Chapitre 27

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D'un pas plutôt méfiant, je m'avance vers la terrasse du café, comme si je voulais me convaincre que ce n'est qu'un mirage. Hélas, plus je m'approche, plus la réalité me saute aux yeux. Je ne supporte plus tous ces mensonges : le pari, puis maintenant ma mère. Qu'a donc cet homme de si particulier pour qu'elle ne puisse pas me le révéler ? Toutes ces questions sans réponses me tourmentent. Je le sais maintenant, j'ai trop attendu. Si elle ne veut pas me dire la vérité d'elle-même, je la trouverai par mes propres moyens.

    Le feu tricolore me semble interminable pour pouvoir franchir le passage piéton qui nous sépare. Elle est de dos, vêtue de son tailleur blanc et les cheveux peignés d'une manière impeccable comme à son habitude. Lui, semble aussi mal en point que la dernière fois, quoiqu'un peu plus joyeux. Ses cheveux sont toujours aussi ternes et ses yeux sont soulignés par la fatigue. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de leur table maintenant et mon cœur palpite d'appréhension. Ma respiration se fait plus lourde, je suis mué par ma soif de curiosité et endigué par la peur. Mes yeux sont hypnotisés par l'homme. Il parle très calmement et sourit de temps à autre. Et si ma mère m'avait menti ? Trompait-elle mon père de son vivant ? J'emboîte le pas sur mes idées négatives et prends une profonde inspiration.

    Mon sang s'accélère, les battements de mon cœur retentissent dans tout mon être et je parcours les derniers mètres qui nous séparent. Je demeure le regard fixé sur l'homme qui relève son visage vers le mien par pur réflexe. Nos yeux se croisent et les siens s'écarquillent. Visiblement, il me connaît. Il est temps que l'on fasse mutuellement connaissance. Ma mère, voyant le manque de réaction de son interlocuteur se retourne et en perd ses mots, la bouche grande ouverte, le regard hébété.

    - Lyam ?...

    - Maman, lancé-je, froidement.

    Elle est totalement paniquée. Son regard vaque entre moi et l'homme qui semble lui aussi soucieux, mais un sourire à peine perceptible vient ravir ses lèvres.

    - Tu ne me présentes pas ? demandé-je.

    - Je...

    Elle observe l'homme avec une lueur que je n'avais jamais vue dans ses yeux : le regret. Il semble plutôt compréhensif et soupire en hochant la tête.

    - Ça n'a pas d'importance. Je m'apprêtais à partir de toute manière, reprend-elle.

    Elle se lève, prête à fuir une nouvelle fois la situation, mais cette fois-ci, je ne la laisserai pas faire. Je me place devant elle, la sondant du regard. Je ne l'ai jamais vue dans cet état, aussi déboussolée.

    - Ça en a pour moi.

    - Lyam... Ne rend pas les choses difficiles s'il te plaît.

    Ma respiration devient de plus en plus courte. Je sens que mes nerfs sont mis à rude épreuve.

    - Maman, je veux que tu m'expliques qui est cet homme, cinglé-je.

    L'homme resté assis tout le long de notre échange se relève et pose sa main sur l'épaule de ma mère.

    - Helena, il temps de lui dire la vérité, dit-il d'un ton calme.

    Sa voix déclenche une vague de frissons dans tout mon corps, comme si elle lui était familière.

    - Non ! C'est beaucoup trop imprudent ! crie-t-elle.

    - Ce qui est imprudent, c'est de faire une scène dans ce café, répond-il, toujours aussi calme.

    Ma mère prend son visage entre ses mains, au bord des larmes. Je ne m'attendais pas à la voir comme cela et ça m'attriste forcément. Malgré son attitude froide vis-à-vis de moi, elle reste ma mère et je l'aime plus que tout au monde.

Il est tombé pour elleМесто, где живут истории. Откройте их для себя