10 : Une magicienne capricieuse (2)

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10.
Une magicienne capricieuse

Partie 2




— Azarias ?

Avant qu'elle n'ait pu vérifier sa théorie, ni même en faire part à Ulysse, le porc s'enfuit à toute jambe dans la direction opposée à la clairière. Mélyne le suivit, plus par instinct que suite à une profonde réflexion. Elle courait à perdre haleine, sans prendre garde aux branches qui fouettait son visage. Elle n'osait pas ralentir, de peur de perdre le cochon de vue.

Sans crier garde, elle trébucha et s'étala de tout son long dans la poussière de la forêt. Avec une grimace, elle tâta son menton du bout des doigts, persuadée qu'un bleu ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. Elle ravala sa déception d'avoir laissé filé le porc, lorsqu'un bruit lui fit relever la tête.

Il était là. Face à elle. Ses orbes sombres plongées dans celles de la jeune femme. Des yeux d'animaux, et pourtant la lueur que Mélyne pouvait apercevoir à l'intérieur était tout ce qu'il y avait de plus humain. Mélyne s'agenouilla doucement, en veillant à ne pas faire de mouvement brusque.

— Azarias ?

Elle se sentait ridicule à appeler un cochon par le nom de son ami, mais elle voulait croire à son intuition, à cette réaction spontanée qu'elle avait eu en voyant l'animal. Le même genre de réaction qui l'avait poussé à quitter Athènes, ou à se faufiler à l'intérieur des remparts de Troie pour retrouver Kleon.

L'animal eut d'abord un mouvement de recul, avant de finalement s'avancer doucement vers la jeune femme.

— C'est moi, Mélyne. Tu me reconnais ?

Le porc émis un son étouffé, que la jeune femme interpréta à sa manière comme une réponse positive. Elle tendit une main hésitante, que l'animal renifla d'une façon méfiante.

— Je vais te redonner ta forme humaine, lança soudain Mélyne.

En s'approchant doucement, elle parvint à poser ses deux mains de chaque côté de la tête de l'animal. Ce dernier l'observait sans bouger, attentif au moindre geste brusque. Mélyne inspira profondément.

En réalité, elle n'était pas certaine d'être capable d'une telle prouesse. Les seuls actes magiques qu'elle n'ait jamais réalisé consistaient à soigner des blessures : cautériser des plaies, permettre une coagulation rapide et efficace, moduler les battements d'un cœur, éliminer le poison d'un organisme, ça, elle savait le faire. La plupart du temps.

« Ce n'est pas le moment de penser à Kleon » se morigéna-t-elle en secouant la tête.

Elle se força à se concentrer sur les battements de son propre cœur. Eole lui avait clairement fait comprendre qu'elle ne n'avait eu vent que d'une infime partie de ce dont elle était réellement capable, et Hermès avait sous-entendu qu'elle pouvait réussir à retransformer un porc en humain.

Elle allait y arriver. Mélyne avait envie d'y croire. Elle avait quitté Athènes pour une seule et unique raison : son don. C'était parce que ses mains pouvaient être utiles qu'elle avait laissé ses terres et sa famille derrière elle. Elle avait envie de croire en ses pouvoirs, car sinon, que lui resterait-il ?

Après une profonde inspiration, Mélyne ferma les yeux. Elle fit le vide dans son esprit, pour se concentrer sur la chaleur qu'elle sentait affluer sous sa peau. Une bourrasque de vent tiède se leva pour l'entourer, faisant onduler les mèches de cheveux qui s'échappaient de sa tresse. Ses veines se firent brillantes, sous sa peau bronzée. Elle s'appliqua à guider cette même chaleur vers les paumes de ses mains, toujours apposées sur le porc. Ce dernier émis un bref son étouffé, mais Mélyne poussa sa magie pour qu'il ne puisse plus échapper à son emprise.

L'enfant du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant