Chapitre 9

4.5K 294 103
                                    


H A R R Y

« A TABLE ! »

La voix de ma mère résonne dans le couloir et je suis tellement concentré sur ce que je fais que je sursaute brusquement.

« Et merde. », je ronchonne.

Mon crayon a traversé la feuille de manière involontaire et bousillé tout mon dessin. Je ne pourrais pas gommer alors je la froisse avant de la balancer dans la poubelle. Ensuite, je range mes feuilles dans mon classeur et le classeur à sa place : sous mon lit. Puis je vais rejoindre ma mère dans la cuisine.

Ce week-end, c'est seulement elle et moi. Son mari est parti voir un match de foot à Manchester avec Niall. Je sais que ma mère aurait voulu que j'y aille, moi aussi. Je l'ai entendue se disputer avec mon beau-père à ce propos, mais ce week-end sert à resserrer les liens père-fils, pas à se trimballer le boulet de sa femme. Au fond, ça me convient bien parce que je n'aurais pas eu envie d'y aller, de toute façon. Sauf que je me retrouvais seul avec ma mère et que, depuis qu'elle m'a avoué que mon père est mort, j'ai un peu de mal à la regarder dans les yeux. Pas parce que je lui en veux de m'avoir caché ça, mais parce que je m'en veux à moi de lui reprocher de me cacher des choses, alors que je n'arrête pas de le faire également. Je m'assois à table et elle me sert sans un mot. Comme je vois qu'elle est contrariée, je décide de rompre le silence.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Elle hausse les épaules, comme si ce n'était pas important.

« Je ne comprends pas pourquoi Tobias n'a pas voulu t'emmener ! », elle dit tout de même.

Je souris avant de la remercier pour l'assiette de pâtes qu'elle me tend.

« Franchement, je préfère être ici, avec toi.

– Peu importe. C'est injuste. Je suis toujours correct avec Niall, j'ai toujours tout propo—

– Maman, ne te lance pas là-dedans, tu veux ? Lui et moi, on ne s'entend pas. C'est tout. C'est pas important. »

Elle acquiesce, mais je sais que ça lui fait de la peine d'en prendre conscience. D'un autre côté, je lui ai toujours dit que son mari ne pouvait pas me saquer, elle n'avait qu'à me croire sur parole.

« Bien. », elle dit pour conclure la conversation.

Le silence le plus long et le plus lourd du monde s'installe alors. C'en est même oppressant et c'est la première fois que ça arrive. Je n'ai rien à dire à ma propre mère et c'est intolérable. Il faut que je trouve quelque chose à lui raconter, quelque chose qui prouverait que je ne lui en veux plus, que j'ai compris son geste, mais surtout quelque chose qui prouverait qu'on est toujours aussi proches.

« J'ai embrassé Louis. », je lâche dans la panique.

C'est sûr que j'aurais pu trouver autre chose. Un truc un peu moins chocou un peu moins intime. Je suis sur le point de lui rire au nez et de rajouter que c'est une blague, mais elle me contre et sa réaction a été surprenante.

« Je m'en doutais. », elle dit.

J'arrête de respirer, mon cœur s'emballe, mes mains deviennent moites. L'enfer. Comment ça, elle s'en doutait ? On est si peu discret ? Ou alors elle nous a surpris ?

« Comment ça ?

– Tu sais... je cherchais ton dossier scolaire la dernière fois. »

Je fais oui de la tête. Je m'en souviens, elle m'a appelé pour me demander où il se trouvait et je lui ai répondu qu'il était dans un classeur sous mon l—putain. Non.

Show Me You CareWhere stories live. Discover now