1 - L'internat

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J'arrive dans le hall de l'aéroport, traînant mes deux valises derrière moi tout en essayant de m'adapter au changement d'heure. Il doit être environ 14 heures ici.

Je regarde autour de moi, cherchant une personne susceptible d'être venue me chercher lorsqu'une pancarte attire mon attention. BROOKE BRADLEY peut on lire dessus. C'est une femme d'une petite trentaine d'années qui tient le bout de carton, l'air ailleurs, sans même regarder après celle qu'elle attend. Moi, en l'occurrence.

Je m'approche lentement d'elle et elle baisse un regard froid sur moi, comme si mon arrivée la dérangeait au plus haut point. Je me sens gênée par la façon dont elle me toise et baisse la tête.

~Tu dois être... Brooke? demande-t-elle en hésitant sur mon prénom, comme si elle l'avait momentanément oublié et qu'elle avait du faire un effort surhumain pour s'en rappeler.

~ Euh... Oui, c'est moi.

~ Suis-moi, m'ordonne-t-elle froidement.

Je hausse les épaules et obéit. Je la suis jusqu'au parking de l'aéroport, tirant toujours mes deux valises dont le poids me broie les bras. La femme s'arrête finalement devant une énorme Range Rover noire. Elle ouvre le coffre de la voiture et y pose mes affaires, les soulevant comme s'il s'agissait de poids plume. On prend ensuite place dans la voiture, le tout, encore et toujours en silence.

Le trajet dure environ une heure, ou peut-être une heure et demie, quelque chose dans le genre. On arrive devant une énorme maison qui ressemble plus à un manoir, avec une façade d'un blanc tirant sur le gris. La femme sort de la voiture et se dirige directement vers la porte de la maison. Je la suis une nouvelle fois, supposant que je n'ai pas besoin de mes bagages pour le moment vu qu'elle n'a pas pris la peine de me dire quoi que ce soit. Je me hâte de la rejoindre sur le porche en trottinant et elle entre.

On débouche sur un hall, avec un unique bureau dans le fond, un sol en marbre blanc tellement propre qu'on a peur de marcher dessus, un escalier en colimaçon presque en plein milieu de la pièce et une décoration des plus simples: deux plantes d'intérieur, une de chaque côté de la porte et un unique tableau, derrière l'énorme bureau.

La femme fonce littéralement dessus et annonce mon nom et mon prénom à la réceptionniste.
Celle-ci hoche la tête rapidement et fouille dans divers documents, sans prononcer un mot. Elle fini par sortir un dossier de sa pile de feuilles, l'air victorieux et le tend à la femme en annonçant:

Internat de Watford. Maison 6, Chambre 65.

La femme attrape le dossier et sort, sans un merci ni un au revoir. Pour la troisième fois de la journée, je la suis. Je regarde la réceptionniste pour la saluer mais celle-ci s'est déjà replongée dans ses papiers. Je hausse vaguement les épaules et retourne dans la voiture.

Sans un regard vers moi, la femme démarre et roule à nouveau pendant une petite demi-heure, toujours dans le même silence persistant, aussi lourd et pesant que celui du premier voyage.

On arrive finalement devant un grand campus avec divers bâtiments, des grands et des plus petits, surement les "maisons" et les salles de classes.

Elle sort du véhicule dès que le moteur se coupe et ouvre le coffre. Elle pose mes deux valises à terre, toujours sans le moindre effort et je les attrape en soupirant discrètement. Elle passe devant moi et se dirige vers ce qui me semble être le bâtiment principal.

Elle entre sans la moindre hésitation et je continue de la suivre comme un chien suit son maître, en silence, sans rechigner et sans poser de questions. Elle va jusqu'à une porte devant laquelle elle s'arrête, puis toque.

The Best... Or the Worst. [A.I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant