Chapitre 38 - Faire son deuil

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— Deux jours sans lui à la mer, c'est pas la même chose que revenir ici, sans lui.

Luce s'assit à son tour.

Elle n'avait pas quitté son grand chapeau depuis qu'elles s'étaient arrêtées sur une aire de repos pour une pause pipi de son côté et tout simplement souffler pour Claire. Et même si cela l'avait un peu embêtée par la suite dans la voiture, car ce dernier n'était pas petit, Claire avait compris qu'elle comptait le garder. Car il allait parfaitement bien avec sa tenue.

C'était quelque chose que la châtaine avait remarqué. Depuis que Luce avait croisé la route d'Ange, elle avait plus envie de prendre soin d'elle. La jeune femme n'avait jamais été le genre à sortir en pyjama dans la rue, mais elle ne s'était pas donné autant de mal à se préparer depuis des années.

— Il m'a envoyé un mail hier, lui avoua Luce en tournant la tête vers la ruelle.

— C'est vrai ? releva Claire. Et il t'a dit quoi, sans indiscrétion ?

Est-ce qu'elle avait envie d'avoir des nouvelles de Fabrice, et peut-être par la même occasion d'Angèle ? Elle aurait pu se mentir à elle-même, mais Claire préféra être honnête et reconnaître que c'était le cas. Parce que malgré ce qu'elle avait annoncé précédemment, elle était tentée de ne pas suivre ses propres directives.

— Il a repris le boulot. L'air de la mer lui manque. Mais il est content d'avoir retrouvé le confort de son appartement. Le camping, ce n'est pas son truc, commença Luce dans un haussement d'épaules.

La jeune femme repensa aux fois où elle l'avait entendu râler à propos de la tente, du sable dans ses chaussures ou bien des moustiques. Tout cela s'était passé essentiellement avant qu'il ne se rapproche de la brune. Tout cela s'était passé durant la période avant qu'il ne soit accaparé par elle.

Comme quoi, le clown du groupe qui aimait parier à tout va pouvait aussi être un sacré râleur quand il le voulait !

— Quoi d'autre ?

L'intervention de Claire ramena Luce à l'instant présent.

— Il a dit que je lui manquais, continua-t-elle dans un léger sourire.

Claire, le menton posé sur la paume de la main, regardait désormais son amie. C'était si déstabilisant de la voir heureuse et triste à la fois. Et surtout, c'était perturbant pour la châtaine, qui savait que peu importe ce qui arriverait à l'avenir, elle ne serait d'aucune aide pour Luce.

— Et il te manque ? redemanda la jeune femme.

Luce caressait avec son pouce le coquillage que l'homme lui avait donné deux jours avant son départ. Il était tombé dessus par hasard, pendant qu'ils se promenaient sur la plage. Et dès l'instant qu'il avait remarqué qu'il avait la forme d'un cœur, il s'était mis en tête de l'offrir à la brune.

Tout de suite, Luce lui avait dit qu'elle avait passé l'âge de collectionner les coquillages et Ange lui avait répondu qu'il n'y avait pas d'âge pour le faire. La jeune femme lui avait répondu qu'ils avaient deux points de vue différents et n'avait pas plus argumenté. Parce que la brune n'avait pas eu envie de gâcher leur promenade romantique, les pieds dans l'eau, main dans la main.

Après une bonne heure de marche, Ange avait déclaré qu'ils étaient arrivés à destination. Alors avec douceur, il avait aidé Luce à grimper sur les rochers et une fois sur ces derniers, il avait mis du temps avant de la relâcher. Car l'observer, de si près, pendant qu'elle le laissait la tenir par la taille et souriait, ça lui avait réchauffé le cœur.

Durant pratiquement deux heures, ils étaient restés perchés sur ces rochers. Ils avaient mangé, parce qu'Ange avait préparé des sandwichs. Ils n'étaient pas fameux, mais ils étaient venus à bout de leur faim tout de même.

Ensuite, ils avaient écouté la mer qui, bien que calme, leur avait offert un concert de vaguelettes s'écrasant avec plus ou moins de douceur. Le soleil avait chauffé leur peau et même si Ange s'était inquiété pour ses rougeurs qui étaient encore présentes, il n'avait pas voulu gâcher le moment en rappelant qu'il ne pouvait pas bronzer et cramait obligatoirement. Luce avait humé avec délice l'air salé et de fines éclaboussures avaient humidifié son visage.

C'était à cet instant qu'Ange avait décidé de se dévoiler un peu plus à la jeune femme. Il lui avait parlé de son adolescence un peu difficile, puis de sa sœur et de la dégradation de leur relation. Silencieuse, une main posée sur celle du jeune homme, Luce l'avait écouté. Et bien vite, le discours d'Ange était devenu un concert plus riche que celui des vagues. Car dans sa voix, elle avait décelé une dizaine d'émotions différentes.

— Luce ?

Une fois de plus, l'intervention de Claire ramena la brune dans son appartement. Elles étaient sur leur balcon. Il n'y avait plus de bruit de mer ou de mouettes. Il n'y avait plus l'eau de toilette d'Ange et encore moins sa voix lui racontant sa vie. Il n'était plus là pour la faire sourire ou bien faire accélérer son cœur.

— Pardon, souffla la concernée. Tu disais ?

Claire baissa la tête en comprenant que son amie était triste. Elle l'avait sa réponse : Ange lui manquait, mais Luce ne comptait pas le dire. Peut-être par égo. Mais surtout aussi car la jeune femme se serait dit que tout cela serait devenu réel si elle l'avait reconnu. Et justement, elle n'avait pas envie que ça devienne concret.

— Et si on commandait chinois pour ce soir ? proposa Claire.

Le visage de Luce lui fit comprendre que ça la tentait bien. Le visage de Luce lui fit comprendre également qu'elle la remerciait de ne pas insister. Toute cette histoire était bien trop fraîche pour en parler ainsi.

Claire allait lui laisser le temps dont elle avait besoin pour faire le deuil de ses vacances et surtout de la présence d'Ange.

Claire allait lui laisser le temps dont elle avait besoin pour faire le deuil de ses vacances et surtout de la présence d'Ange

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Luce et Claire rentrent chez elles. Retour à la ville, à l'appartement et à la vie en coloc. Dur dur de quitter l'ambiance des vacances, et surtout Ange, n'est-ce pas ?

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now