Chapitre 51

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Les effluves d'alcool flottaient, baignées dans celle, âcre, de la sueur. Les projecteurs créaient un effet kaléidoscopique sur la piste de danse de la boîte de nuit, et les gens dansaient collés serrés, certains tellement appuyés les uns contre les autres que l'on aurait difficilement imaginé qu'ils ne faisaient que bouger au rythme de la musique.

J'écartai les danseurs sans ménagement malgré leurs protestations afin d'accéder au bar. Je n'allais pas attendre sagement qu'ils se poussent alors que je pouvais les dégager de mon chemin si facilement !

Tous les tabourets du bar étaient occupés, aussi m'approchai-je dangereusement d'un homme qui sirotait tranquillement une vodka. Quand j'entrai dans son champ de vision, il me reluqua de la tête aux pieds, avec un regard affamé. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres humides et il s'apprêtait à m'aborder lorsque je le coupais net.

- Dégage, ordonnai-je en le fixant droit dans les yeux.

Aussitôt, l'homme se leva, et tituba vers la sortie du bar, manquant de trébucher plus d'une fois. Apparemment, la vodka n'était pas faite pour lui. Je pris place sur le siège et lissai les plis de ma robe noire assez courte et décolletée. C'était un atout qui me permettait bien plus facilement d'attirer les humains dans ma tanière.

Cela faisait maintenant deux semaines qu'Aiden avait fait effacé mes émotions, et je me comportais très bien sans. Je n'avais jamais autant profité du sang qu'en ce moment. Plus rien ne m'inquiétait désormais. J'enchaînais veine sur veine, hôtel sur hôtel, même les plus coûteux. Je n'avais besoin que de ma paire d'yeux luisants et de mes crocs, et tout se faisait en un claquement de doigt.

Mais les affiches des disparus n'avaient pas tardé à joncher les murs de la ville, aussi avais-je parcouru plus de cent kilomètres au sud pour m'éloigner de mon bain de sang. Bien entendu, je ne laissais jamais aucune preuve. Aucun mur, ni sol n'était maculé, et je me débrouillais toujours pour enterrer les cadavres au fin fond d'une forêt ou d'un trou paumé.

Avec ça, plus besoin de poches de sang ! Ma faim n'était jamais assouvie à cause du plasma, et l'acuité de mes sens stagnait. J'étais devenue insatiable.

Je n'avais d'ailleurs plus eu aucun souci de vision ou autres problèmes d'Élue en détresse. Je vivais enfin pleinement, sans me soucier du lendemain. J'étais puissante, et capable de tout.

Je commandai un whiskey au barman ; l'alcool était la seule boisson qu'un jeune vampire peut ingurgiter, excepté le sang. De plus, nous pouvions en boire autant que nous le souhaitions, nous possédions toujours toutes nos facultés sans la moindre défaillance.

- Tu n'as pas vingt-et-un ans, je me trompe ? s'enquit le serveur.

- Sers-moi ce verre, intimai-je.

J'avalai cul-sec la première chope, et la tendis une seconde fois. Il me la remplit à nouveau, pourtant réticent.

- Je risque d'avoir des problèmes, maugréa-t-il.

- Ferme-la et passe-moi la bouteille.

Sans insister, il me fila le whiskey et je bus au goulot.

Je me rendais tous les soirs dans les lieux fréquentés, comme les pubs, les boites de nuit, ou les casinos afin de choisir minutieusement mon gibier. Chaque personne sentait une odeur différente. Certaines étaient plus alléchantes que d'autres. L'âge, le sexe et l'état d'ivresse composaient également des critères importants. Je préférais nettement les hommes d'une vingtaine d'année et en faible état d'ébriété. Je me décidais comme dans un supermarché, comparant les produits avec autant d'attention que si ma vie en dépendait.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant