Le motel était isolé dans une forêt. Une route nationale était située un peu plus loin. Une route où pas un seul chat n'y passait. Je pleurais, j'avais froid, la nuit était là et je commençais à avoir peur quand j'entendais des hiboux hululer. Je tombais et me relevais rapidement. Si un psychopathe faisait main basse sur moi, c'était fichu pour ma sécurité. J'étais tellement désespérée que j'aurais préféré être dans ce maudit motel.

Je marchais le long de la route, pendant quelques minutes encore quand je vis un vieil homme fumer une cigarette en dehors de sa voiture.

- M...Monsieur, s'il vous plait aidez moi ...

Le vieil homme me regarda et me releva car j'ai faiblit en trébuchant à ses pieds:

- Hola ma jolie que se passe-t-il ?

- Aidez-moi ... S'il vous plait ...

- Monte dans ma voiture.

Il m'aida à monter à l'arrière, je tremblait de froid et je claquais des dents, alors il me plaça une veste qui sentait le cigare par dessus mes épaules. Sans m'en rendre compte je fermais les yeux et m'assoupissais. Il pouvait faire de moi ce qu'il voulait, j'étais vulnérable et je faisais confiance à un inconnu ... Aussi paradoxal que ça pouvait le paraître ...

********************

- Mademoiselle ? Eh oh !

Une voix me sorti de mes rêves, et j'émergeais petit à petit vers le conscient. Le vieil homme de toute à l'heure pencha sa tête vers moi une femme à ses côtés qui mâchait du chewing-gum vulgairement.

- Il est temps de nous dire au revoir. Je ne sais rien de toi, et je n'ai pas voulu t'amener à la police. Je préfère que tu règles tes problèmes seule parce que la police et moi tu vois ... Enfin bref, j'te présente Maria, elle va s'occuper de toi. C'est une personne digne de confiance.

Je me frottais les yeux et je sortis de la voiture. Le vent glacial me donna la chair de poule. J'étais heureuse de savoir que l'homme n'avait pas abusé de ma confiance. Mais à son regard bienveillant j'ai su toute suite que je n'avais pas à m'y faire et Dieu était avec moi. Il entendait mes prières et savait qu'à l'heure qu'il est j'étais la fille la plus perdue au monde. Je le remerçiais vivement et il hocha la tête rapidement pour me dire au revoir et "pas de quoi". Maria me tira par le bras et me dit d'un ton dur :

- Tu sais servir ?

- Pardon ?

Elle leva les yeux au ciel et soupira :

- J'ai demandé si tu savais servir ? Prendre des commandes et servir les boissons ? Jack m'a persuadé à t'héberger, mais j'peux pas le faire si tu m'aides pas. On a besoin d'un serveuse donc tu serviras.

- J...je n'ai jamais essayé ...

Elle me fixa et m'étudia du regard :

- Toi ma jolie, tu viens pas de notre classe. T'as l'air d'être une princesse. Enfin bref, assez discuté j'ai des clients à satisfaire et j'ai pas envie de connaître ta vie. Tant que t'es pas de la drogue ...
Elle arrêta de parler et me regarda suspicieusement :

- T'es pas d'la drogue hein ?

- Pardon ? Non bien sûr que non !, justifiai-je vivement.

- Ok. Bon suis moi.

Je la suivis jusqu'à l'intérieur de son bar, on dirait plutôt un pub. Il y avait de la musique country, des serveuses habillées outrageusement, avec des mini-juptes et des brassières. Elles rigolaient avec les serveurs et se dandinaient en marchant. Maria me monta dans dans l'étage supérieur et interpella une serveuse en même temps :

- Chloé, va lui donner des habits, nettoie-là, arrange la et ramène là dans 15 minutes chrono. On a du monde aujourd'hui.

Chloé acquiesca de la tête et me sourit. C'était une blonde, avec des U.V au taqué. Néanmoins elle paraissait sympathique. Nous montâmes et elle me ramena dans une chambre. Là bas je me suis nettoyée. Une fatigue m'harassait, mais les actions défilaient si vite que je n'avais même pas le temps de me raisonner. Je me laissais guider et je laissé me faire guider par mon instinct.

