La danseuse voilée

20- contrat

Une fois le déjeuner fini, je m'apprête à prendre congé. Mais, le prince m'arrête, puis se dirige vers la bibliothèque de sa chambre. En parlant de ça, elle est deux fois plus grande que la mienne. De couleur beige, elle possède un grand lit baldaquin, entouré de voile blanc transparent, dont on y accède par un escalier de quatre marches. Elle est plutôt simple, avec quelques tapis brodés au mur et au sol. Il y a une baie vitrée donnant sur l'entendue du désert. Une autre porte débouche sur la salle de bain, je suppose.

Mes joues virent au rouge, lorsque l'image de son torse nu me revient, il est bien bâti faut l'avouer. Je reconnais, n'avoir pas vraiment réfléchi, quand j'ai demandé à l'une des servantes de me laisser porter le plateau du prince. Sur l'instant, je voulais juste savoir comment il allait, je ne l'avais pas vue pendant une semaine. Excepté le jour de son retour où j'ai perdue connaissance, en restant trop longtemps au soleil sans m'être couverte au minimum.

Il revient, d'une démarche volontairement lente, tel un prédateur s'apprêtant à fondre sur sa proie. Je déglutis et baisse les yeux. Il s'arrête derrière mon siège, me frôlant l'épaule au passage, il pose un dossier devant moi. Je cesse de respirer, quand il pose ses mains sur les accoudoirs de mon siège et se baisse jusqu'à mon oreille, son parfum me harpe aussitôt les narines. Son souffle tiède me caresse l'épaule, me provoquant des frissons. Ma température monte d'un cran et ce n'est pas à dû au soleil.

- Je souhaite que tu signes ça.

- Qu'est-ce que c'est ? Demande-je, d'une petite voix, à peine audible.

- Un contrat.

- Un con ... Contrat ? M'étonne-je.

- Exact, prends-le et lorsque tu auras prise connaissance de ce qu'il contient, signe-le. Tu me le remettras ce soir au dîner.

Il se relève et tire sur ma chaise, mettant ainsi fin à la discussion. Je me lève, en emportant le document avec moi, un noeud se forme dans mon ventre. Pourquoi un contrat ? Perdue dans mes pensées, mes jambes me mènent inconsciemment devant la bibliothèque. Je m'installe dans l'un des sièges à côté de la fenêtre, le dossier sur la table. Je l'observe un moment avant de me décider à l'ouvrir. Mes yeux s'écarquillèrent, lorsque je lue la première ligne et mon cerveau bloqua. Comment ça un contrat matrimonial ?

Piquée par la curiosité, mes yeux parcourent la première feuille jusqu'au bout, un sentiment d'impuissance s'empare de moi au fur à mesure. Je ne comprends pas, pourquoi veut-il que je l'épouse ? Puis, même si ça me coûte de le dire, j'ai déjà un époux. Que dois-je faire au juste ? Si, je lui avoue la vérité, il m'accusera de trahison à la couronne et c'est sûr que je passerai le reste de ma vie en prison, sinon pire et Raph n'aura plus aucune chance de s'en sortir sain et sauf.

D'un autre côté, si je signe au risque de passer pour une femme vénale lorsque tout se saura, Raph aura la vie sauve et sera déjà loin d'ici, en sécurité. Même si, pour moi le résultat restera le même. J'ai été toujours été l'esclave du destin, ainsi que des hommes. D'abord Nash et maintenant l'héritier. L'un se souci de sa famille, de son peuple et serait capable de tout pour les protéger, tandis que l'autre est imbu de lui-même et ne pense qu'à assouvir ses désirs, sans penser aux autres. Je ferme brusquement le dossier, incapable de continuer.

Mais résolu à sauver la vie de mon meilleur ami. J'attrape un stylo dans la corbeille, au centre de la table et signe le contrat, les larmes aux coins des yeux, avec le sentiment désagréable de m'enliser dans un puit sans fond. Le seul espoir qu'il me reste est le fait que le prince se lassera tôt au tard de moi. Alors là, je serais enfin libre de m'en aller de ce pays, qui ne m'a apportée que malheurs.