Chapitre 16 - EN FUITE VERS LE SUD

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Nellis, Kess, Melleck, et Jodo, marchaient péniblement sur le petit chemin rocailleux. Ils avaient pris la direction du sud et remontaient le cour du ZOAL qui serpentait en contrebas, roulant ses eaux écumeuses entre de gros rochers gris. Autour d'eux, les falaises de roche orange se rapprochaient. Le canyon se faisait de plus en plus étroit. Belter les avaient quitté peu avant le départ de San O, pour rejoindre les siens, se sentant peu prêt à affronter les dangers d'un périple au delà des montagnes de l'est.

Kess suivait Nellis, qui d'un pas assuré progressait rapidement, enjambant grâce à ses longues jambes d'humaines des rochers que les nains devaient le plus souvent contourner. Les petits cailloux ronds roulaient sous leur pieds à mesure que le sentier devenait plus pentu.

- Jamais ce plan ne marchera, dit soudain Kess, d'un ton abattu.

Nellis se retourna, et, revenant sur ses pas, s'approcha tout prés du moojin, les poings serrés.

- Mais où est passé le Kess qui voulait se battre, le Kess qui voulait changer le monde ? Je ne le vois plus, il n'y a plus qu'un moojin désabusé, démotivé... rien. Tu as bien changé, Kess, surtout depuis que ces démons t'ont envoûté.

- C'est que, Nellis, nous sommes entourés de forces si puissantes. Je ne sais pas si nous pourrons changer le cours des choses, nous, de simples mortels. Pour ce qui est de l'envoûtement, je me rappelle de tout ou presque. Il est très difficile pour moi de digérer ces évènements. Ma femme, ma douce Zaana est morte, et j'ai entraperçu ses restes, ses misérables restes, que ces horribles mages dévoraient à pleine dents. Mon frère est mort lui aussi, mon peuple tout entier a été martyrisé, décimé. Melleck et Jodo en parlent peu, mais ils ont du vivre de pareilles souffrances, je le sais.

- Je sais tout cela, Kess, j'ai passé assez de temps à ANISS pour me rendre compte combien le cercle de l'ombre et ses serviteurs sont maléfiques. Mais il faut nous battre, nous sommes les seuls à pouvoir faire quelque chose.

Melleck qui marchait en arrière se rapprocha d'eux :

- Allons mes amis, cessons ces discours inutiles et économisons nos forces, c'est comme cela que nous arriverons à nos fins.

Nellis regarda, un instant, Melleck.

- Tu as raison, nous devons rester solidaires et sereins, nous aurons besoins au moins de cela. Il ne nous reste que quelques jours avant les éclipses dont nous a tant parlé San O. A ce moment là seulement nous pourrons agir. Nous aurons cinq minutes pendant lesquelles les lunes jumelles passeront devant les soleils. Cet évènement ne se produit que tout les milles ans. Sur l'île des fées, c'est le moment où le ôtt régnant change de dépouille, ou laisse sa place à son frère ennemi, si ce dernier a eu plus de chance. Il y aura une cérémonie, et il faudra être là, autour de San O.

- Nous savons tout cela, dit Kess d'un air agacé, les mages autant que les sages ne cessent de rabâcher toutes ces prophéties. Je pense seulement que nous ne devrions plus parler de ce plan jusqu'à ce que nous soyons devant le sarcophage sacré, à l'heure dite. J'ai appris ces derniers temps, que sur THO tout fini par se savoir, pour peu qu'une créature en ait trop dit. Les mages et les sages ont d'étranges pouvoirs et d'étonnantes facultés à se tenir au courant du moindre petit évènement. Pour ne pas être repéré, il serait plus prudent de garder le silence concernant nos projets.

- Soit, fit Nellis avec une moue d'approbation, nous nous tairons. Mais à présent reprenons la route, il nous faut arriver dans les plus courts délais à KATARAN, demain matin j'espère. Là, on devrait trouver de quoi rallier dans le plus grand secret, DONTARA puis l'île des fées. Quant à San O, il a prit un grand risque, mais si il a fait ce qu'il avait prévu, les sages et l'armée de lumière devraient nous laisser tranquille.

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