La danseuse voilée

12- tête à tête

Cela fait trois jours, que je vis dans cette cage dorée. Refusant de sortir de la chambre, je passe toutes mes journées et mes nuits enfermée. On me sert le repas directement dans la chambre, mais je n'arrive pas à manger correctement, l'estomac noué par l'angoisse de ne pas savoir ce que me réserve l'avenir. Depuis ma sortie de prison, je n'ai pas revue le prince. Aïcha, la dame qui m'a sortie de la cellule, viens chaque jour s'occuper de ma toilette.

Elle est attachante et semble vouer une grande tendresse et une loyauté sans faille à la famille royale. C'est la seule personne avec qui j'ai un contact, j'ignore toujours ce qui est advenu de Raph et cela me tue.

Est-il en vie ? Est-ce qu'il va bien ? L'ont-ils torturé ? Est-il libre ?

Étendue sur le ventre dans le lit, la tête posée sur mes bras, je regarde par la fenêtre. En d'autres circonstances, j'aurais pris la peine de m'émerveiller devant la superbe vue océanique qu'offre cette magnifique chambre. Je n'avais jamais rien vue d'aussi beau, de couleur beige, la chambre possède un grand lit baldaquin, entouré de fin voile blanc. Une grande penderie remplie de vêtements de toute sorte et étrangement tous me siéent parfaitement.

Il y a un petit salon sur le balcon et une salle de bain magnifique. Je me sens si décalée au milieu de tant de beauté. La porte de la chambre s'ouvre dans mon dos, je ferme aussitôt les yeux, feignant de dormir. J'entends les roulettes d'un charriot qui s'arrête sur la terrasse du balcon. Puis entends des pas se rapprocher du lit, des frissons me parcours le corps, lorsque je sens le lit s'affaisser. J'ouvre les yeux et tombe directement dans ceux du prince, mon cur rate un battement, avant de se remettre à battre follement.

Mes joues s'enflamment aussitôt, il est penché sur moi, les mains enfoncées dans le lit de chaque côté de ma tête, me faisant ainsi prisonnière. Son visage n'exprime rien, il se contente juste de me regarder, baladant ses yeux sur chaque centimètre de mon visage à la recherche de je ne sais quoi. Peinant à supporter son regard sombre et intense, je baisse les yeux, intimidée.

Qu'est-ce qu'il me veut ? À t-il appris pour Nash ? Vais-je mourir aujourd'hui ?

- Je me suis laissé dire que vous ne mangez pas vos repas. Dit-il, dune voix étrangement profonde.

- C'est faux ! M'écrire je, sans réfléchir, plantant mon regard affolé dans le sien.

- Vraiment ? Sourire t-il. C'est que vous ne mangez pas assez alors.

- Si. En fait, non ... je ... C'est que ... Bredouille-je, paniquée.

- Ils ne vous plaisent donc pas ? S'enquit-il, en se relevant.

- Bien-sûr que si. Réplique-je, précipitamment en me relevant pour m'assoir.

- Alors, c'est quoi le souci ?

Tête baissée, je  tortille mes doigts, sans répondre. De toute les manières devant lui mes mots m'abandonnent, les yeux posés sur le sol, je vois ses mocassins noirs avancer de nouveau vers moi. Avant que je ne puisse reculer, il se saisir de mon coude, usant de sa force, il tire sur mon bras pour me mettre debout. Je me retrouve projeter contre son torse, fermement maintenue par l'un de ses bras autour de ma taille. Mes paumes se posent sur son torse, que je sens ferme et chaud à travers le tissu de sa chemise. Je rougis une nouvelle fois.

Étant donné qu'il me dépasse de taille, je rejette ma tête en arrière pour plonger mon regard surpris et craintif dans ses yeux d'ordinaire sombre, qui brillent d'une étrange lueur à cet instant. Une chaleur se propage dans tout mon être et me faire frissonner. Un sourire en coin étire ses lèvres et une lueur de malice traverse ses yeux, m'informant qu'il est entièrement conscient de l'effet qu'il a sur moi. Je baisse aussitôt la tête, honteuse.

D'une main, il me relève la tête en saisissant mon menton fermement, mes yeux replongent dans les siens. Sa main se pose délicatement sur l'une de mes joues.

- Vous allez manger tout ce qui se trouve sur ce charriot. Où c'est moi qui me chargerais de vous nourrir personnellement. M'ordonne-t-il, avant de me lâcher.

Incapable d'émettre le moindre son, j'hoche juste la tête. Il me guide vers le balcon et me tire la chaise. Je me mets à manger sans un mot sous son attention. Intimidée et mal à l'aise par ce tête à tête improvisé, j'évite de le regarder au maximum.