Baisers salés (Terminée)

Chapitre 2 - Sentir le monde qui nous entoure

— Évidemment que cela me tente ! répondit-elle avant de tâter le bord de la table à la recherche de sa canne blanche.

Voyant que celle-ci avait glissé à terre, Claire eut l'envie d'aller aider son amie. Pourtant, elle renonça, sachant pertinemment que Luce se vexerait.

Les sourcils de la concernée se froncèrent lorsqu'elle se rendit compte que l'objet qu'elle cherchait n'était plus à sa place. Elle détestait ce genre de situation. Cela lui donnait toujours l'impression d'être vulnérable, chose qu'elle était finalement, comme tout le monde un jour, mais qu'elle refusait de s'avouer.

— Tu l'as...

— Ah oui je comprends ! s'écria la jeune femme en se penchant légèrement sur sa droite, cette espiègle voulait me jouer un tour.

Une dizaine de secondes plus tard seulement, Luce se dirigea vers Claire. Comme souvent, elle avait laissé ses lunettes dans son sac, refusant de suivre le mouvement des autres malvoyants. Elle aimait dire qu'elle était une femme libre, et qu'elle refusait de céder aux normes sociales que l'on imposait à chaque individu, réduisant ainsi sa nature humaine à celle d'un simple pantin de la société.

« Ce n'est pas parce que je suis aveugle que je suis déficiente mentale, je sais encore réfléchir correctement. Et aux dernières nouvelles, je suis libre de faire ce que je veux, dans les limites de l'acceptable et du faisable », aimait-elle répéter à son amie d'enfance avec qui elle habitait depuis plus de trois ans.

Claire avait appris à ses dépends qu'il ne fallait pas contredire Luce lorsque cette dernière affirmait quelque chose car au final, on ne faisait que s'attirer la foudre.

— Tu sais ce qui serait encore plus formidable ? Que l'on aille déjeuner sur la plage après notre tour en ville. Imagine : un bon repas, le sable sous nos pieds, le vent dans nos cheveux, le bruit des vagues dans nos oreilles et la douce chaleur du soleil sur la peau. Ce serait parfait, n'est-ce pas ?

La vision du déjeuner selon Claire différait légèrement de celle de son amie : un repas tourné, le sable dans la bouche, les cheveux par la figure, les cris des gamins jouant à s'asperger à côté d'elles et pour couronner le tout, le feu qui les consumerait peu à peu.

— L'idée de me faire griller la peau ne m'attire pas spécialement Luce, répondit son amie en grimaçant.

Si la jeune femme avait facile à bronzer, ce n'était pas le cas de Claire dont la peau rougissait au moindre rayon de soleil.

— Je t'en prie, dès que l'on aura remballé nos affaires, nous devrons retourner au temps capricieux et aux températures tout autant changeantes. Bon d'accord, on prendra le parasol si tu le souhaites !

Claire essaya de camoufler son soupir mais ce dernier n'échappa pas à son amie, bien évidemment.

— Si tu acceptes le déjeuner sur la plage, je te promets de porter cette robe affreuse que tu m'as offerte pour Noël, celle qui est si courte que je suis certaine que l'on voit ma culotte. Mais ! s'empressa de continuer la brune en entendant l'excitation gagner Claire, j'ai le droit de mettre un collant dessous. Donc tu devines bien que je ne l'enfilerai pas avant l'automne.

La joie de la jeune femme redescendit. Comme toujours, Luce avait le dernier mot. Son caractère loin d'être facile lui avait valu plusieurs confrontations avec les gens. Pour autant, la brune ne comptait pas changer d'un poil.

— Très bien ça marche, déclara son amie, mais tu sais que j'ai une bonne mémoire !

Seuls le sourire et la fossette solitaire de Luce lui répondirent avant qu'elle ne commence à se diriger vers le petit chemin menant aux sanitaires.

Nous découvrons Luce et son amie, Claire. Ce chapitre fait rapidement comprendre que je souhaite parler de la cécité. C'est un sujet qui me tient à cœur et que je n'ai pas vraiment abordé à travers mes autres écrits.

Sinon, qu'avez-vous pensé des deux jeunes femmes ?