La Lumière noire - (L&V) T.1 + T. 2

Chapitre 15 - Spin Off

La juge remit quelques papiers en ordres sur son bureau tandis que la greffière prenait note des réponses de Mickaël.

— Trop bon pour que tu veuilles le garder ?

— Sauf le respect de tout le monde ici, si j'avais voulu m'occuper uniquement des bons élèves bien éduqués, j'aurais fait prof dans une riche université. Si je le garde, lui et moi on va finir par s'ennuyer.

Vicky se retint de rire face à l'aplomb de Mickaël.

— Bien. Compte tenu du fait qu'aucun élément ne nécessite la reconduction des six mois initiaux, j'ordonne la levée du contrôle judiciaire.

Vicky se mordit l'intérieur de la lèvre, peu certain de comprendre. La juge se pencha sur son bureau, les yeux plantés dans les siens.

— Ça signifie que tu seras libre de sortir fin janvier comme initialement prévu.

Le sourire qui naquit entre les joues de Vicky rehaussa automatiquement celui de la juge. Rares étaient les adolescents à s'en sortir aussi indemnes. Elle en appréciait d'autant plus ces moments.

— Maintenant, passons à l'essentiel de la démarche du jour. J'ai rencontré madame Hachem Malika, en sa qualité d'assistante agréée, et madame Alminno Ornella en qualité de mère, ici présentes, concernant le projet éducatif de Victorien Alminno, et notamment son placement jusqu'alors nécessaire en famille d'accueil.

Les cliquetis des touches couvraient chaque mot comme leur propre ombre. Vicky n'osait plus respirer.

— J'ai par ailleurs reçu la demande de monsieur Alminno Victorien, au travers de son projet de réinsertion, concernant son placement jusqu'à sa majorité.

Vicky tourna la tête vers sa mère. Elle lui rendit son sourire, ne flancha pas. Il y avait chez Ornella cette dignité que la maladie n'avait su lui retirer. Lorsqu'elle se portait bien, elle assumait les conséquences de l'éducation de son fils, admettait la défaillance du pauvre système qu'elle avait tenté de mettre en place. Jamais elle n'avait nié. Et en ce jour, elle avait tenu à être présente. Pour Vicky. Pour le soutenir, mais aussi lui épargner d'avoir à trouver les mots pour lui annoncer le jugement rendu. Une fois de plus, elle lui prit la main. Son regard coula de côté et rencontra celui de Malika. Elle connaissait à peine cette femme, mais Vicky ne lui en disait que du bien.

Si les premiers jours avaient été rudes, et Dieu sait qu'elle pleurait encore le soir en rentrant du travail, elle trouvait la force de se réjouir que quelqu'un ait assez de bonté pour s'occuper d'un fils qui n'était pas le sien.

Malika lui sourit en retour.

— Victorien, ta demande date d'il y a quelques semaines maintenant. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Vicky jeta un regard à Malika qui, d'un franc encouragement, le rassura. Alors il se tourna de nouveau vers la juge.

— J'ai bien réfléchi, et je pense toujours que c'est le meilleur compromis pour moi.

— Tu demandes donc à réintégrer le domicile des Hachem dès ta sortie ?

La gorge de Vicky se noua. Présenté ainsi, il avait l'impression de renier sa mère.

— Oui. Mais euh... je veux toujours voir ma mère.

— Évidemment. Madame Hachem ?

Malika pressa son sac sur ses genoux.

— Moi je n'ai rien à dire sur Victorien. C'est un très bon garçon. À la maison, les enfants l'adorent. Il m'a demandé s'il pouvait rester, j'ai dit oui, bien sûr.