Chapitre 16: Ouragan

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-Dans vos rêves. J'ai pas prévu de fermer de si tôt.

-Oh, moi je crois bien que si, de même que ta grande gueule. Ton minable repère à sodomite va sauter Victor. C'est le prix à payer quand on a un pedigree comme le tien.

Sur ces mots, il lui plaqua le journal contre la poitrine.

Victor se figea d'effroi en le récupérant. L'autre le fixait avec une lueur sadique. De toute évidence les raisons de son air triomphant étaient dans le quotidien, et Victor soupira en l'ouvrant pour lire les titres.

Son cœur manqua un battement. Sur la première page s'étalait tout un paragraphe sur les annonces du ministre indiquant son désir de ramener les valeurs traditionnelles sur le devant de la scène. 

Juste en dessous, dans un petit encart indiquant « VICTOR HAAS, L'histoire d'un prostitué voyou devenu propriétaire » comptait quelques lignes de textes d'une vulgarité sans nom et une photo qu'il identifia comme l'une de celles qui avaient été prises lors de ses séjours aux offices de police. Des photos et des faits d'une autre vie.

Il releva la tête, les mains tremblantes. Le groupe d'homme s'était rapproché et l'insultait en riant. Mais il ne les entendait pas. Le son de son cœur couvrait les bruits alentours et un bourdonnement persistant commençait à lui filer une migraine de tous les diables. 

Il se rendit compte qu'il avait bloqué sa respiration et laissa s'échapper l'air retenu prisonnier. Une main le poussa avec animosité, mais il ne réagit même pas, tout à ses pensées. 

La seule personne qui aurait pu dévoiler tous ces détails... La seule personne qui était au courant... C'était Florian.  

Non impossible. 

Et pourtant les hommes qui continuaient de le chahuter attestait du fait que ce qu'il avait toujours craint venait de lui exploser en plein visage. Son passé honteux dévoilé sur la place publique. Le nom qu'il avait mis tant de temps à laver, roulé dans la boue à nouveau. Il lui fallait de l'air. Il froissa le journal entre ses poings et le jeta par terre avant de tituber vers la porte d'entrée. Il allait y parvenir quand un bras le retint.

-Allez ma jolie, tu t'en va déjà ? Tu ne veux pas reprendre un peu de service ? Avec ta carrure je pensais pas qu'on pouvait te la mettre si facilement...

Le poing de Victor partit si vite qu'il eut à peine conscience que c'était lui qui avait frappé. L'autre homme s'écrasa au sol dans un bruit sourd. Un juron suivit et un autre homme s'élança vers lui avant de lui enfoncer son poing dans le visage. La douleur lui permit de redescendre sur terre le temps d'éviter un nouveau coup. 

Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ? 

Les autres hommes du groupe, apparemment décidés à venger leur compagnon jeté à terre tentait leur chance pour le déstabiliser et lui faire connaître le même sort. 

Mais ils ne se rendaient pas compte, ils ne comprenaient pas à qui ils avaient affaire. Victor avait connu tellement pire à une époque qu'une simple bande de voyou qui savaient à peine se battre. Dans la rue il avait appris à mentir, voler, se défendre, se battre. Pour l'argent, pour sa mère, et pour sa propre vie. La docilité qu'il feignait dans les chambres à coucher sordides de ses clients avaient comme revers toute la rage accumulée par ces années de déchéance. Des années de traumatisme, de peine et de terreur.

 Son cerveau sembla se déconnecter un instant. 

La seconde suivante, il était à cheval sur un des mecs et cognait de toutes ses forces.

Les insultes avaient cessé. Il n'y avait plus que le bruit des os et d'un nez qui s'écrasait en pissant le sang. Quelques gémissements de douleur. Des murmures effrayés.

Devoirs et Manipulation ~  Keskastel vol 2. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant