Chapitre 45 - Arrêter de se morfonde

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Mi-septembre

En traversant le petit couloir passant à côté du salon Claire ne put ignorer son amie, assise sur le fauteuil face à la grande fenêtre. Les genoux ramenés contre la poitrine, le menton posé sur ces derniers, le visage tourné vers la lumière, sa colocataire broyait du noir visiblement. Comme tous les jours, ces derniers temps en fait.

— Luce ?

A l'entente de la voix de Claire, la concernée sursauta. Malgré les années qui passaient, la jeune femme ressentait toujours ce sentiment de culpabilité lorsque son amie laissait voir qu'elle avait été surprise de son arrivée.

— Tu lui as envoyé un message ?

Claire avait accompagné son amie pour acheter un nouveau portable. Et désormais qu'elle avait le moyen de recontacter le blond, Luce semblait bloquer. Enfin ça, c'était le point de vue de la châtaine du moins...

— Et pour quoi faire ? Dois-je te rappeler qu'il n'a même pas été fichu de répondre à mon mail ?

Ça avait été trop fort pour Claire qui avait pris contact avec Fabrice pour savoir ce qu'il se passait. C'était ainsi qu'elle avait appris que le même jour où Luce avait perdu son portable, la boite mail d'Ange avait planté et que quelque temps plus tard, il avait découvert qu'elle avait été piratée.

Voilà qui expliquait pourquoi son amie n'avait jamais reçu de réponse de la part de son camarade d'aventures estivales. Parce qu'il n'avait plus accès à ses messages.

Seulement Claire avait passé un accord avec Fabrice : ils ne devaient pas se mêler de l'histoire d'Ange et Luce. Parce qu'ils l'avaient fait à de trop nombreuses reprises et qu'ils n'étaient pas les acteurs de cette comédie sans fin. Aussi, la jeune femme avait dû se forcer pour rester extérieure à la situation. Parce que dans le fond, elle savait que Fab avait raison : s'ils essayaient d'aider, ça allait finir par leur retomber dessus et ils n'auraient même pas le droit à un merci.

— Il n'y a pas marqué bouffonne de service sur mon front, hein !

Le soupir de Claire fut long. Doucement, elle vint poser son dos contre le mur à côté de son amie et observa cette dernière. Son visage trahissait sa souffrance. Luce avait le cœur en miettes. Car elle avait failli faire du mal à son ami Dorman, et surtout parce que l'absence d'Ange devenait de plus en plus dure à vivre.

— De toute façon, on s'était perdus avant même qu'on arrête de se parler, souffla la brune.

Désormais, c'était carrément la déprime qui l'attrapait.

— Et donc, si je comprends bien, tu comptes continuer à te morfondre toute ta vie ?

Le rictus de sourire mauvais de Luce fit comprendre à Claire qu'elle allait avoir le droit à une réplique cinglante.

Sauf qu'elle n'arriva pas finalement.

— Pourquoi a-t-il fallu que je le rencontre ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il change ma vie à ce point, si c'était pour en sortir aussi vite ?

Claire songea aux personnes qu'elle avait rencontrées dans sa vie, les personnes qui avaient changé son existence et étaient reparties comme des voleuses. Il y en avait beaucoup et même si Angèle était la dernière en date, elle n'avait pas été la première.

Bien sûr, tout le monde ressentait de la nostalgie en repensant à ces personnes.

— Parfois c'est comme ça. Parfois, ce sont les gens qui t'amènent à changer. Parfois, il faut que ces personnes-là qui comptent à tes yeux, partent. Parce que c'est la vie. Chaque rencontre, relation et séparation fait la personne que tu es désormais.

Baisers salés (Terminée)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora