Chapitre 3

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En voulant aller me coucher, la veille, j'avais vu Théo sagement endormi. Alors je m'étais allongée à ses côtés et m'étais blottie contre lui, humant son odeur.

En me réveillant ce matin-là, il était partit sans un bruit.

Mâchouillant mon stylo dans cet amphithéâtre bondé d'étudiants, je cogitais sur la source du mal-être de Théo. En allant au travail, il avait l'air d'aller bien, et en revenant il était déprimé. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Avait-il assisté à quelque chose qui l'aurait inquiété ?

Le connaissant, il allait refuser de m'en parler. J'allais donc devoir me débrouiller afin de savoir ce qui le tracassait.

Je n'avais pas encore croisé Leo, peut-être n'était-il pas venu ? Peut-être m'évitait-il ? Ou bien alors, nous ne nous étions juste pas vu, par simple chance. Je ne sentais pas son odeur, comme s'il était officiellement absent.
Mes épaules s'affaisserent et un immense soulagement s'empara de moi.
Puis mon cerveau fit un lien étrange : et si Théo avait un quelconque lien avec la disparition de Leo ? Ça pouvait paraître farfelu, mais imaginons : il suffisait que Leo se rende à l'endroit où travail Théo. Lui aurait reconnu son odeur, puisque l'ayant fréquenté plus tôt dans la journée elle était un peu sur moi. Il se serait emporté et l'aurait...
Non.
Mais ça expliquerait la réaction dévastée de Théo la veille au soir, ainsi que l'absence de mon camarade.
Même si Leo était devenu détestable, il n'en avait pas moins été mon ami à une époque.
Je recommençais à angoisser, mais pour une autre raison cette fois.
"Par pitié, que Théo n'ait rien fait ! "
Comme si mon appel à l'aide avait été entendu, la porte de l'amphithéâtre s'ouvrit légèrement, et la tête de Leo passa l'encadrement. Il entra silencieusement et se précipita vers la place vide à côté de moi, le tout sans que le professeur ne le remarque.
"Comme un vrai chasseur" je songea.

- Salut ! me lança-t-il, tout sourire.

- Salut.

- J'espère n'avoir rien loupé d'important.

Il sortit tout son attirail de cours, et se mit à écouter très attentivement le professeur.
Bon, le fait qu'il se soit installé aussi naturellement que ça à côté de moi voulait sûrement dire qu'il pensait que nous étions amis.

- Non, il est arrivé il n'y a pas longtemps.

Il se cala dans sa chaise et se mit à écouter le cours. Il ne faisait pas attention à moi, et c'était tant mieux. Seulement, sa présence me rendait mal à l'aise.

- Comment tu vas sinon ?

Il s'adressait à moi commme si nous avions toujours été amis. Comme si ses révélations avaient tout pardonné. Bien sûr, je n'étais pas du genre rancunière, bien au contraire -sinon je ne serai pas avec Theo- mais entre Leo et moi, il y avait une relation de prédateur-proie. Et le pire, c'est que je n'étais même pas sûre de savoir s'il serait un jour capable de me faire du mal ou non.
Pendant les heures qui suivirent, nous écoutions attentivement le cours, le professeur arrivant à capter de temps en temps l'attention de son auditoire.

- Emeraude... J'ai fait quelque chose ? J'ai l'impression que tu m'en veux. Tu es froide avec moi. Enfin, plus que d'habitude.

Il intercepta mon regard. Je fronçais les sourcils, et dit :

- Tu tues des êtres vivants ! Comment veux-tu que je réagisse ?

- Si ça peut te réconforter, ça fait bien un an que je n'ai fait de mal à personne.

- Ah merci, je me sens beaucoup mieux !

Il posa sa main sur la mienne, et je dû me faire violence pour ne pas le frapper.

After The PackWhere stories live. Discover now