La nature de Roxane - tome 1 : Maudits

Chapitre 32

CHAPITRE 32

Lorsque je vis Aaron, je bloquai aussitôt mes pensées. En réalité, je les avais bloquées dès que j'eus appris le rôle sombre que je devais jouer. Et si c'était Aaron qui devait mourir ?

Hors de question que je le tue. Ni aujourd'hui, ni jamais. Même au prix d'une malédiction avec autant d'ampleur, je ne sacrifierai sa vie en aucun cas. Je ressentais trop... d'affection, à son égard. Tu es amoureuse, susurra une petit voix dans ma tête. Bon appelle ça comme tu veux, mais je ne le tuerai pas.

- Du nouveau ?

- Pardon ?

J'étais perdue au milieu de mes réflexions, emportée par un tourbillon de questions, et je n'avais même pas fait attention à Aaron qui s'avançait vers moi.

- Tu es partie avec Chad parce qu'il avait quelque chose à te dire au sujet de la malédiction, alors je voulais savoir ce que tu avais appris.

- Ah ! La malédiction... Eh bien, rien de nouveau, à part qu'on doit la briser coûte que coûte.

Il me jeta un regard inquiet. Je tentais un sourire qui se transforma en grimace, mais Aaron ne mordit pas à l'hameçon.

- Quelque chose ne va pas, n'est-ce pas ?

- T'en fais pas, c'est rien.

Pitié que mes pensées restent bloquées ! Faites qu'elles restent bloquées !

Aaron me lança ce genre de regard qui tue, celui qui signifie très clairement « je ne te crois pas, et tu ferais mieux d'avouer la vérité », mais à ma plus grande surprise je ne flanchai pas et ouvris les portes de la cafétéria.

Je fis la queue derrière la vingtaine d'élèves qui se servaient dans les bacs tous remplis d'autant de mets différents. De toutes les odeurs qui régnaient dans la pièce, une seule m'intéressait.

- Qu'est-ce qu'on doit faire de Sally ? demanda Lucy tandis qu'elle remplissait son assiette de frites.

- L'ignorer, répondit Chad.

- Non, elle comprendrait que nous ne la regardons plus du même œil, rétorquai-je.

- C'est le cas. On ne peut pas continuer à faire semblant indéfiniment. Il faut mettre les choses au clair avec elle et voir où ça nous mène, ajouta Aaron.

- La dernière fois qu'on a laissé agir les choses, tu t'es retrouvé enchaîné dans un sous-sol, à moitié vidé de te sang.

Je me dirigeai vers une table vide, mes amis et leurs plateaux pleins sur les talons. A peine assis, Lucy et Chad se disputèrent à propos de la façon dont il fallait passer à l'action. Aaron ne perdit pas son temps et avala deux steaks, une assiette de pâtes, et ne tarda pas à s'attaquer aux fruits. Même humaine, je ne mangeais pas autant que lui. J'ignorais qu'un loup-garou avait autant d'appétit.

J'étais happée par mon verre de sang quand quelqu'un tira la chaise à côté de moi.

- Bon appétit, les amis !

Sally.

Un silence se fit pesant durant une seconde, puis nous Lucy tenta un sourire qui se transforma en grimace. Aaron serra imperceptiblement la mâchoire, et ma main se crispa sur mon verre.

- Quel vent t'amène ? m'enquis-je.

- J'ai faim. Et puis il est treize heures, donc c'est l'heure de manger.

Super...

Je posai mon verre un peu trop fort sur la table et du sang gicla sur ma main. Je pris soin de l'essuyer avec un mouchoir en ignorant le tremblement de mes mains, mais Aaron n'y manqua pas.