35. A travers vous

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« Qu'est-ce que je dois faire ? »

Assis sur le lit de l'infirmerie du Sunny, Sanji suivit du regard le petit renne qui déposait son stéthoscope sur son bureau. Le chirurgien de la mort avait fait du bon travail et les brûlures du cuisinier de l'équipage au chapeau de paille guérissaient rapidement, tout comme sa blessure à l'estomac.

La question n'avait donc rien à voir avec son corps mais bien avec le problème autrement plus important que le médecin de bord et son capitaine avaient soulevé à son réveil. Après avoir ruminé sa colère, Sanji avait pris une journée dans le sous-marin des Hearts pour faire plus calmement le point sur sa situation. Sa discussion avec Law l'avait aidé à prendre du recul à ce sujet et il avait fini par revenir sur le Sunny une heure auparavant.

A cet instant, l'équipage était dans la cuisine autour du petit déjeuner et il avait pris son courage à deux mains pour les retrouver, sachant qu'ils étaient tous réunis. Il n'avait pas fait de grand discours. Le cuisinier avait conscience qu'il avait déjà présenté des excuses à maintes reprises à ses amis dernièrement, leur assurant qu'il allait mieux se comporter. A chaque fois cependant, il s'était davantage enfoncé dans l'abîme alors sa parole n'avait plus beaucoup de valeur.

Sanji avait donc décidé qu'il ne lui restait plus qu'à passer aux actes. Il ne pouvait pas demeurer en colère éternellement, non seulement parce que cette rage ne ferait pas disparaitre ses problèmes, mais aussi parce qu'il ne pouvait pas blâmer ses compagnons pour ce qui lui arrivait. Ils n'y pouvaient rien et cherchaient au contraire à l'aider. La vérité avait été douloureuse à entendre mais leur en vouloir lui ferait plus de mal encore car leur présence et leur amitié représentaient ce qu'il chérissait le plus au monde. Sans l'équipage à ses côtés, qu'adviendrait-il de lui ? Il n'aurait plus de raison de se battre ni même de chercher All Blue. Sanji savait qu'il n'aurait pas la force de se relever pour lui-même mais pour ses compagnons, il était prêt à tenter l'impossible.

C'est pourquoi sitôt le petit déjeuner fini, Chopper avait trouvé le blond dans son infirmerie et celui-ci lui avait expliqué sa démarche. Le médecin avait approuvé mais avait d'abord voulu l'examiner. Rassuré à ce niveau, il se tourna ensuite vers son patient.

« Quel est ton objectif ?

- Aller mieux, répondit aussitôt le cuisinier. Résoudre ce... problème d'identité ou je ne sais quoi. Je ne veux pas continuer à déstabiliser l'équipage par mon comportement stupide, je ferai ce qu'il faudra. »

Le renne le considéra un instant.

« Tu auras besoin de revenir sur ton passé pour y arriver, est-ce que tu y es prêt ?

- Pas vraiment mais ma décision est prise et je le ferai quand même. Juste... je ne sais pas par où commencer. Est-ce qu'il faut vraiment que je raconte toute mon enfance à quelqu'un ? demanda-t-il, mal à l'aise.

- Non, on peut utiliser d'autres méthodes.

- Parfait. Faisons ça. »

Chopper hocha la tête.

« Dans ce cas, je voudrais que tu commences par réfléchir à la perception que tu as de toi-même, ce qui te définit. Il faut que tu puisses te représenter pour que tu te sentes en possession de ton propre corps.

- La représentation que j'ai de moi-même ? réfléchit le blond. C'est-à-dire la manière dont je me vois ?

- Oui. C'est un exercice difficile mais il est nécessaire pour que tu te réappropries ta propre singularité.

- Eh bien... Zeff avait l'habitude de dire qu'il fallait se montrer intraitable sur la qualité de la cuisine et je crois que j'ai bien intégré ce trait. En même temps, j'ai aussi tendance à me montrer plutôt accommodant avec la plupart des personnes que je rencontre, tout le monde ne peut pas tout réussir du premier coup... Je crois que je suis aussi... bizarre d'un point de vue extérieur ? Je veux dire, j'ai pas mal de manies qui peuvent paraître étonnantes de prime abord, » grimaça-t-il.

A l'ombre de nos cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant