Chapitre 10 - DANS L'ANTRE DES DÉMONS

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Les deux hypocornes couraient depuis bien longtemps, la salive et la sueur laiteuse s'échappaient de leurs naseaux béants, dégoulinant le long de leurs échine.

Cette variété de licorne était très appréciées par les elfes, elles étaient rapides, puissantes, et très endurantes. Leur rareté et la difficulté que représentait leur élevage, en faisaient des montures de luxe, que seuls les soldats les plus valeureux, les elfes les plus riches ou les seigneurs, pouvaient s'offrir.

A dos de leurs puissantes licornes à la robe tachetée, Kess et le mage Djarr longeaient le défilé de roches oranges qui composaient le canyon du ZOAL, au creux duquel se nichait à quelques métalicres de là, ANISS la forteresse silfidre. 

C'est là, dans cette très ancienne forteresse humaine, mainte fois rebâtie, que depuis de nombreux siècles, le peuple silfidre s'était installé. Seul peuple de l'ombre vivant dans son intégralité, en dehors de l'île morte, ils se recroquevillaient, derrière des murs immenses et sombres, flanqués de tours imposantes aux toits pointus et effilés comme des aiguilles.

Adossée à la falaise du canyon, l'essentiel de la forteresse était composé de tunnels et de galeries troglodytes. Il y grouillait une masse de démons incroyablement variée. Krakens, trolls, metils, nollocks et divers croisements monstrueux se trouvaient concentrés en ce lieu, refuge pour les créatures maléfiques pourchassées sans relâche par les forces de lumière. Les silfidres finalement ne représentaient plus qu'une partie de la population, la moitié tout au plus, mais leur identité restait forte en ces lieux, et ils étaient respectés de tous.

Fréquemment, les armées humaines ou afardes attaquaient ce lieu maudit. Tel un abcès, cette petite enclave du mal résistait depuis des siècles, causant les tourments de DONTARA et de la fédération. Mais jusqu'alors, jamais les silfidres n'avaient cédé.

Ils arrivèrent en vue de GORGIA, amoncellement immonde de baraquements aux rues étroites et nauséabondes qui s'étaient agglomérés au fil des siècles, au pied des immenses murailles de la forteresse. Une succession de démolitions et de reconstructions, en avaient fait un labyrinthe infâme, où les bas fonds regorgeaient de la pire vermine de THO. Tout étranger en vadrouille dans GORGIA n'avait qu'une courte espérance de vie. Quant aux membres des peuples de lumière, on ne trouvait que les fous suicidaires, car mieux valait-être valeureux soldat ou magicien aux tours redoutables.

La faune peuplant GORGIA jouissait en temps de guerre, de la protection de la forteresse, cette dernière le temps des combats ou même des sièges, se trouvait surpeuplée, les créatures s'entredéchiraient alors entre elles dans l'anarchie la plus totale. On racontait que, alors, les combats les plus violents avaient bien souvent lieu non pas entre les soldats de lumière et les monstres, mais derrière le mur d'enceinte, entre créatures de l'ombre.

Toujours au galop, ils pénétrèrent à une vitesse folle à travers les rues grouillantes et puantes de GORGIA, écrasant au passage une multitude de créatures qui poussaient des cris terribles. La foule monstrueuse tentait pourtant de s'écarter, tant l'arrivée d'un mage forçait le respect dans les rues de GORGIA.

- Ecartez-vous, misérables vermines ! hurla Djarr d'une voix rauque, laissez passer la clé noire !

Leurs montures couvertes de sang , ils arrivèrent en vue du pont-levis aux dimensions démesurées. Ce dernier ne tarda pas à s'abaisser. La grande porte de bois et de fer toucha le quai des douves. Les hypocornes pénétrèrent à grand fracas de bruits de sabots, dans ANISS la forteresse obscure.

Kess, plein d'admiration, observait la haute falaise percée de trous et de fenêtres, devant laquelle se dressaient une série de tours et de donjons. Les sombres constructions tranchaient avec la couleur orangée de la falaise.

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