34- redescend de ton nuage

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Sentant la voiture ralentir, je regarde à travers la vitre. J'étais tellement perdue dans mes esprits, que je n'ai pas remarquée que nous étions déjà arrivés. Amed vient m'ouvrir la porte, je sors de la voiture l'estomac noué et la gorge sèche. Maintenant, il faut que j'arrive à le convaincre de me laisser seule et ça ne sera pas tâche aisée. J'esquisse un sourire pour paraître détendue.

- Vous n'avez pas besoin de rester.

- Son Altesse m'a demandé de veiller sur vous princesse.

- Mais, ce n'est pas la peine. Que voulez vous qu'il puisse m'arriver ici ? Puis, je ne serai pas toute seule. Insiste-je, gênée par la manière dont il m'a appelée.

- Princesse, je ne peux ...

- S'il vous plaît Amed ! Le coupé-je.

- Bien, je reviendrai vous chercher à 18h. Abdique-t-il.

- Merci beaucoup.

Il me salut d'un geste de la tête et remonte dans la voiture. Je fais mine de me retourner vers la maison de mon ami et appui sur la sonnerie. Je sais qu'il ne répondra pas, mais mon cœur se gonfle d'un espoir insensé. J'entends Amed démarrer la voiture et s'en aller, je laisse quelques minutes passer avant de me retourner et arrêter un taxi. Je sors de mon sac la lettre que j'ai reçue, pour la relire une seconde fois.

« Salut ma petite danseuse préférée, j'espère que tu as bien profité de ton petit séjour au palais. Car, il l'est temps maintenant de rentrer à la maison. Je te conseille de ne pas faire de vagues et de suivre à la lettre les consignes, sinon ton cher ami Raph en paiera les conséquences. Et si tu informe le prince ou qui que ce soit d'autre, ils le paieront de leurs vies. Alors débrouille toi pour être présente à l'hôtel Fatos à 10h tapante et sans escorte bien-sûr.

J'ai vraiment hâte de te revoir.

Ton mari, Nash. »

Je déglutis en la relisant. Je refuse qu'il arrive quoique ce soit à quelqu'un par ma faute, Nash n'est pas du genre à faire des promesses en l'air. J'espère que Amed n'aura pas trop de problème par ma faute avec le prince, lorsqu'ils se rendront compte de ma disparition. Mon cœur rate un battement et se remet à battre rapidement lorsque l'image du prince m'apparaît, il y a une pancarte qui affiche sa photo. Son corps imposant est enfermé dans un costume noir, sa chevelure est plaquée en arrière et son regard sombre laisse planer un air mystérieux sur son visage aux traits autoritaire.

J'ai même l'impression d'entendre encore sa voix résonner dans ma tête. Je me demande s'il va ressentir mon absence, une chose est certaine, il va vraiment être dans une colère noire. Mais, je ne peux plus faire machine arrière, c'est déjà trop tard.

- Nous sommes arrivés mademoiselle. M'interpelle le taximètre.

- Oh merci. Tenez, garder la monnaie. Dis-je, en descendant.

Heureusement que Raph m'a rapporté quelques affaires, sinon je n'aurais pas eu les moyens de m'en aller. J'observe le bâtiment en face de moi, l'hôtel où Nash m'a donné RDV. Je serre nerveusement la lanière de mon sac bandoulière. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression que ce n'est plus du tout une bonne idée. J'aurais peut-être dû en parler au prince, après tout il est le futur roi. Mon Dieu que suis-je entrain de faire ? Qu'est-ce que je crois au juste ?

Nash ne laissera jamais Raph s'en aller ainsi, il ne prendrait pas le risque de perdre le seul moyen de pression qu'il possède. Je me rends compte, que je suis bien naïve d'avoir cru que pour une fois, il tiendra parole. Je m'apprête à opérer un demi-tour pour retourner au palais, avant de commettre une folie. Mais, une personne m'attrape brusquement le bras, je cligne  des yeux en reconnaissant Salma. Je la dévisage incrédule, même si ça paraît évident qu'elle est de mèche avec Nash.

- Vous ?

- Quoi ? Ne soit pas si étonnée. Redescend de ton nuage cendrillon, il est temps de retourner là où est véritablement ta place. Car, tu n'as pas l'étoffe nécessaire pour être la future reine de ce pays. Ne t'en fais surtout pas, je saurais être présente pour Amir, lorsqu'il apprendra que tu t'es enfuie pour rejoindre ton traître de mari.

Je la fixe, les yeux grands ouverts, la gorge serrée, c'est donc ainsi qu'ils maquilleront mon départ. Ma vue devient floue, mes larmes menacent de couler. Hors de question de leurs offrir ce plaisir, je me redresse et soutien son regard. D'un mouvement d'épaule, je dégage mon bras de sa prise.

- Le prince n'est pas un patin que vous pouvez manipuler à votre guise. Lui répliqué-je.

- Tu n'imagine même pas ce dont je suis capable, pour obtenir ce que je convoite.

- J'en ai déjà ma petite idée. Dis-je, avec amertume.

- Ça suffit ! Ton époux t'attend avec impatience. Dit-elle, avec un grand sourire.

La danseuse voilée Where stories live. Discover now