Baisers salés (Terminée)

Chapitre 29 - Désolé, pas désolé

— Putain, t'es sérieux ? râla celui-ci.

— Va t'excuser, embrasse-là et c'est bon. Arrêtez un peu avec votre guerre, ça en devient chiant, souffla à son tour Angèle en passant à côté de lui.

Lui en voulait-elle de s'être déclaré et de ne pas avoir parlé des sentiments de sa toute récente amie pour Luce ? Hum, oui. S'était-elle dit que c'était ridicule de réfléchir ainsi ? Hum, oui. Avait-elle décidé de ne plus être amie avec Ange ? Hum, non. Malgré tout, il restait l'homme qui avait pris soin d'elle et lui avait fait comprendre que pour sa sécurité, il fallait qu'elle parle de ce qu'il se passait.

— Vas-y, fais pas ta jalouse !

Le regard noir d'Angèle fit regretter au blond d'avoir ouvert la bouche. Pourtant, la brune n'avait pas trop de quoi se plaindre, car même s'il s'était comporté comme un gamin, obsédé par les paris durant l'après-midi, il avait tout de même capté les regards en coin de que Claire et son amie s'étaient échangés. S'était-il passé quelque chose entre les deux jeunes femmes ?

Il n'en savait fichtrement rien, mais la tension elle, avait été là. Ça, il pouvait l'assurer.

— Qu'est-ce que tu attends, idiot ? répliqua Angèle avant de suivre Fab pour l'instant vaisselle.

Ce fut l'instant que choisit son esprit pour lui envoyer les paroles d'une chanson que ses parents avaient eu plaisir à écouter durant son enfance, celle de Bill Baxter. En ce moment, le « embrasse-moi idiot » tournait en boucle dans sa tête. Pour son plus grand malheur.

Est-ce que ce genre de scénario fonctionnerait sur Luce ?

Ange secoua la tête. La connaissant, elle le giflerait et se servirait de son handicap comme excuse en disant qu'elle ne l'avait pas reconnu et que ça ne se fait pas. Ou bien elle le prendrait vraiment pour un fou.

Puis de toute façon, c'était évident qu'ils devaient parler.

Aussi, le jeune homme fit un pas en direction de la tente de la brune. Aussitôt, cette dernière arrêta de taper du pied. Apparemment, elle avait entendu sa venue, à moins qu'elle ait senti son parfum. Quoi qu'il en soit, son visage autrefois détendu, se ferma.

— Luce...

— Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? cracha-t-elle en faisant glisser ses lunettes de soleil qu'elle avait sur le haut du crâne sur le nez.

— Je... Je...

— Tu quoi ? Accouche bon sang ! Parce que t'es clairement en train de me gâcher ma journée là !

Dans un soupir, Ange se dit qu'elle avait raison. Elle avait bien le droit de vouloir se venger. Pourtant, il fallait bien qu'elle lui laisse la possibilité de s'excuser.

— Je crois qu'on a un peu mal démarré l'autre fois, commença-t-il.

— Oh ? Tu veux dire quand tu m'as traitée de pute ? rétorqua une Luce plus que vénère.

— Je ne t'ai pas... Bon, si tu veux, capitula Ange en comprenant qu'il n'aurait pas d'argument pour démentir cette annonce. Je m'excuse, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.

Puis dans un roulement d'yeux, il s'assit à la table de camping :

— En fait si, je sais ce qu'il m'a pris. J'ai cru que je n'étais qu'une sorte de jouet pour toi ou bien un défi que Claire t'avait lancé.

— Tout le monde ne passe pas sa vie à parier, Ange. Certains ont assez de maturité pour avoir laissé ce jeu débile aux gosses.

Malgré le ton piquant, il se dit qu'elle l'avait nommé par son prénom. Pouvait-il considérer cela comme un bon début ?

— C'est pas faux, murmura-t-il. Je m'excuse vraiment donc de m'être trompé dans mon jugement.

Le jeune homme le sentait bien, il manquait des cordes à son arc pour faire céder sa Pocahontas.

— Je me suis comporté comme un con, je suis désolé.

Le visage de Luce commençait à changer. Mais sa fierté, trop grande et toujours présente, semblait bien décidée à la faire résister.

— Ça, tu peux le dire.

Ange eut envie de dire qu'elle avait été pas mal dans son genre mais réalisa que ça n'irait pas en sa faveur.

— Et les mecs qui t'ont raccompagnée, ils étaient cool ? releva le jeune homme, vexé. Ils étaient pas cons eux ?

— Pourquoi ? T'es jaloux ? rétorqua Luce sur un ton provocateur.

— Un problème avec la jalousie ? répondit aussitôt le blond.

— Non, mais je trouve qu'être jaloux quand on est pas en couple, c'est un peu exagéré.

Un silence s'abattit sur les deux jeunes gens. Décidément, Luce n'avait pas envie de passer l'éponge. Le message était plus que passé.

— Très bien, donc préviens-moi quand tu ne feras plus ta tête de cochon, trancha Ange en se levant.

Les excuses oui, mais les pardons n'arriveraient certainement pas aujourd'hui.

La réconciliation entre Ange et Luce ne pouvait pas arriver aussitôt, n'est-ce pas ?