Epilogue

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L O U I S

« LOUIS ! J'te signale qu'on t'attend ! »

La voix de Felicite m'a ramené à moi. J'ai relevé la tête et j'ai croisé mon reflet dans le miroir – mais je n'ai pas bougé parce que j'en étais incapable. Je me suis contenté de scruter mon visage pâle et ma mine sombre. J'étais triste, c'est clair, mais j'avais beaucoup trop pleuré pour pouvoir continuer aujourd'hui.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, à me regarder dans le miroir mais je détestais ce que j'y voyais. Je ne supportais pas de me voir avec un costard noir mal taillé, je détestais la manière dont mon nœud de cravate était noué et mes cheveux en bataille me donnaient un air d'échappé de l'asile. Je ne voulais même pas aller à ce foutu enterrement. Pas que je n'y avais pas ma place mais je savais que les gens attendraient trop de moi et j'avais envie qu'on me fiche la paix. Je ne voulais pas lire de texte émouvant, je ne voulais pas entendre que les gens étaient désolés. Je voulais simplement souffrir en silence dans un coin à l'abri des regards.

J'ai relevé la tête lorsque j'ai entendu quelqu'un monter les escaliers et j'ai immédiatement reconnu la démarche lente d'Harry. Mes yeux se sont fermés et j'ai attendu qu'il ouvre la porte pour pouvoir les rouvrir.

« Tout va bien ?, il a demandé doucement.

– Je veux pas y aller.

– Oh... Louis. »

J'ai lu tellement de peine sur son visage que j'en ai eu mal au ventre. Je sais qu'il déteste se sentir impuissant quand j'ai mal mais depuis qu'il était sorti de l'hôpital, on s'était promis de ne plus jamais rien se cacher. Jamais.

Il s'est approché de moi et m'a attiré dans ses bras pour pouvoir me serrer – fort. J'ai enfoui ma tête dans son cou et j'y ai déposé des baisers, plus par réflexe que par nécessité.

« Je veux qu'on me fiche la paix. Puis j'ai pas envie de le lire, ce texte à la con. Il est vraiment à chier. »

Il s'est légèrement détaché de moi pour pouvoir embrasser mon visage à plusieurs endroits. Mon front, mes yeux, mon nez, ma bouche... J'ai senti qu'il arrangeait mes cheveux, même s'il faisait passer ça pour un geste tendre.

« Est-ce que tu veux que je le lise pour toi ? », il a demandé.

J'ai levé les yeux vers lui pour m'assurer qu'il était sérieux et finalement, j'ai hoché la tête.

« D'accord. »

Il a pressé ses lèvres contre les miennes. Encore. Et encore. Malgré moi, j'ai commencé à me sentir bien – comme à chaque fois qu'Harry est près de moi. Il est mon moteur au moins autant que je suis le sien et on a compris maintenant qu'on n'est plus capable de fonctionner l'un sans l'autre. Surtout depuis qu'il avait tenté de mettre fin à ses jours une seconde fois et qu'on n'avait pas pu se voir pendant un peu plus d'un mois. On savait tous les deux que c'était nécessaire, qu'il avait besoin de se reconstruire seul, loin de tout. Mais ça a été tellement dur de croire qu'il était toujours vivant sans pouvoir le voir, le toucher...

« T'y penses encore, hein ? »

Ma gorge s'est serrée et j'ai posé une main contre son torse, juste histoire de sentir son cœur battre. Bien sûr que j'y pense encore. J'y pense tout le temps. Chaque fois qu'il est en retard, chaque fois qu'il ne répond pas à son téléphone, chaque fois qu'il est trop silencieux et hors de ma vue. J'y pense à chaque instant, chaque seconde.

« Je suis là, maintenant, il m'assuré. Je ne vais nulle part. »

J'ai hoché la tête et il s'est emparé de mes lèvres pour me donner un vrai baiser. Un baiser qui a permis à mon cœur de repartir. Un baiser qui m'a fait oublier l'espace d'un instant que j'avais atrocement mal. Un baiser qui m'a montré qu'il était là, qu'il allait mieux et qu'il n'irait plus jamais nulle part.

Show Me You CareWhere stories live. Discover now