48. Collée à la peau

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Zoro observa le cuisinier dans les bras de leurs compagnons d'équipage. Le blond avait attendu que le petit déjeuner soit presque terminé pour évoquer ce qui lui était arrivé la veille et bien qu'il ait tenté de le faire le plus naturellement possible, son émotion avait été palpable. Il avait néanmoins tenu à tout leur raconter : son incompréhension, sa confusion et surtout, sa détresse. Lorsqu'il s'était tû quelques minutes plus tard, sa voix serrée n'avait échappé à personne et en réponse, Chopper, Usopp, Franky et Nami s'étaient précipités vers lui.

Sanji avait été surpris mais il n'avait pas tardé à se laisser aller et à présent, à voir son visage soulagé et ses bras refermés autour de ses amis, Zoro ne doutait pas qu'il s'agissait de son plus grand réconfort. Ce soutien physique était exactement ce dont le cuisinier avait besoin et malgré sa bonne volonté, le sabreur savait qu'il n'était pas celui qui pouvait le lui offrir. Chacun avait son rôle à jouer pour soutenir leur compagnon et le doux sourire de Robin qui terminait son thé comme le rire satisfait de Luffy participaient à l'apaiser au même titre que cette étreinte.

Sanji releva bientôt la tête et son regard chercha celui de l'épéiste toujours assis. Zoro hocha alors la tête en retour, un moyen de le féliciter à sa façon. Le cuisinier lui avait dit qu'il informerait l'équipage dès le lendemain et il l'avait fait. La veille, le blond était pourtant terriblement affecté et quelques semaines plus tôt, il aurait fait de son mieux pour lui cacher son état. Mais Sanji n'était plus le même et il affrontait désormais chaque nouvelle journée de son mieux. Il avait toujours mal mais il refusait de laisser sa conduite être dictée par la peur. Il progressait indéniablement et le sabreur en était le premier témoin. Que ce soit par sa posture ou par ses choix, Zoro retrouvait de plus en plus souvent son compagnon d'équipage et cette constatation lui réchauffait le corps malgré son visage au demeurant impassible.

Le blond se détourna finalement pour profiter à nouveau de la chaleur de ses amis et Zoro reporta son attention sur sa droite pour jeter un œil du côté de Luffy qui riait avec Brook tout en tentant de voler son dernier pancake à Jinbei. Le bretteur se sentait profondément reconnaissant envers son capitaine et son respect envers lui avait même encore augmenté. Le garçon au chapeau de paille possédait définitivement une personnalité hors norme et le fait qu'il soit parvenu à voir au-delà du personnage dans lequel le blond s'était enfermé pour le ramener à la raison en était une preuve supplémentaire. Zoro savait que personne d'autre n'aurait pu atteindre le cuisinier comme Luffy l'avait fait. Lui n'aurait jamais pu y parvenir, ne serait-ce que parce qu'il n'avait même pas perçu la souffrance de son compagnon alors qu'il l'avait tenu entre ses bras. Comme Sanji, le sabreur avait tout à réapprendre.

Zoro passa soudain une main distraite sur le Kitetsu à sa taille. Retrouver ses habitudes avec le cuisinier le mettait à l'épreuve lui aussi. En récupérant une forme d'authenticité entre eux, c'était en effet tous les soubresauts de leur relation passée qui les rattrapait en même temps et notamment les derniers évènements qui les avaient éloignés.

Le bretteur caressa alors doucement sa garde dans l'espoir d'apaiser son sabre autant que lui-même. Quelques jours auparavant, il s'était laissé surprendre par le retour de leur rituel. Totalement immergé dans son combat contre le blond, il en avait oublié l'espace flou dans lequel ils flottaient désormais tous les deux. Se battre était probablement leur plus grande habitude et le meilleur moyen qu'ils avaient toujours eu de s'exprimer. Zoro s'était ainsi laissé embarquer, l'excitation pulsant dans ses veines alors qu'il retrouvait son compagnon un peu plus à chaque coup échangé. Il avait été davantage concentré sur Enma et c'est tout naturellement que le Kitetsu avait aspiré ses désirs inconscients. A l'issue de sa dernière attaque, le sabre noir avait foncé vers le cuisinier et Zoro l'avait arrêté à quelques millimètres de son torse.

A l'ombre de nos cœursWhere stories live. Discover now