33- une dernière fois

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J'hoche juste la tête à la suite de sa réponse, les joues rouges et fais mine de me concentrer sur mon assiette. Le bruit que fait sa chaise en raclant le sol lorsqu'il se lève, me pousse à relever la tête. Il se penche vers moi et me donne un baiser sur le front, son parfum me chatouille le nez. Je rougis aussitôt, gênée par ce geste si intime.

- Fini ton assiette habibti. Je serai dans mon bureau, si tu as besoin de quoi que ce soit.

J'acquiesce sans un mot et le suis du regard, jusqu'à ce qu'il quitte la pièce. Sa manière de prononcer ce mot qui m'est inconnu, « habibti », me fais penser que cela doit être un mot doux. Lorsque je verrais Aïcha, je penserais à lui en demander la signification. Une fois fini de manger, je me rends à la bibliothèque pour emprunter un livre. Cependant, je tombe sur un dictionnaire, j'entreprends alors de chercher la signification de ce mot qu'il prononce si souvent. Mon visage vire au cramoisi, lorsque je lis la signification. « Chérie », c'est ce que cela signifie, mon cur s'emballe.

La main tremblante, je redépose le dictionnaire. C'est assez perturbant cette façon qu'il a de se comporter avec moi, malgré le faite qu'il sache la vérité. J'ai beau retourner l'histoire dans tout les sens, je ne comprends pas sa réaction. En m'asseyant dans l'un des sièges avec un roman en main, je remarque une enveloppe blanche posée sur la table.

Mon nom y est inscrit dessus en noir, cela vient sans doute du prince. La curiosité me pousse à l'ouvrir, mes mains deviennent moites au fur à mesure de ma lecture. Une larme roule sur ma joue, puis une autre, je me lève en tremblant et sors en trombe de la bibliothèque en essuyant désespérément mes larmes. Tout en parcourant les couloirs, je m'efforce à ne rien laisser paraître, personne ne doit se douter de quelque chose. La vie de mon ami dépend de moi et je suis prête à tous les sacrifices.

Une fois devant la lourde porte en marbre du bureau du prince, j'inspire pour calmer mes tremblements. Il faut que je paraisse normal, sinon il risque de deviner ce que je m'apprête à faire. C'est risqué, mais je n'arrive pas à réfléchir correctement, tellement l'angoisse me noue l'estomac. Je frappe à la porte et attends d'avoir l'approbation d'entrer. Chose qui ne tarde pas à venir, mais je sursaute malgré moi, face à son ton autoritaire.

Je sais que c'est la bonne chose de faire, nous n'étions pas faits pour être ensemble de toute façon. Ce n'était qu'un contrat entre nous. J'ouvre timidement la porte et entre, il se lève aussitôt de son bureau pour me rejoindre avec un air inquiet. Étrangement, mon cur se serre en me disant que c'est la dernière fois que je le verrais de si près. Alors, je prends le temps de le détailler, ses cheveux bruns qui lui arrivent jusqu'à sous la nuque.

Ses yeux sombres brillant dangereusement, son odeur musquée, sa voix rauque et autoritaire, sa carrure imposante de guerrier. Comment est-ce possible que malgré la peur qu'il m'inspire, je me sens tout de même en sécurité près de lui ?

- J'aimerais aller rendre visite à Raph en ville, s'il vous plaît.

- N'était-il pas ici hier ? Demande t-il.

- Si. Mais, j'aimerais beaucoup faire un tour dehors. Je commence à m'ennuyer un peu ici. Mentis-je.

- Je serais tenté d'être jaloux, si j'ignorais l'attirance qu'il y a entre lui et Amed.

Je déglutis. Il m'observe un moment en silence, semblant peser le pour et le contre avant de se décider. Je m'efforce à soutenir son regard, de peur qu'il découvre mon mensonge. Étrangement, je me surprends à espérer qu'il découvre ce que je m'apprête à faire et m'en n'empêcher. Mais, mon espoir s'envole lorsqu'il prend la parole.

- Okay, mais à la condition qu'un de mes hommes t'accompagne.

- Ce ... Ce nest pas obligé vous savez. Où voulez vous que j'aille de toute façon ? Tenté-je, de l'en dissuader.

- Ce n'est pas négociable. Amed t'accompagnera. Rétorque-t-il.

- Bien. Abdiqué-je. Merci vôtre Altesse. Dis-je, en plongeant dans une révérence avant de m'éclipser le coeur lourd.

Luttant contre les larmes, je vais en cuisine pour faire mes adieux à Aïcha. Malheureusement, je ne la trouve pas, mais j'y croise Amed, qui visiblement était à ma recherche.

- Vous êtes prête ? Me demande t-il.

- Oui. Mais, où est vôtre mère ?

- Sortie faire des courses. Réponds t-il. Pouvons-nous y aller ?

J'hoche la tête et le suis à l'extérieur du château. Avant de monter en voiture, je relève la tête vers la bâtisse pour la regarder une dernière fois. Puis me décide à monter, Amed referme ma portière et monte à son tour derrière le volant. La voiture quitte le domaine, je regarde en arrière avec un pincement au cur, tandis que les grilles se referme. Je n'ai même pas pu dire au revoir à Aïcha, ni à Soraya et encore moins au Sultan. Ce n'était pas ma place, j'essaie de m'en convaincre.

C'est mieux ainsi, pour tout le monde.

La danseuse voilée Where stories live. Discover now