Chapitre 30 - Sale petit con

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— C'est l'hôpital qui se fout de la charité là, tu me traites de gamin ? Sérieusement ? Et toi, tu crois que t'es quoi, à part une gamine colérique et capricieuse ?

— Doucement, doucement les gars. S'il vous plaît !

— Tu veux que je te dise ton problème ?

La réflexion de Fabrice avait bien et belle été inutile. Et même si ce genre de scénario ne lui était pas inconnu, il se sentit soudainement nul. Cette impression d'être invisible et de ne servir à rien... Cela lui donna envie de tout envoyer valser.

— Ouais, mais vas-y, je t'en prie ! Vas-y, madame l'exécrable !

Claire qui avait abandonné le club des amis, venait de rejoindre la brune. La main posée sur l'avant-bras de Luce, elle murmura quelque chose qu'Ange n'entendit pas. Cela ne l'empêcha pas cependant de comprendre que celle-ci mettait sa pote en garde. Mais s'il y avait bien quelque chose dont il était certain, c'était que la Pocahontas rebelle n'écouterait rien. Et cette dernière confirma sa pensée dans la seconde qui suivit :

— Ton masque du mec rigolo qui ne pense qu'à déconner, il est tellement faux que tu n'arrives plus à le faire tenir. Parce qu'au fond, t'es juste un pauvre homme effrayé par les émotions qu'il est incapable de gérer. Tu préfères t'apitoyer sur ton sort du type qui a été violent pour défendre l'honneur de sa sœur et qui a fait de la taule que de reconnaître que t'as pas de couilles !

Luce, qui était bien trop lancée dans son élan, ne se rendit pas compte que l'atmosphère était tendue désormais qu'elle venait de parler de la prison. Mais les regards perdus de Claire et d'Angèle, eux ne passèrent pas inaperçus.

— Tais-toi, siffla Ange entre ses dents.

Fabrice savait maintenant qu'il fallait qu'il retienne son ami pour que celui-ci ne fonce pas sur la rebelle. Il fallait à tout prix éviter la catastrophe. Mais une part de lui avait tout de même envie de le laisser faire car après tout, la jeune femme venait de révéler un élément plus qu'important du passé de son ami. Un passage dont il ne parlait pratiquement à personne. Elle venait de violer son secret.

— Ange ? l'interrogea Angèle.

Mais bien loin d'avoir entendu la réplique de la jeune femme et de se douter de ce qu'elle venait de lancer, Luce enchaîna :

— Car si tu en avais, tu serais allé voir ta famille depuis longtemps. Alors au lieu de ça, t'essayes de tromper les gens et toi-même par la même occasion en faisant le pitre. Tu te prends même pour une Brigitte Bardot qui récupère les chatons fragiles. Désolée Angèle, je n'ai rien contre toi, sauf qu'à un moment, il faut savoir se rendre compte des choses.

Claire, qui était toujours à côté de son amie, lança un regard pour la brune. Au fond d'elle, la jeune femme savait que Luce avait raison. Mais les yeux tristes de celle qui devenait la plus grande victime de l'histoire, lui donnèrent envie de tout lâcher pour aller la réconforter. Seulement, comme bien souvent, elle fit taire ses idées et resta stoïque.

— Mais au final, continua Luce d'une voix presque tremblante, parce que tu ne gères plus même avec ce visage-là, tu deviens méchant, parce que t'es frustré. Frustré de ne pas être toi, frustré et déçu de ta personne. Et tu sais quoi ? Tu pourras dire que j'ai plein de problèmes, c'est vrai. Mais t'es quand même celui qui est le plus minable de nous deux. Car contrairement à toi, je n'ai pas choisi de foutre ma vie en l'air.

Claire s'apprêtait à dire à son amie qu'elle était légèrement hypocrite quand Ange la devança :

— Tu parles de méchanceté, toi, la sorcière ? Tu parles de frustration et de choisir de foutre sa vie en l'air ? Tu te moques de qui ? T'es certaine que c'est mon histoire que tu racontes ou bien c'est la tienne ? Honnêtement, tu veux que je te dise ?

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now