- Bon il faut que j'te dise : ne jamais toucher un client. S'ils te touchent t'as le droit de crier en rigolant mais pas de bagarre sinon Maria te vire. T'as pas le droit non plus de ne pas sourire, t'as pas le droit de parler personnellement aux clients. Tu dois faire ton travail, marcher sensuellement et sourire surtout.

- J...je ... Oui ...

- Ma pauvre tu dois être sur le choc, répliqua-t-elle en me maquillant. Tu me raconteras ça quand le travail est fini. On ferme à trois heure du matin !

Je ne pense pas que je tiendrais le coup mais j'hochais la tête en signe de consentement.

- Bon maintenant enfile les habits sur le lit et suis moi.

Je m'executais. On aurait dit une pom-pom girl avec cette jupe. Je me sentais nue, et les pervers qui rodaient dans ce bar ne m'inspiraient pas confiance. Mais vu les événements de la veille et ma situation je ne pouvais que faire ce qu'ils me demandaient. Je suivis Chloé et elle me donna toute suite un calpin et un stylo ainsi qu'une serviette. Je fis le service avec elle pour apprendre. Jusque là aucun homme ne me toucha ou n'avisa à m'accoster, il faut dire que mes regards en disaient longs et je n'arrivais pas à sourire. Certains sifflaient mais je n'y prêtais pas attention.

- Bien alors ça sera tout ?

- Ouais ma jolie, répondit le gros poilu de client.

Il me répugnait. Quand son regard se posa sur moi j'eu une grimace de dégoût qui n'échappa pas à Chloé. Elle me tira le bras et en souriant aux clients elle me chuchota :

- Toi tu vas te faire virer dès ta première nuit ! Courage c'est pas difficile de sourire, juste 4h00 et on fermera !

J'ai voulu faire un sourire mais ça ne fonctionnait pas. J'étais beaucoup trop fatiguée. Après maintes reprises, je réussis enfin et je fis mon service seule. Ce n'était pas bien difficile. Ce qui était difficile c'était de sourire à des obssédés qui me regardaient comme si j'étais un morceau de chocolat. On aurait dit qu'en esquissant un petit sourire ils allaient être encouragés. Enfin, je m'y ferais. Malgré ces habits échancrés et ce maquillage bas de gamme que je n'appréçiais pas, je n'avais pas le choix. Le temps de récolter un peu d'argent et de me reposer, je m'envolerai vers mon appartement !

**

2 jours plus tard : 4h00 du matin.

J'étais dans mon lit, j'étais fatiguée comme jamais. Le pub ouvrait à 16h00 pour fermer à 3h00 du matin. Je travaillais sans relâche avec Maria à mes pattes qui discutait tous mes faits et gestes. Je commençais à en avoir assez de son caractère de mégère. Chloé elle m'avait laissé tomber car selon elle j'avais branché son client "préféré" car il avait demandé à plusieurs reprises de se faire servir par moi alors que je ne l'avais jamais vu. Elle l'avait mal pris et elle retourna des filles contre moi. Je pleurais en silence dans cette étroite petite chambre. Le lit grinçait au moindre de mes mouvements. C'était un lit ancien, comme ceux de nos grands parents, tout en fer. Le matelas était dur et rugueux. La couverture me donnait démangeaisons. Bref, j'étais pas du tout à l'aise.

Je séchais mes larmes quand je me plongeais dans des souvenirs, et bizarrement, à chaque fois un visage me revenait. Celui de Ali. Je ne sais pas pourquoi, je devrais le haïr à l'heure qu'il est mais je pensais à lui. Je me demandais ce qu'il faisait, s'il serait affecté de ma fuite ou si au contraire il s'en moquait. Des pensées interdites que je refoulais immédiatement. Et pathétiquement, je pleurais de plus belle ...

Chronique d'Anissa : mon kidnappeur et moiحيث تعيش القصص. اكتشف الآن