Chapitre 10 - Comme des chiens errants

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Alors que les rayons de soleil provoquaient la peau de son visage depuis deux bonnes heures déjà, ce fut finalement des murmures ainsi que des rires qui causèrent la fin de la tentative de rendormissement d'Ange.

— Il est vivant ! s'exclama une gamine d'une douzaine d'années avant de le regarder comme un animal de foire.

Avec son œil fermé et gonflé, sa mâchoire colorée, ses cheveux en pétard ainsi que le début de coup de soleil qui recouvrait sa peau blanche, Ange savait qu'il ne passait pas inaperçu. C'était d'ailleurs sûrement ainsi qu'il s'était fait repérer sur la plage. Car à moins que le sable qui s'était invité sur sa chevelure claire ait fini par lui brouiller la vue, il semblait qu'on avait profité de son petit somme pour le dépouiller de son argent et son portable.

— Merde ! Fais chier, putain sa mère ! Les cons ! s'emporta-t-il en se relevant.

Son agitation soudaine causa plusieurs reculs des gens qui l'observaient. De l'épave qui intrigue, il paraissait être passé à l'élément potentiellement dangereux en colère. Aussi, la plupart des curieux préféra prendre la poudre d'escampette.

— Est-ce que quelqu'un les a vus ? Qui c'était ? s'exclama Ange en tournant sur lui-même. Putain, les salopards. Si je les retrouve, je les bute !

Malgré la prononciation un peu erronée du jeune homme, puisque sa mâchoire l'handicapait, une des dernières curieuses posa les mains sur les oreilles de sa fille avant de l'entraîner avec elle pour s'éloigner de l'individu grossier.

— Superbes les vacances. Merci ! Superbes, murmura Ange dont les doigts recouvraient désormais son visage qui commençait à le brûler.

Heureusement qu'il avait pensé à laisser sa carte bancaire dans son sac qu'il avait planqué dans la voiture de Fabrice. Les voleurs n'allaient pas pouvoir s'éclater longtemps avec les cinquante euros qui traînaient dans son portefeuille. Par contre, son portable, c'était définitivement une autre histoire.

Tout en s'asseyant dans le sable fin, la mer face à lui, les légères vagues s'écrasant à deux mètres de ses pieds, le jeune homme essaya de réfléchir à la situation. Il était bloqué en ville. Du moins dans le petit village voisin de celui où se trouvait son camping. Il n'avait pas d'argent et pas de portable. Il ne lui restait donc plus qu'à rentrer à pied. Sans argent, moyen de transport ou de contact, de toute façon, il ne pouvait pas faire autre chose.

— On t'a volé ?

Cette voix, Ange avait beau avoir mal à la tête, il la reconnut. C'était Angèle, la brune que Fabrice lui avait trouvé pour le défi, celle à cause de qui il avait reçu plusieurs coups.

— Qu'est-ce que tu fais là ? grogna-t-il en fronçant les sourcils.

Cette mâchoire lui faisait de plus en plus mal, si bien qu'il se demandait comment il allait faire pour endurer la douleur...

La jeune femme, aussi bien coiffée qu'Ange, fit deux pas dans sa direction.

— Paul est parti sans moi. Alors je me suis dit que je risquais sûrement moins si je restais près de toi. Tu ne m'as pas sauté dessus donc j'en ai conclu que tu n'étais pas du genre à abuser des femmes.

Les yeux du blond se posèrent sur une veste en jean. En effet, Angèle semblait avoir passé la nuit sur la plage, comme lui. Et contrairement à sa personne, les voleurs n'avaient pas pris son habit.

— Ça t'arrive souvent d'allumer des hommes pour rendre jaloux ton mec ? demanda-t-il tandis que la jeune femme récupérait son vêtement.

— C'était la première fois.

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now