Two more Crows

9. INEJ

Pendant que les autres se saluaient, Kaz et Inej étaient restés au bureau. Inej s'assit sur le bord de la fenêtre et Kaz se mit à ranger des papiers qui traînaient encore. Les minutes passaient dans le silence, Inej observait le ciel étonnamment étoilé. Quand Kaz eut fini, il lâcha :

- J'imagine que tu as des questions.

Inej se tourna vers lui et sentit son regard se plonger dans celui du jeune homme. Ils s'observèrent ainsi quelques secondes et Inej sourit.

- Oui, en effet.

Le regard de Kaz se détacha de celui d'Inej et effleura la chaise à côté de lui. Elle le sentit hésiter puis il se décida à soulever la chaise avant de l'amener près d'Inej, à un mètre environ en face d'elle. Il s'assit et releva la tête vers la jeune femme. Un nouveau silence s'installa. Kaz prit une profonde inspiration et se lança :

- Ana et moi étions très proches, enfants. Je la considérais comme ma petite sœur. Un jour, on se promenait en forêt, on a trouvé un louveteau seul et blessé alors on s'est occupés de lui. On faisait tout ensemble, et mon frère nous couvrait quand on faisait des bêtises.

Kaz semblait soudain totalement ailleurs, son regard ne fixait rien en particulier et un léger sourire apparaissait à mesure que les mots franchissaient ses lèvres.

Combien de temps ça fait qu'il ne s'est pas remémoré tout ça ?

Mais à l'évocation de Jordie ses yeux se voilèrent et son sourire disparut.

- Ensuite, Jordie et moi partîmes et je ne revis ni Ana ni Anko jusqu'à aujourd'hui.

Kaz se perdit dans ses pensées puis revint à lui et regarda Inej de nouveau, un peu gêné. Au final il n'avait pas dit grand-chose, mais Inej lui était reconnaissante de dévoiler ainsi son passé, de lui-même. Elle se savait déjà « privilégiée » mais de là à ce que Kaz fasse le premier pas et lui raconte ses souvenirs si posément... L'arrivée d'Ana semblait lui faire du bien.

Leurs regards étaient toujours ancrés l'un dans l'autre et une sensation nouvelle envahit l'air autour d'eux, qui se fit ressentir plus épais.

Inej voyait ce beau jeune homme, ses traits fins, ses cicatrices, son élégant costume, son veston puis sa chemise...

Dont le premier bouton avait dû s'ouvrir accidentellement.