ÉPISODE VI : LE RETOUR DU FOOTSHOT

Alex Nübel

Un détour

Alex veut jouer, il est gardien de but alors se faire une place est vraiment compliqué, et encore moins au Bayern. Evidemment, dépasser Manuel Neuer dès sa première année aurait été bizarre, mais il s'attendait à plus de matches, comme on lui avait promis. C'est pour ça qu'il se retrouve loin de Munich, en fait, ce n'est pas si loin, mais Monaco n'est pas la Bavière, ce n'est pas en Allemagne, et il ne connaît pas du tout la région. Et il ne peut pas profiter de la Principauté pour le moment, il est arrivé, il a passé sa visite médicale, il a signé, fait des photos, dit quelques mots à la caméra, et a discuté quelques minutes avec ses nouveaux supérieurs. Alex n'a aucune idée de ce qu'il va se passer pendant la saison, il ne connaît pas bien la Lige 1, et il n'a pas envie d'échouer et de passer une autre saison sur le banc, ça le dérangerait vraiment, même s'il sait que le Bayern pourrait le ramener la prochaine saison grâce à la clause.

Il n'a pas eu le temps de faire un seul entraînement avec sa nouvelle équipe, qu'il se retrouve déjà à devoir prendre l'avion pour aller en Autriche, faire un stage avec des matches amicaux à jouer. Alex n'a aucune idée de ce qu'il va se passer pour lui pendant ces quelques jours, il ne connaît pas du tout ses nouveaux coéquipiers, et ils ne le connaissent sûrement pas du tout. En fait, il connaît bien quelques noms, mais ce n'est pas pour autant qu'il osera vraiment aller voir et parler à Cesc Fabregas. C'est vraiment particulier de suivre tout ce groupe et d'essayer de gratter quelques mots avec certains, mais Alex n'a pas le choix et il doit essayer de s'intégrer.

Alex relève parfois les yeux du bitume du tarmac et des pieds de ses coéquipiers quand des mains tapotent ses épaules. Il est le nouveau du groupe, c'est normal qu'il passe par ce petit bizutage, ça va, ce n'est pas trop dégradant, et ça lui permet de s'habituer à quelques visages, à quelques noms, à quelques poignées de mains trop fermes. Il y a beaucoup de jeunes dans cette équipe, il pourrait même se considérer comme l'un des plus âgés quand il regarde le groupe de Youssouf (s'il se souvient bien de son nom, c'est vrai qu'il parle fort mais Alex a arrêté d'essayer de tout comprendre après quelques minutes). Tout ça lui change du Bayern, il n'aura pas l'impression d'être le gardien en couche-culotte comme il est par rapport à Manuel. Peu importe, il est là pour arrêter des ballons, pas pour comparer son âge avec tout le monde.

Alex se sent presque pris au piège dans l'avion, connaître peu de gens l'incite à rester dans son coin, à regarder les nuages et écouter de la musique, alors qu'il sait très bien que tout le monde s'amuse autour de lui. C'est vraiment dommage que Kevin Volland soit encore à l'Euro, il aurait aimé pouvoir parler allemand avec quelqu'un d'autre que le coach. Il n'a pas de problème avec lui, ils se connaissent à peine (même si étrangement il dirait que Niko le connaît mieux qu'il ne le pense), mais il a l'impression de voir une mère canard guidant ses cannetons vu tous les jeunes de l'équipe.

Il ne devrait sûrement pas penser à ça. Alex se le répète en soupirant, tout va bien se passer, il va jouer, et il va prouver sa valeur. Il éteint sa musique après une demi-heure de vol pour aller s'asseoir avec ceux qui jouent aux cartes, parler anglais ne le dérange pas, alors il peut bien faire un effort dès son premier jour, ça arrangera les choses et allègera les prochaines journées. Alex n'a aucune raison de s'inquiéter, malgré les petites tapes quand il regarde par-dessus les jeux des autres pour avoir plus d'informations, il a la gagne et il souhaite vraiment réussir ici.

Fin