9 : Un vent solitaire (2)

60 11 5
                                    


9.
Un vent solitaire

Partie 2

— Finalement, je pense que cette discussion pourrait être bénéfique, continue le dieu du vent sur un ton songeur. Sais-tu qui est ton père ?

Cette question coupa le souffle de Mélyne. Elle ouvrit, puis referma plusieurs fois la bouche, au point d'en avoir la langue sèche. Elle renonça finalement à répondre à haute-voix, les mots étaient coincés au fond de sa gorge, et elle secoua négativement la tête. Devant le sourcil levé d'Éole en signe de scepticisme, elle dût se faire violence pour passer l'effet de surprise et aligner quelques mots.

— Je l'ignore. Ma mère m'a élevé seule.

— T'as-t-elle donné un nom ? Une description physique ?

Nouveau hochement négatif de tête. Mélyne commençait à se sentir extrêmement mal à l'aise et elle pria mentalement les dieux de l'Olympe de lui venir en aide. Sauf que celui qui lui faisait actuellement face était un dieu, justement. Et il n'avait pas l'air décidé à arrêter son interrogatoire.

Sa prochaine question fit sursauter Mélyne et elle sentait son cœur cogner si fort dans sa cage thoracique qu'elle ne craignit un instant qu'il la perfore pour sortir de son corps.

— Depuis ta naissance, est-ce que tu as... hum, disons, est-ce que tu as été à l'origine d'évènements particuliers ?

Il sait. IL SAIT. Mélyne avait la gorge sèche, de la bile au fond de la gorge et les entrailles crispées. Elle avait l'impression d'être gelée. Elle aurait voulu mentir, dire qu'elle était une humaine normale, comme sa mère lui avait appris à le faire à la cour d'Athènes, mais elle ne pouvait pas. Elle était incapable de se soustraire au regard d'Éole, incapable d'esquiver sa question. Parce qu'il était un dieu. Parce qu'elle pouvait sentir la puissance qui couvait en lui, au moins deux fois supérieure à la sienne.

Parce qu'il détenait les réponses aux questions qu'elle avait tenté d'ignorer toute sa vie.

— Oui, souffla-t-elle enfin, à voix basse. Des... des pouvoirs de guérison, surtout. Je peux soigner les blessures et les maladies.

« Enfin, j'en étais capable » pensa amèrement la jeune femme alors que le visage mourant de Kleon dansait à l'intérieur de son crâne.

Un éclair passa dans les pupilles d'Éole, si furtif que Mélyne crut un instant l'avoir imaginé. Le ton du dieu s'était fait plus grave, plus sérieux, lorsqu'il répondit :

— Les Demi-Dieux sont des êtres pleins de surprises. Ne sous-estimes pas tes pouvoirs, leur étendue est sans doute plus vaste que tu ne l'imagines.

Les pensées de Mélyne était plus épaisse que du coton. Bouche entrouverte, elle fixait Éole de ses yeux ronds comme des billes. Elle aurait voulu articuler quelque chose, mais la surprise l'avait cloué sur place.

« Des... quoi ? »

Elle sentait la sueur dégouliner le long de sa colonne vertébrale en trempant sa chemise. Éole la fixait tranquillement de ses orbes azur, comme indifférent au trouble que ses paroles avait engendré dans l'esprit de son interlocutrice.

— Qu'est-ce que vous... articula-t-elle finalement, mais elle fut incapable de dire la suite.

Éole sembla comprendre la question.

— Je peux sentir les pouvoirs qui sommeillent en toi. Ton sang est à moitié divin, donc ta marque est différente de celle des autres mortels. Elle est d'ailleurs assez semblable à celle de ton père.

L'enfant du SoleilWhere stories live. Discover now