Chapitre 31 - Le pardon

Start from the beginning
                                    

— Et si on allait tous à la plage ? proposa Angèle. OK, ce n'est pas très original, mais ça peut être cool.

Alors que la plupart s'apprêtait à acquiescer, Ange s'y opposa.

— J'ai une meilleure idée.

Fier d'attirer l'attention de tout le monde, il gonfla le torse avant de lâcher :

— On peut faire du voilier.

Même si Luce n'entendit pas Claire intervenir, elle se douta que son amie venait de penser à sa cécité comme élément perturbateur pour un tel après-midi. Mais fort heureusement, elle fut rassurée en se rendant compte que la châtaine n'avait rien dit.

— On peut aller se renseigner, mais je doute que l'on ait des places pour aujourd'hui, avoua à son tour Fabrice.

C'était la première fois depuis plusieurs minutes qu'il ouvrait la bouche et cela rappela à Ange qu'il n'était pas seul avec Luce. Il restait ses amis, des amis qu'il n'avait pas intégré dans son idée d'après-midi, reconnut-il honteusement.

— OK, je vais contacter le service pour voir à quelle date on peut sortir.

***

Quelques heures plus tard, le bébé du groupe soupira.

— J'ai mal aux pieds, râla Angèle.

Cela faisait des minutes que la troupe marchait dans le sable.

— On arrive bientôt ? continua la jeune femme.

— Normalement, oui ! s'exclama Ange qui tenait le rôle du guide.

Luce, accompagnée de Claire, était plus en retrait et prenait sur elle pour ne pas se plaindre comme Angèle. Mais en comparaison avec les autres, se déplacer dans le sable était bien plus pénible encore.

— C'est pas grave si on ne trouve pas, souffla Fabrice à l'oreille d'Ange.

Celui-ci s'apprêtait à répliquer lorsqu'il comprit pourquoi son ami disait une telle chose. Un simple coup d'œil en direction de Luce lui fit comprendre qu'il ne rendait pas le chemin agréable pour la jeune femme.

— Allez Fab, je te laisse la place de guide ! déclara-t-il en tapotant l'épaule de son ami.

— Quoi ? Mais je ne connais même pas le chemin.

— C'est simple, c'est tout droit.

Ignorant les soupirs de son ami, Ange passa à côté d'Angèle la râleuse.

— C'est plus très loin, annonça-t-il pour lui redonner du courage.

Si la jeune femme était autant fatiguée, c'était essentiellement car elle avait inventé d'aller faire un footing quelques heures plus tôt. A son retour, trempée de la tête aux pieds, elle avait avoué avoir un peu trop forcé. Mais cette impression de liberté, de point de non-retour l'avait aidée à voir plus clair.

Même si elle n'en avait pas encore parlé à son ami, Angèle avait pris la décision d'aller voir sa famille à son retour et de faire son coming-out. Croyante ou pas, elle s'était dit qu'ils avaient le droit de savoir et qu'ensuite, adviendrait ce qu'il adviendrait.

— Je peux prendre le relai ? demanda Ange, une fois arrivé devant Claire.

A l'entente de la voix de l'homme, Luce frémit. Depuis la conversation précédente, Ange n'avait pas cessé de vouloir tout organiser et au plus grand malheur de la jeune femme, il n'avait pas arrêté d'être loin d'elle.

— Euh... hésita Claire.

— C'est bon, confirma Luce pour son amie.

— D'accord.

Abandonner son rôle d'accompagnatrice et laisser les commandes à Ange était bizarre pour Claire. Car depuis l'accident et la déprime de Luce, elle avait toujours été sa béquille et qu'aucun homme n'avait voulu encadrer son amie.

Certes, elle savait que durant quelques semaines après l'accident, la brune avait collectionné les conquêtes, désireuse de foutre sa vie encore plus en l'air. Mais bien vite, Luce s'était rendu compte que la gent masculine qu'elle rencontrait était mauvaise pour elle. Parce qu'en plus de la salir et elle s'était sentie faible et perdue puisqu'aucun homme ne voulait la seconder ou être vu comme un chien guide.

Et pour la première fois depuis des années, Claire faisait face à un prétendant de taille. Un prétendant qui prendrait peut-être sa place. Pas de meilleure amie, mais d'accompagnatrice du moins.

A cette pensée, la jeune femme sentit son cœur se serrer. Ceci dit, elle n'eut pas le choix que de lâcher Luce.

— Elle va bien, Claire ? demanda Ange à Luce, une fois la concernée éloignée.

— Je pense qu'elle a peur.

La main posée sur l'avant-bras d'Ange, Luce soupira :

— Elle a eu une place plutôt particulière depuis mon accident et je pense qu'elle est comme un enfant qui a peur d'être évincé à l'arrivée du bébé.

La jeune femme réalisa que sa comparaison n'était pas des plus géniales. Mais peu importe, elle l'avait dite, c'était trop tard.

— Ah, je vois ce que tu veux dire.

Luce fut rassurée d'entendre qu'Ange avait compris. Et même si elle avait le cœur meurtri en pensant à son amie qui s'inquiétait pour rien, elle se força à continuer à marcher.


Bon, il s'en est passé des choses : le pardon d'Ange, la  tristesse de Luce, le soulagement de tout le monde, la prise de décision  d'Angèle et désormais, la contrariété de Claire

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Bon, il s'en est passé des choses : le pardon d'Ange, la tristesse de Luce, le soulagement de tout le monde, la prise de décision d'Angèle et désormais, la contrariété de Claire...

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now