Chapitre 4

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-- Merci mon grand ! Mais tu sais, tu peux prendre du temps pour toi au lieu de toujours nous aider, me rappela ma mère dans un sourire.

-- J'y tiens maman.

  Le temps avait repris son cours. J'avais à présent passé seize années dans cette vie. Cette notion abstraite pourtant si précieuse me filait entre les doigts.

  La politique de ce pays n'avait toujours pas changé durant les treize dernières années. Les mêmes alphas dirigeaient et dominaient mon peuple, ils exerçaient, par leurs décisions, la peur. Ils avaient asservi les miens.

  Suite à ma première transformation, leur vision de moi avait changé. Leurs regards, leurs gestes mais aussi leurs paroles étaient plus réfléchis.

  Mon esprit quant à lui était toujours aussi embrouillé. Je n'avais pas trouvé de plan réalisable. Pourtant, mes pensées étaient tournées vers eux, mes amis souffrant.

  Heureusement, mes parents m'avaient autorisé à les aider avec les plantations de pommes de terre. Je n'avais pas hésité à me salir les mains, trop heureux de m'aérer et l'esprit et le corps. J'avais disposé, toute mon ancienne vie, de personnes qui avaient facilitées mon quotidien. Alors, cela avait été nouveau pour moi. De plus, ma mère m'avait appris à cuisiner. Nous ne roulions pas sur l'or, notre vie était bien remplie, mais nous étions heureux tous les trois. Je n'étais pourtant pas toujours réquisitionné pour les patates, j'avais appris à m'occuper des bêtes aussi. C'était plaisant, de retrouver ainsi le soleil et de vivre une vie simple, sans grande responsabilité. Bien que je devais couvrir mes cheveux d'une fine étoffe. Ainsi, je ne pouvais pas sentir sa chaleur flatter mon visage. Il couvrait pourtant le reste de mon corps découvert. Mes yeux quant à eux ne pouvaient être dissimulés. Nous avions de la chance, le peu d'habitants qui vivaient ici, et pour ceux qui m'avaient déjà aperçu, n'avaient pas semblé dérangés. Notre secret avait été conservé.

  Le droit à l'éducation m'ayant été retiré, j'avais été gardé loin des enfants de mon âge, me permettant de me préserver un peu plus. Une loi avait interdit aux omégas de s'instruire, jugeant cela peu utile. C'était ridicule, nous avions tous le droit d'apprendre sans que notre ordre n'y vienne jouer un rôle. Je ne pouvais malheureusement plus rien y faire. Alors j'étais resté docile, attendant l'opportunité adéquat. Il ne s'était pourtant pas encore présenté, malheureusement.

  Nous n'avions pas les moyens de nous procurer des livres. Je n'avais donc pas pu étancher ma soif infinie de connaissance. Mes parents en avaient été gênés, je les avais rassurés.

  Un soupire fendeur d'âme traversa mes lèvres entrouvertes. Ma mère, à quelques mètres, les mains terreuses, gloussa. Bien que mon esprit s'était évadé, mon corps avait continué le travail, celui avec des gestes mécaniques que j'avais répétés des heures durant.

-- A quoi peux-tu bien penser pour soupirer ainsi ? m'interrogea-t-elle curieuse.

-- Eh bien, commençais-je indécis, à nos souvenirs tous les trois.

  Ce n'était qu'en partie faux. Ils avaient veillé à ma santé et à une partie de mon éducation, réactualisant au passage mon savoir. Il m'était donc paru normal de les aider à mon tour avec les terres et les bêtes. La main d'œuvre manquait régulièrement de plus, alors il n'avait pas été si difficile de les convaincre, quelques précautions seulement avaient suffi.

  Un souffle erratique me parvint, je me redressai, des pas rapides, quelqu'un arriva vers nous.

-- Hanae ! Aloys ! Anzo a des problèmes ! s'exclama l'un des collaborateur et ami de mon père.

L'ange blanc - NaëlOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz