Chapitre 3

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Ford tambourine à ma porte depuis déjà dix minutes et me crie de couper ma musique en croyant que j'allais l'écouter. Je ne bouge donc pas et reste allongé sur mon lit en augmentant le son de l'enceinte. Je lève mon bras droit pour observer mon tatouage. Un coeur à moitié brisé dégoulinant, entouré de petites constellations avec inscrit la phrase "My feelings matter" en italique. C'est le seul tatouage que mes oncles avait accepté que je me fasse, et j'ai du me battre pour les convaincre, tout comme mes piercings. Je soupire et le laisse retomber lourdement sur les bras et commence à chanter pour moi-même le morceau de musique qui énervait tant mon oncle.

- Dipper ! Si tu n'arrêtes pas cette musique tout de suite, je te déshérite ! Crie Ford.

- Et tu crois que ça me fait quelque chose, vieille branche... susurrais-je.

Je continue donc à ignorer ses cris et ses coups contre la porte.



Stanford descend les marches après une nouvelle dizaine de minutes et rejoint le reste de sa famille dans le salon où la musique insupportable de l'adolescent se faisait entendre.

- Quel insolent, sa crise me met sur les nerfs ! S'écrie-t-il.

- Laisse le, il vit sa vie, lâche Stanley.

- Eh bien sa vie commence à être envahissante ! S'énerve l'oncle radin.

- On a pas connu la douleur de perdre nos parents, et tu sais bien qu'il a du mal à faire son deuil, le défend Stan.

- Ça va faire 3 ans, je pense qu'il se fout de nous, surtout ! Continue-t-il.

- Laisse couler..! S'exclame le spectateur de la télé.

Ford s'adosse au mur près de son frère.

- Il serait temps qu'il grandisse un peu.

- C'est pas facile pour lui, ça fait peut-être longtemps mais il a du quitter sa ville, ses amis, sa vie entière pour venir ici, répond Stan.

- Mabel s'en est bien remise, elle !

- Tu sais bien que j'ai toujours eu beaucoup plus de facilité à accepter les choses que mon frère, informe Mabel.

- Peut-être, mais si il continue comme ça, qu'il ne s'étonne pas d'être mit à la porte ! Insiste l'oncle.

- Si tu fais ça, je part avec lui, assura la jeune fille en se dirigeant vers la cuisine.

Elle sort de la pièce pour se servir un nouveau verre de jus d'orange, laissant les deux autres seuls.

- N'essaye pas de les séparer, ils sont soudés comme toi et moi quand on était jeunes, argumente Stanley.

- J'espère que cette déception qu'est Dipper trouvera bientôt une fille qui le remettra dans le droit chemin, conclue Ford en retournant dans son laboratoire pas plus épargné par le bruit.

Stanley soupire et se concentre sur les sons autour de lui. Il perçoit la voix dévouée de son neveu chanter magnifiquement bien à l'étage et sourit.



Il est tard quand je décide enfin d'éteindre ma musique après un concert plus que bruyant. Je me recouche et l'image de l'inconnu d'un peu plus tôt apparaît dans mon esprit. Son sourire m'a mis très mal à l'aise et son regard me transperçait. Il est étrange mais je choisis d'ignorer cette pensée et de finalement descendre au rez-de-chaussée pour dîner. J'arrive dans la cuisine où se trouve Mabel et mes oncles pour voir ma sœur mettre la table.

- Ah ! Dipper ! Tu arrives au bon moment, on s'apprêtait à dîner ! S'exclame Mabel.

- Tu sors enfin de ta grotte, moucheron ? Tu t'es bien éclaté pendant ton concert ? Ironise Stanley.

- Oh j'y crois pas, tu m'as entendu, fis-je gêné.

- J'ai adoré, ricane Stan.

- C'est pas trop tôt, coupe Ford, tu peux m'expliquer tes projets d'avenir exactement ?

- Parce que j'ai besoin d'un avenir ? Blaguais-je.

- Pas mal celle-là moucheron ! S'écrie oncle Stan en explosant de rire.

- Je suis sérieux, casse Stanford, tes notes sont basses, ton comportement est inacceptable et tu ne travailles jamais ! C'est le sixième appel que j'ai pour me dire que tes devoirs ne sont pas faits, crie-t-il.

- Ça te fait quoi si j'ai pas de projet d'avenir ? M'exclamais-je.

- Je suis ton tuteur légal, tu me dois le respect et c'est mon travail de m'assurer que tu as un avenir ! Continue-t-il.

- Bah tu sais quoi, je te trouve beaucoup plus coincé depuis que t'as couché avec une femme ! Balançais-je.

Stanley recrache son café tandis que Mabel se rattrape après avoir trébuché de surprise.

- T'as couché avec une femme ?! Cria Stan.

- Dipper ! Hurle Stanford en se tournant vers moi.

- Crois pas que j'ai rien vu, elle s'appelle Claire c'est ça ?! Je l'ai vu moi, avec ses gros seins, c'est pour ça que tu l'as baisée hein ? Je suis sûr que tu l'aimes même pas ! M'énervais-je.

Il me gifle soudain.

- Tu n'as aucun droit de me parler sur ce ton ni d'insulter Claire ! Tu n'as rien à dire si je l'aime ! Je suis sûr que tu n'as même pas couché avec une fille, tu n'as donc pas la possibilité de juger ! Crie-t-il.

Oncle Stan se leva d'un coup de sa chaise.

- Stanford ! S'interpose-t-il.

- J'ai peut-être pas couché avec une meuf mais qui te dit que j'ai pas couché avec un mec ! Avouais-je sous le coup de la colère.

Tout le monde se fige et me regarde.

- Tu.., tente Mabel.

- J'suis gay ouais ! Et toi t'as aucun droit de me traiter comme de la merde, expliquais-je en retournant dans ma chambre aussi vite que je pu.

Je claque la porte et m'effondre contre celle-ci, retenant mes larmes de colère. Je jure bruyamment avant de poser violemment ma tête contre la porte et de la verrouiller. J'avoue que je n'avais vraiment pas envisagé mon coming-out maintenant et surtout pas comme ça...Je soupire et me relève pour m'étaler sur mon lit. Je n'ai plus envie de sortir de ma chambre pour l'éternité. Je finis par m'endormir au bout de plusieurs dizaines de minutes...

"Life is Bullshit"Where stories live. Discover now