Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]

Chapitre 24: Démasqués

-Allons-y, déclara t-il en tapant contre la cloison communicante avec le cocher pour lui indiquer de se mettre en route. Nous allons récupérer Victor Boulevard de Sorcemer. Il nous y attends. Une fois arrivés au manoir, nous récupérerons discrètement nos affaires avec Solange. Maurice s'est assuré de nous préparer le minimum vital, et il le fera apporter directement dans la voiture par nos domestiques les plus discrets. Nous stationnerons à plusieurs mètres du domaine, à l'angle de la rue pour ne pas nous faire repérer. Une fois les documents récupérés, on dégage et on se rend à l'adresse que Victor nous a trouvé. C'est bien compris ?

Solange hocha silencieusement la tête et Florian acquiesça. Plus l'échéance approchait et plus les doutes assaillaient son esprit. Il sentit la main de Thomas se poser sur sa cuisse et il releva la tête. Le jeune aristocrate avait ce sourire rassurant et adorable auquel il avait du mal à résister. 

Il aurait voulu l'embrasser, là tout de suite, mais la présence de la jeune Goldberg l'en dissuada, et il se contenta de lui sourire en retour, inconscient du fait que la jeune femme les regardait en souriant d'un air attendri.

Après quelques minutes de trajet, ils récupérèrent Victor qui se glissa aux côtés de Florian. L'homme avait la même résolution dans le regard que ce qu'il avait montré dans la matinée. Il salua respectueusement Solange et entreprit d'expliquer rapidement qu'ils seraient logés dans la pension d'un ami de confiance à lui, un habitué du bar et fervent opposé à la politique de Goldberg.

Florian écoutait d'une oreille les discussions de ses compagnons de voiture, mais la soudaine proximité du manoir Goldberg commençait à chambouler son rythme cardiaque. Il resta silencieux jusqu'à ce que le véhicule se gare. Dans un premier temps, aucun d'entre eux ne bougea. Personne n'osait briser l'équilibre fragile qui s'était installé entre eux. Thomas parut enfin sortir de sa transe et regarda Florian avec inquiétude.

-Tu entres, tu prends les documents et tu sors. Personne ne te posera de question, assure toi juste de ne pas croiser notre chère mère. Quand tu seras entré, Maurice nous apportera nos bagages.

Florian se contenta d'un bref signe de tête pour marquer son accord. Il avait la nausée et n'était pas sûr de pouvoir cacher son malaise bien longtemps.

-Si tu n'es pas là dans une demi-heure, on viendra te chercher de toute façon, marmonna Victor.

Le visage de l'homme s'était assombri et ses traits semblaient tirés par l'inquiétude. Florian sourit tristement, touché par ses sentiments à son égard. Il avait cru l'avoir perdu quelques jours plus tôt, mais Victor n'était pas comme ça. Victor n'abandonnait personne.

-Ça devrait aller Victor... Restez ici et ouvrez l'œil. Je ne serais pas long.

Sans leur laisser le temps de répondre, Florian descendit de la voiture en emportant sa valisette. Marcher les quelques centaines de mètres qui séparaient leur voiture du manoir lui fit du bien. Quand il parcourut la longue allée de graviers blancs menant à l'entrée principale, il sentit un frisson désagréable le parcourir. Il avait toujours détesté venir ici. Plus qu'ailleurs, cet endroit était le siège du pouvoir de Johann. Il l'y avait frappé un nombre incalculable de fois, brisant sa volonté agonisante. 

Mais cette fois il ne serait pas là.

Il pénétra dans le manoir qui était plongé dans un calme apaisant. Maurice vint le débarrasser de son manteau et après un clin d'œil, le jeune domestique s'éclipsa. Florian sourit, amusé. Thomas avait toujours été populaire parmi les employés de la maisonnée, et il n'était pas étonnant qu'il ait convaincu ceux en qui il avait confiance de les aider. Le pauvre jeune homme avait du courir partout toute la journée pour préparer leur fuite, il ne fallait donc pas qu'il gâche ses efforts.