PARTIE 4 :

2 jours sont passés et toujours les mêmes souffrances. Je ne mangeais même plus, je faisais des crises d'angoisse et je vivais toujours comme une chienne dans ce garage insalubre. Je sentais la crasse s'accumuler sur ma peau et jamais de ma vie je n'étais aussi sale qu'à ce moment. Je rêvais jour et nuit de rentrer dans cet appartement, même si je ne l'appréciait pas par son calme, je voulais retrouver mes repères, continuer ma vie avec Sahel avec mes amies, mon IEP chéri ... Même mon père me manquait !

Je ne sentais plus mon corps à cause du froid qui me broyait les os. Mes cheveux étaient dans un état déplorable et piteux. Je devais avoir les lèvres bleues car je tremblait de partout. J'étais couchée à même le sol, ma peau en contact direct à la saleté et aux insectes. Ma tête était tellement lourde à cause des pleurs que je n'arrivais même pas à me relever. J'étais pathétique ...

- Tu fais pitié Anissa wallah, me dit Ahmed comme pour confirmer ma pensée.

Ça faisait 2 jours que je ne l'avais pas vu et entendre sa voix sans savoir pourquoi me réconforta. Il me tendit sa main et me releva du sol. Lorsque j'ai posé mon regard sur lui je vis qu'il n'avait pas de cagoule. Au premier abord, j'étais choquée qu'il se dévoile, puis cela m'apaisa. Je ne sais pas pourquoi mais voir qu'il n'était pas cagoulé me donnait envie de lui faire confiance. Il avait le visage et les traits d'un maghrébin pur. Ses cheveux étaient frisés, son teint était mat et il avait une petite cicatrice à la joue. Ses yeux étaient enfoncés mais il gardait un certain charisme dans son regard, peut-être par ses sombres sourcils qui les mettaient en valeur. Il avait un regard calme et serein voire même doux ... Alors pourquoi était-il de mèche dans mon kidnapping ? Il n'avait pas la tête d'un méchant, mais alors pas du tout !

- Si Ali voyait ce que je fais il me tuerai.

Je passais mes mains autour de moi pour me réchauffer du froid. Alors le fou s'appelait Ali ...

- A...Alors pourquoi le fais-tu ?

Il rigola.

- C'est chelou d'entendre une meuf parler comme toi.

- Pardon ?

Il rigola encore plus fort et son rire résonna dans toute la pièce, puis il s'arrêta net en regardant par la porte.

- J'suis fou de rigoler comme ça. Suis moi.

Je ne posais pas de question et je l'ai suivi. Il m'emmena vers un long couloir qui faisait froid dans le dos. J'essayais de ne pas faire de bruits avec mes talons mais en vain, ça faisait un bruit assourdissant.

- Oh enlève les !

- Je ne vais tout de même pas marcher pieds nus !

Il se retourna et s'énerva :

- Ben si écoute t'es pas en position de faire des "tmeniks" quand même !

Il m'avait dit ça avec froideur et les larmes commençaient à monter. Comment pouvait-on être aussi méchant ?

- Désolé ... J'voulais pas ! Marche avec si tu veux wallah ...

Il me prit dans ses bras pour me réconforter. Je crois que j'étais très vulnérable à ce moment de ma vie. N'importe quoi pouvait me rendre encore plus triste que je ne l'étais et j'avais besoin de réconfort, comme celui que me donnait Ahmed ... Il me frottait mon dos de sa peau de la main et ça me fit un bien fou car rapidement je passais du statut triste à moins triste. On ne pouvait pas dire joyeuse car je ne l'étais pas.

Nous marchâmes quelques pas et il me fit rentrer dans une autre pièce. Lorsque je la vis ma première réaction était que ça sentait bon. J'ai l'odorat très fin et sentir une bonne odeur dans cette petite pièce me raviva. Elle avait un miroir, un lavabo, un sofa avec une couverture et des vêtements féminins s'entassaient dans une commode. Ça m'intriguait. Qui pouvait vivre ici ? Et quelle femme pouvait vivre ici ?

- C'est là que dort Jena.

Je me suis retournée vers lui.

- Qui est Jena ?

- Euh ... Une fille ..., répondit-il en tripotant sa veste. Il était gêné et je me faisais déjà l'image de cette fille.

- Ah ... Et pourquoi me ramener ici ?

- Lave toi, sous le lavabo t'as des trucs de meufs. Et si tu veux prendre des habits, ben sers toi.

Il était hors de question que je mette des habits d'une autre personne !

- Jamais !

Il me poussa vers le lavabo et me dit fermement :

- Fais ce que je te dis. J't'attends à l'entrée et fais vite !

Il sorti et me laissa seule. Je me regardais dans le miroir. J'étais dans un état déplorable on aurait dit une folle sortie d'un asile psychiatrique. Je ne supportai pas l'image que me reflétait le miroir et machinalement je pris du savon que je frottai sur mon visage. Je m’aspergeais d'eau et l'eau devint noir à cause de la crasse sur mon visage. Je cherchais dans les produits un shampooing, même si j'étais habitué à mon Dessange, c'était pas ce que je trouverais ici, alors je pris un shampooing qui me passait sous la main et j'en mis sur mes cheveux après les avoir humidifiés. Je passais le savon sous mes aisselles, sur mon cou, derrière mes oreilles et certaines autres parties de mon corps puis je me jetai de l'eau.

Quelques minutes plus tard, me sentais plus propre et plus fraîche et je remerciais intérieurement Ahmed de son geste. Je me regardais au miroir et je vis que j'avais retrouvé mes couleurs. Je me pinçais les joues en guise de fard à joue. Contente du résultat, je rejoins Ahmed.
Bizarrement il n'était plus là. Je commençais à paniquer. Il est où ? Pourquoi il m'a laissé seule ?

Je regardais à ma gauche, quand une poigne de fer m'agrippa le bras. Je me retourne, et je vis "Ali" en compagnie d'une fille ...

Chronique d'Anissa : mon kidnappeur et moiWhere stories live. Discover now