Chapitre 30

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[ Mille excuses pour mon absence. J'ai été -et je le suis toujours- accaparée par mes projets et le temps me manque pour écrire. Je ne préfère pas maintenir la publication à un chapitre par semaine pour les prochains chapitres -et j'en suis désolée- mais je préfère être honnête avec vous plutôt que de vous faire attendre comme je l'ai fait ces derniers temps. Je vous promets de publier un chapitre dès que je le peux. Encore désolée. Je vous souhaite une bonne lecture et merci pour tout <3. ]



            J'ai l'impression de voir mon enfance défiler dans la moiteur de ses yeux, presque mirobolants, mais surtout, si douloureux à regarder. Je ne sais même plus si j'ai la force d'entendre sa réponse, ou plutôt, son refus... Je ne le supporterais pas, non, qu'elle m'avoue ne m'avoir jamais aimé me tuerait sûrement, car moi, je l'aime de toute mon âme. C'est ma mère, la seule qui saura toujours tout avant moi, quels aliments je mange ou non, quels mots me dire quand ça ne va pas, quels médicaments me donner quand tout va mal... C'est elle la pharmacienne de mon cœur, la guérisseuse de mon âme. Je me souviens qu'encore petit, j'étais son trésor, sa broche qu'elle n'aurait échangés pour rien au monde, mais tout ça, il faut croire que c'est du passé...

Elle se lève doucement, la lumière faisant refléter ses yeux brillants et je reste assis, détournant le regard, car je n'arrive plus à cacher mes larmes. Ses mains frêles et froides réchauffent pourtant les miennes, puis sa main vient toucher ma joue. Comme c'est douloureux de ressentir le manque de ce geste depuis tant d'années en cet instant !

Doucement, mon visage appelé par sa main trouve le sien. Elle est agenouillée, prête à se damner pour que je lui pardonne et je sais que les mots sont pour elle si difficiles à exprimer qu'ils se bloquent dans sa gorge.

- Je n'arrivais pas à te mentir...

Mon cœur se serre et mon esprit longtemps resté enchaîné, aveuglé par cette fumée épaisse appelle au vent. L'un des plus grands mystères de mon existence est sur le point de m'être révélé, me mettant dans l'incapacité d'effectuer le moindre geste.

- Je ne parvenais tout simplement plus à te regarder dans les yeux ou te parler un seul instant sans avoir la culpabilité qui me rongeait, qui me ronge encore Lyam.

Elle ferme les yeux et essuie ses larmes d'une main tremblante, qu'elle hésite à reposer sur la mienne.

- Je t'ai enlevé ton père ! Je t'ai privé de ton enfance ! Je ne pouvais pas te serrer dans mes bras, te dire à quel point je t'aimais et je t'aime Lyam, parce que je t'avais arraché aux bras de celui que tu aimais le plus au monde : ton père.

La culpabilité. Ce sentiment si tortueux qu'il retirerait l'âme du plus repentant des hommes. Mes mains resserrent les siennes avec fougue, comme si j'avais peur qu'on me sépare de ma mère une nouvelle fois...

- Dis-moi comment j'aurais pu être digne de toi ? Comment aurais-je été digne de ton amour ? Je préférais que tu me haïsses, souffrir d'être loin de toi, plutôt que t'infliger une mère aimante certes, mais menteuse. Une mère prête à tout pour son fils, peut-être même un peu trop...

Elle reprend difficilement son souffle entre chaque phrase, comme si chaque mot lui extirpait son oxygène. Alors, elle relève la tête, me fixant de ses prunelles rougies par l'affliction et chasse toute trace de fumée encore restante.

- Une mère... prête à ce que tu la détestes, car elle le méritait, plutôt que tu l'aimes alors qu'elle ne le méritait pas.

Tous ses sacrifices, tous ses gestes suspendus dans les airs, ses caresses à la dérobée quand elle croyait que Morphée m'avait accaparé me reviennent. Au plus profond de mon cœur, j'ai toujours su qu'elle m'aimait. Je l'ai toujours senti malgré la tempête qui nous séparait.

Il est tombé pour elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant