Chapitre 15 - L'EVASION

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Une nouvelle fois, la nuit était tombée sur THO, et contrairement à la nuit précédente, le canyon du ZOAL ne résonnait pas du bruit des combats, mais des chants et des danses des soldats de toutes races qui communiaient dans la même joie festive. Ca et là, de nombreux feu de camps avaient été allumés et tous chantaient et dansaient au son des cithares et des instruments elfes ou afards. Une musique qui s'étendait dans tout l'immense campement. Il s'agissait pour le plus grand nombre, d'exorciser la peur de l'ennemi, la fatigue et la douleur des blessés et de ceux qui avaient perdu un ami cher. Les rythmes entraînants raisonnaient aux oreilles des sentinelles, qui, massées en haut des miradors érigés à la hâte en bordure du camp, scrutaient la nuit, en aval du ZOAL. Tous, aigris de ne pouvoir participer à la fête, guettaient en grognant, l'éventuel retour de l'armée de l'ombre, massée à quelques dizaines de métalicres de là. Les hordes de démons, pour l'heure, fort diminués et privés de la plus part de leurs chefs, attendaient du renfort venant du nord. Le conseil des sages savait que tôt ou tard, menées par les mages survivants, les troupes de monstres reviendrait dans le canyon, pour fondre à nouveau sur l'armée de lumière, et tenter de rattraper ce qui avait été perdu.

Pour l'heure, tous semblaient danser et chanter, mais chacun, au fond, attendait, la peur au ventre.

San O, Nellis et le groupe de moojins passèrent la soirée assis autour d'un feu en compagnie des soldats, prenant part aux festivités de manière plus ou moins forcée. L'esprit de l'afard et de l'humaine n'était pourtant pas à la fête : San O scrutait la progression des lunes jumelles dans le ciel étoilé, guettant l'heure adéquate pour mettre en branle leur plan.

Nellis reprenait son souffle après avoir prit part à une farandole endiablée avec un groupe d'afard, lorsque San O vint la trouver et lui murmurer quelques mots à l'oreille. Sur un regard de leur part, Melleck et deux autre moojins les suivirent, pour disparaître entre les toiles de tente. A pas feutrés, l'afard, l'humaine, et les trois nains, longèrent nombre de tentes, bifurquant à plusieurs reprises. Ils croisèrent quelques soldats à demi ivres, qui s'étaient retirés pour uriner, mais les lieux étaient presque déserts. Ils arrivèrent en vue de la tente où Kess était retenu prisonnier.

Là, devant l'entrée, deux sentinelles humaines faisaient les cents pas, discutant à grand bruit de leurs exploits de la nuit passée. Tapis derrière un abris de toile adjacent, les cinq rebelles retenaient leurs souffles. A voix basse, San O murmura à l'oreille de Nellis :

- C'est à toi de jouer ma belle.

Nellis secoua sa crinière noire et se recoiffa de la main. Elle lissa sa robe pourtant trouée et sale mais qui, désormais coupée à mi cuisse, ne dissimulait pas son corps gracieux. Elle ajusta une dernière fois son décolleté et abandonna les épaulettes de métal qu'elle portait depuis la veille. La peau nacrée de son cou fin et de sa poitrine, luisait sous la pâle lueur des lunes. Elle garda son épée au flanc, le fourreau fermement attaché à sa ceinture. Elle lança un regard interrogateur à San O qui ne put dissimuler une certaine émotion. Il hocha la tête en signe d'approbation.

Sans plus attendre, elle soupira puis, d'un pas léger, sortit de l'ombre et s'avança vers les deux gardes. Ceux-ci, de dos, ne la virent pas arriver. Les bruits de pas de l'humaine se firent proches. Ils se retournèrent subitement pour voir approcher la jolie créature dont la silhouette se dessinait sous la lueur des torches plantées devant la tente. D'abord méfiants, ils se détendirent à vue d'œil.

- Gente demoiselle, vous voilà perdue semble t-il ?

Nellis qui jusque là cherchait ses mots, se sentit soulagée, tant le garde prenait les devant.

LES CLÉS DE THOWhere stories live. Discover now