"La mémoire s'efface peut-être, mais un cœur n'oublie jamais."
Heaven, étudiante en arts, porte les cicatrices d'un accident qui a effacé une partie de sa mémoire. Derrière ses faux sourires et ses conquêtes éphémères, elle cherche désespérément un...
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PROLOGUE
ANDREAS
Un pas et c'est la mort certaine. Un seul pas et je ne reverrai plus jamais Heaven Dawson. C'est avec elle que tout a commencé. C'est à cause d'elle que tout doit se terminer.
La pluie fouette mon corps si fort, qu'elle me fait vaciller sur la balustrade glissante du pont suspendu. Mes bras sont grands ouverts et mon regard est plongé dans le néant qui s'étale en dessous de moi.
Je vais mourir pour de vrai cette fois. Je vais mourir. Je vais mourir. Je vais mourir.
Si la vie était une rose, le parfum de la mienne serait en train de s'effacer.
Une bourrasque me fait perdre l'équilibre. Mes bras battent dans le vide pour me stabiliser. Je papillonne des yeux et tente de me redresser, mais la surface d'acier semble tanguer sous mes pieds. Me voilà funambule sur la ligne fine, rouge et coupante de ma vie.
Je suis seul. Je suis seul et je vais mourir.
— Andreas !!!
Je tourne la tête et je la vois. Son hurlement passe au-dessus des voitures qui filent comme des comètes sur le pont Lions Gate. Il s'élève plus fort que l'ouragan, siffle comme une flèche et perce un creux dans ma poitrine. Et c'est à travers la pluie battante que le feu s'embrase une dernière fois dans mon cœur.
Elle s'élance dans ma direction. Elle trébuche, mais se relève. Elle crie, encore et encore. Elle veut m'arrêter et me sauver. Mais je ne l'entends plus. Mes oreilles bourdonnent. Les médicaments font leur effet. J'ai mal. Je souffre, mais je suis heureux, parce qu'elle est venue. Elle a lu ma lettre et elle est là. Je ne suis plus seul.
Je lui lance un dernier regard et je grave à jamais son image dans mon cœur : un anorak jaune poussin absolument hideux, des cheveux en pagaille et des yeux remplis d'incompréhension. Du moins, c'est comme ça que je l'imagine, parce que j'ai la tête qui tourne et l'éclat des lumières de la ville de Vancouver laisse peu à peu place à l'obscurité.
Une lointaine odeur de rose : voilà à quoi se résume notre histoire.
Dans une dernière enjambée, elle arrive presque à ma hauteur. Elle tend la main dans ma direction, mais je ne l'attrape pas.
Je lui souris et je saute.
A suivre...
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