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«Le monde est un autre nom pour le désespoir,
Je suis ma propre joie et ma propre angoisse.
Chaque jour est un cycle d'amour-propre et de haine de soi.
Si nos chemins venaient à se croiser, y aurait-il une connexion ?
On non, peut-être que nos chemins se sont déjà croisés dans une vie antérieure.»

Namjoon marche pendant un long moment, caché sous sa capuche noir dans les rues de plus en plus bondées de sa ville. Il continue sans s'arrêter jusqu'à arriver devant une étendue de terre perdue, une ancienne décharge abandonnée depuis des années. Il s'avance maintenant lentement vers le seul bâtiment qui occupe les lieux, une grande bâtisse étroite aux nombreux miroirs qui autrefois était peuplée par de nombreux jeunes de la ville. Maintenant, plus personne ne vient ici. Même Namjoon ne sait même pas pourquoi il s'est rendu dans cet endroit.

Il force la porte soit disant blindée et parvient à se faufiler dans la pièce. Il fait d'abord lentement les cents pas puis il s'assoit contre un mur et pose sa tête contre celui adjacent. Le temps se fige soudainement quand il se remémore les journées et soirées passées ici, seul ou avec ses amis. Il repense à Jungkook, le dernier de la bande, le plus jeune. Celui qui ne l'a pas lâché des années après. Effectivement, c'est bien lui qui lui envoie tout ces dessins.
Ses pensées dérivent alors sur Seokjin, son ami de toujours. Le plus âgé et le plus mature. Certainement marié et père de famille en cette heure, et totalement inconscient de l'aide dont à besoin son ami. Peut être même qu'il ne se souvient plus de lui. Qui sait ?

Ce qui est un peu ironique, c'est que Namjoon, qui a la phobie sociale, est connu de beaucoup de monde. Il était très populaire au lycée et avait beaucoup d'amis quand d'un coup, tout s'est effondré. Pourtant, on ne peut pas mettre ça sur la faute du karma, il n'a jamais été méchant et étais toujours respectueux envers les gens. C'est même ce qu'il lui avait valu la réputation d'ange gardien. Il prenait toujours la défense des plus faibles et préférait discuter plutôt que de passer au conflit. Alors pourquoi lui ? Pourquoi l'avait-on choisi lui pour porter ce fardeau avec lui des années durant ? Personne ne le savait, pas même les médecins. Il ne s'étaient même pas vraiment attardés à son cas et l'avait décrété incurable sans même prendre la peine de lui parler. Il avait donc dû surmonter cela seul. Sans l'aide de personne. Mais là, à cet instant il en avait plus que besoin. Plus qu'à aucun autre moment de sa vie.

Ses souvenirs divaguent vers la dernière fois où il avait aperçu pour de vrai ses amis. Cela faisait déjà quelques temps qu'il ne sortait presque plus de chez lui et vivait encore chez ses parents.
Sa mère l'avait forcé à sortir prendre l'air en le jetant directement en dehors du salon familial. Elle pensait qu'il faisait exprès d'avoir peur de sortir pour rester chez lui et manger des céréales toute la journée en regardant des séries. Mais malheureusement, il ne mentait pas.
En passant dans la rue voisine, sur un trottoir à moitié effondré, une bande de trois garçons marchaient dans le sens inverse de Namjoon. Pour les éviter eux et leurs questions, il préféra se cacher sous sa capuche et foncer tête baissée vers l'intersection pour le faire revenir dans sa rue initiale. Mais manque de chance pour lui, Jungkook l'avait déjà vu et lui seul connaissait la sombre période qu'il était en train de traverser sans même se douter que quelques années plus tard il en serait toujours au même stade.
Le plus jeune lui adressa un signe de main que Namjoon avait bien sûr aperçu sans répondre. Mais il fut stoppé dans sa route pour Seokjin qui était arrivé en courant vers lui.
Celui-ci releva la capuche de son ami et dis de même avec sa tête pour avoir son regard. Le sien était froid et dur, rempli de questions, de tristesse et de colère tandis que celui de Namjoon était désolé et fuyard.

__Nam', je crois bien évidement Jungkook mais...j'ai besoin de t'entendre le dire toi même..commence Jin en retenant ses larmes naissantes aux coins de ses petits yeux.

De son côté, il ne savait pas quoi dire. En fait, il ne savait pas vraiment ce qu'il avait. Comme dit précédemment, les médecins ne s'était pas attardés sur son cas. Il avait entendu parler d'un nom entre deux ou trois rendez-vous médicaux en tout genre pour découvrir son problème et les raisons. Ne sachant que répondre, il renfonça sa capuche profondément sur sa tête et dans un élan de honte il lâcha faiblement ce nom : «Phobie sociale», avant de repartir de plus bel en courant pour éviter que ses amis ne l'aperçoivent plus triste que jamais.

WINGS | BTSWhere stories live. Discover now