La nature de Roxane - tome 1 : Maudits

Chapitre 28

CHAPITRE 28

Je suivais la trace d'Aaron en me balançant d'arbre en arbre. Il fallait éviter de me faire attraper par les loups-garous, qui, d'après lui ne me réserveraient pas un accueil chaleureux si jamais ils me découvraient sur leur territoire. Maudite guerre, ne pus-je m'empêcher de penser. La vie était un flot de préjugés. A cause de la longue bataille qui avait éclaté entre ceux de mon espèce et les lycanthropes, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient les meilleurs amis du monde. Pourtant, il y avait de l'espoir. Tous les loups-garous et tous les vampires n'étaient pas cruels ; mes parents, deux créatures différentes s'étaient mariés une dizaine auparavant. Aaron était un bon ami depuis que je l'avais rencontré au lycée. Bien sûr, les preuves n'étaient pas énormes, mais si nous en rassemblions plus, peut-être qu'une paix officielle pouvait se créer.

Je réfléchissais tout en traversant la forêt. Aaron faisait de grandes enjambées, mais sa vitesse ne pouvait égaler la mienne. Ne te moque pas, crus-je entendre de sa part.

Je n'en revenais toujours pas de pouvoir recevoir ses pensées.

C'est obligé que ce soit toi, l'Élue ! Tu viens de recevoir ton premier don !

Oui, je venais de recevoir mon premier don, mais je devais maintenant apprendre à barricader mes pensées, afin d'éviter tout intrus.

Certains secrets méritent d'être gardés.

Lorsque je regardai à nouveau en bas, je ne vis plus Aaron. Je stoppai net mon avancée, pris le temps de regarder attentivement autour de moi, mais il avait simplement disparu.

Aaron, si c'est une blague prépare-toi à courir.

Mais il ne répondit pas, et je ne sentais plus sa présence. Peut-être que lui aussi savait dissimuler ses pensées, et il se cachait sûrement pas loin. J'allais le retrouver d'une minute à l'autre.

Je rejoignis la terre ferme pour suivre ses traces plus facilement. À moins qu'il n'ait volé, ce qui était peu probable, je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait aucune empreinte sur le sol. Elles s'arrêtaient net à un endroit, et disparaissaient tout bonnement.

Quand je relevai la tête, je sentis l'odeur du sang d'Aaron, qui s'échappait loin devant moi. Je me mis à suivre l'effluve sucrée du loup-garou, qui me fit bifurquer dans tous les sens, comme pour me semer.

Je ne comprenais plus rien, si ce n'est que mon ami était en danger. Je me mis alors à courir le plus vite possible, sautant par-dessus les racines, esquivant les arbres et les branches qui voulaient m'arracher à mon but. J'étais tellement affolée à l'idée de voir Aaron à nouveau blessé que rien d'autre ne comptait. Le pire était que j'ignorais totalement où il se trouvait, et comment il y était arrivé en si peu de temps.Je courais plus vite que lui et toute une meute de loups quand même ! C'était forcément autre chose.

Quelque chose de plus dangereux encore.

Peut-être qu'il s'agissait d'un membre de la secte de la malédiction. Peut-être qu'ils étaient venus terminer leur travail. Ou revendiquer leur revanche.

Peut-être -et sûrement- que j'étais la prochaine sur la liste.

Mais peut-être qu'à ce moment-même, c'était sur Aaron qu'ils se vengeaient.

Un choc retentit. Des os se brisèrent. Un cri résonna. Du sang coula à flot.

Mais les sons glauques provenaient de l'autre côté des bois. Le parfum du sang d'Aaron m'avait menée dans la mauvaise direction. Quelqu'un cherchait réellement à me semer, tandis que la vie d'Aaron était en danger.