Chapitre 12 - LORCK LE TERRIFIANT

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De puissantes cornes de brume se firent entendre dans tout le canyon du ZOAL. Alors, des milliers de monstres, amassés sur les remparts de la forteresse, assistèrent à l'arrivée de Lorck le terrifiant.

Juché tout en haut d'un char imposant, tout orné d'ossements et de divers apparats macabres, le sombre souverain était resté immobile. Il tenait fermement son sceptre, où un crâne de rorck semblait vouloir bondir à tout instant, sur la foule bruyante qui se pressait autour du char. Ce dernier était escorté de part et d'autre, par de lugubres gardes à dos de dragons.

A la suite du cortège impérial qui avait pénétré dans ANISS, la dernière partie de l'armée de l'ombre avait établi son anarchique campement autour des faubourgs de GORGIA. Il est vrai que depuis deux jours, la forteresse avait accueilli en continu, des flots de soldats des ténèbres. Ses murs ne pouvaient plus accepter le trop plein de créatures armées, qui durent se contenter de la prairie caillouteuse, en bordure du lit du ZOAL.

Tout en haut du donjon, sur la terrasse dominant la forteresse et la sombre étendue de GORGIA, les mages, Kess, et plusieurs gardes silfidres restaient immobiles, contemplant, à travers les espaces des créneaux, l' arrivée de Lorck.

Le nain, les cheveux au vent regardait tour à tour le souverain qui, en contrebas, sur son char, donnait l'impression d'être une noire statue, prête à s'animer. Djarr, qui se tenait prés de son protégé, la clé noire, restait tout aussi impassible.

Le moojin se sentait transporté d'admiration et de dévotion pour ces êtres, et la cause pour laquelle ils se battaient. Il se demandait, tout au fond de lui, comment il n'avait réalisé auparavant, combien les puissances obscures représentaient la voie de la délivrance. Le chemin tout tracé vers une nouvelle ère, où les forts règneraient et où les inutiles mourraient.

Cette idée d'un monde déserté par les puissances de lumière, où les forces obscures, sous le règne d'Athorr, pourraient s'épanouir dans l'anarchie et les pires vices en exploitant les autres peuples provoqua un frisson d'excitation chez Kess. L'idée de donner son corps pour la pérennité d'Athorr, ne l'effrayait pas. Au contraire, une grande fierté l'emplissait et ne cessait de croître en lui.

Djarr lui adressa un regard.

- A présent, allons accueillir notre maître à tous, après Athorr bien sûr.

Le groupe descendit silencieusement le grand escalier de pierre en colimaçon. Ils gagnèrent la grande salle sombre où, déjà, une foule d'esclave avait dressé la table du banquet qui allait avoir lieu dans quelques heures.

Chaque mage s'assit sur son fauteuil au dossier pointu, devant la grande cheminée, où de hautes flammes dévoraient une bûche de forte taille.

L'assistance semblait nerveuse. Une foule de gardes krakens et de sous-fifres nollocks, l'élite de la force obscure, arrivaient à présent par la grande porte, à l'opposé de la cheminée. Ils se prosternèrent tour à tour devant les mages, avant de se ranger en ligne, de part et d'autre de la salle, formant un couloir au bout duquel allait apparaître d'ici peu, l'empereur.

Kess, assis sur le coté, prés de Djarr, porta machinalement la main à son cou, ses doigts suivirent la petite corde et arrivèrent jusque sous son habit de toile, là, il sentit l'objet. Assez surpris, le moojin le saisit, et sortit, à la lumière vacillante de la cheminée, la petite flûte de bois. Assez étonné de découvrir pareille chose à son cou, il l'observa un moment, la faisant tourner entre ses mains. Elle lui rappelait à présent quelque-chose, quelque-chose d'important, mais il était pour lui impossible, une nouvelle fois, de dissiper le brouillard qui pesait sur son esprit et qui entourait l'origine et la présence de cet instrument sur lui.

LES CLÉS DE THOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant