Chapitre 15 - En mode « attaque »

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Après le retour en voiture, plutôt silencieux, Luce n'avait plus décroché un mot. Pas même à Claire lorsque cette dernière avait trahi son agacement à travers sa voix, une fois arrivées devant leur tente.

La soirée avait été tendue, presque autant que le trajet à côté d'Ange.

Alors désormais qu'ils se retrouvaient tous les deux dehors, en ce beau mercredi matin, la jeune femme n'arrivait pas à se concentrer sur les messages de la nature contrairement à d'habitude. Son cerveau préférait se repasser la séance de la veille en boucle. Car justement, en parlant de boucle, si Ange n'avait pas mieux attaché sa ceinture et que Fabrice avait eu un accident, elle savait bien désormais qu'elle aurait pu traverser le par-brise de la voiture, une fois de plus.

Son agacement vis-à-vis du fêlé l'avait déconcentrée. Et c'était finalement son ennemi qui s'était assuré, malgré sa pique plutôt désagréable, qu'elle soit en sécurité. Comment elle, Luce, avait-elle pu oublier un point si important en entrant dans l'auto ? Pourquoi avait-elle été inconsciente alors qu'elle savait très bien ce qu'un accident de la route pouvait entraîner comme séquelles ?

— Bien dormi ? demanda la voix de ce dernier.

En entendant la douceur avec laquelle la question avait été posée, Luce comprit que la fameuse Angèle venait d'arriver.

— Assez bien, même si tu as parlé durant ton sommeil.

La brune avait horreur des couples. Et ce n'était pas seulement à cause de sa cécité qui lui avait fait perdre toute confiance envers les hommes, elle avait toujours été jalouse du bonheur des autres. Car elle avait souvent eu du mal à lâcher prise et laisser les choses venir. Le soir où elle avait eu l'accident, elle avait essayé de laisser libre cours au temps.

Et voilà où ça l'avait menée !

Bon, Luce se mentait un peu à elle-même et se l'avoua en grimaçant. Quelques semaines avant son accident, elle avait fait du n'importe quoi. Là, elle avait laissé venir les choses. Cependant, elle n'avait pas su faire du tri. Et justement, faire le tri, c'était ce qui faisait toute la différence.

Peu importe, ce n'était pas le sujet. Du moins, Luce décida que ce n'était pas le moment de réfléchir à ses actes passés. Elle préférait écouter la conversation de la squatteuse et du fêlé.

— Tu n'as pas arrêté de dire un prénom.

Ce fut plus fort qu'elle, Luce tendit l'oreille.

— C'est qui Charlotte ?

La jeune femme ne put se mentir à elle-même, elle fut un peu déçue de ne pas entendre son prénom. Que ce gamin provocateur et emmerdeur rêve d'elle, peut-être en train de l'étrangler, ça lui aurait fait plaisir. Était-ce étrange ? Non, pas du tout.

— C'est... Personne, souffla Ange.

Luce comprit au son de sa voix qu'il ne comptait pas se confier. Était-ce sa présence qui posait problème ? Puis d'abord, pourquoi était-elle curieuse à son sujet ? Pourquoi s'intéressait-elle à la vie du fêlé ?

Ce fut à son tour d'être contrariée. D'ailleurs, la petite ride qui barra son front le prouva à quiconque la regarda à ce moment-là.

— Tu veux du lait ? demanda Claire et Luce manqua d'en sursauter.

L'espace de quelques secondes, elle avait oublié que sa meilleure amie se tenait à côté d'elle.

— Non merci. J'ai pas faim.

En fait, elle aurait voulu pouvoir à nouveau écouter la conversation de ses voisins. Est-ce que cette Angèle avait dormi dans ses bras ? Même si elle n'avait pu se servir que de son ouïe et sa capacité à évaluer l'atmosphère dans la voiture, elle avait compris qu'après sa réflexion, celle qui collait le fêlé s'était chargé de lui remonter le moral.

Baisers salés (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant