Chapitre 12

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-- Pourquoi arbores-tu donc cette expression ? me demanda Alexandro avec indifférence.

  Je restai silencieux. Mon regard ne pouvait se décrocher de ces mains meurtrières. Elles avaient pris tant de vies, innocentes pour certaines qui plus est. Ces mêmes mains qui caressaient tendrement ma peau, qui me tenaient fermement pendant mon sommeil, qui passaient dans mes cheveux autrefois.

  En me souvenant de mes amis, leur sourire, leur joie, leur sérénité, ma peine se transforma peu à peu en colère. Cette colère désespérée qui avait été refoulée depuis trop longtemps. Contre lui, contre moi-même aussi, contre mon impuissance, ma faiblesse. Les battements de mon cœur s'accélérèrent, mes yeux remontèrent jusqu'aux siens.

-- Pourquoi avez-vous fait cela ? demandai-je la voix tremblante d'agitation.

  Il ne me répondit pas, se contentant de soupirer en passant un rapide regard sur son fils aîné.

-- J'imagine qu'Audric n'a pas su tenir sa langue, déclara-t-il, la voix pleine de reproche.

-- Il voulait savoir père, répondit-il avec impassibilité.

  Les yeux d'Alexandro retombèrent sur moi.

-- J'imagine qu'il t'a tout expliqué. N'en parlons plus, finis ton assiette et va te reposer, éluda-t-il en reportant son regard sur son plat.

  Je me levai brusquement, attirant l'attention sur moi, sauf celle du concerné.

-- Non, m'exclamai-je avec fermeté ! Vous n'aviez pas le droit de faire cela ! Elles n'y étaient pour rien dans ma décision, protestai-je, la colère ayant prit le dessus dans ma voix.

-- Je t'ai dit de finir ton assiette et d'aller dormir, répéta-t-il calmement, le regard rivé sur son plat.

  Je frappai la table de mes paumes, il releva son regard vers moi, ses yeux insensibles plongèrent dans les miens furibonds.

-- Je veux que vous me répondiez !

-- Il y a une différence entre ce que tu veux et ce que tu auras, sa voix menaçante ne me refroidit pas.

  Une tension monta dans l'air, nos regards s'affrontaient. Sous l'indifférence des autres alphas de la pièce qui nous observaient distraitement.

-- Je n'ai pas envie de parler de cela ce soir, maintenant obéis bien sagement Naël.

  Ma colère se décupla. Il attendit que je me rasseye pour me lâcher du regard, mais je ne le fis pas. La colère m'aveuglant, je me transformai en loup. J'échappai de justesse au meurtrier puis courus le plus rapidement possible en direction de l'aile de ses Omégas.

-- Naël, arrête cela tout de suite, me prévint-il dangereusement.

  Je l'entendis se lever, mais je n'y fis pas attention. Je voulais les voir de mes propres yeux.

-- Ne nous faîtes pas de mal s'il vous plait, s'exclama l'un de mes amis, la voix horrifiée.

  Je venais tout juste d'ouvrir les portes de la salle commune. Je pouvais sentir leur terreur alors qu'ils étaient à l'opposé de moi, tremblants, serrés les uns contre les autres, suppliant pour leur vie. Ils couinèrent même. Mes yeux atterrés les observèrent silencieusement. Ils ne me reconnaissaient pas, ils ne me regardaient pas. J'étais figé.

  Bien vite, des mains se posèrent sur moi. Une voix sombre me murmura à l'oreille:

-- Tu vas maintenant aller te reposer dans ta chambre si tu ne veux pas que je leur fasse du mal.

L'ange blanc - NaëlWhere stories live. Discover now