Point de vue de Lou
Quand je me réveille, je suis allongée dans mon lit. Mes yeux s'ouvrent sur le plafond blanc de ma chambre. Une fois que mes paupières se sont entièrement ouvertes, j'entends la voix de Violette qui me fait sortir de ma torpeur. Elle embrasse doucement mon front, ses mèches chatouillant mes joues, et j'entreprends de la prendre dans mes bras mais la douleur me coupe dans mon élan. Je couine de douleur, Violette me prend doucement la main pour me rassurer. J'entends la voix d'Adam qui attire mon attention :
— Je crois qu'on va vous laisser discuter tranquillement.
Je n'ai même pas remarqué leur présence, mais Léo et lui sont à la porte de ma chambre. Avant qu'Adam ne la ferme il nous dit de ne pas oublier qu'ils nous aiment et qu'ils seront toujours là pour nous. Puis, il sort. Nous laissant dans un calme plat.
— C'est bon, tout va bien se passer. Ce n'est rien de grave. Je suis là, me murmure doucement Violette à l'oreille.
— Quelle idée de sauter d'une fenêtre aussi... Je suis vraiment en sucre, articulé-je en souriant péniblement.
Elle me sourit et se met sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Quand nos lèvres se touchent, une vague de chaleur me traverse le corps. Nous nous séparons difficilement et elle me demande si j'ai besoin de quoi que ce soit. J'ai soif et elle entreprend d'aller me chercher à boire mais au moment où elle veut sortir de la pièce, le mur derrière elle explose dans un vacarme assourdissant, éparpillant des débris de verre partout provenant de la fenêtre alentours.
Fin du point de vue de Lou
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Point de vue de Violette
Je sors automatiquement mon arme et me met à tirer. Une fois débarrassée de nos agresseurs, je range mon arme juste à temps pour que les autres ne la voient pas. Ils ouvrent la porte et Adam crie de terreur à la vue des corps sur le sol. Je lance un regard à Lou qui comprend tout de suite.
— Ecoutez, il faut sortir immédiatement du bâtiment ! ordonné-je.
Adam est complétement paniqué :
— Mais qu'est-ce qui se passe ?!
Je lui dis qu'ils doivent à tout prix évacuer l'école. Ils s'apprêtent à partir mais quand ils remarquent que nous ne les suivons pas ils se retournent et nous questionnent du regard.
— On va se débrouiller, ne vous en faites pas ! Maintenant, filez !
Léo décampe sous les ordres de sa cousine. Adam lance un dernier coup d'œil inquiet à ma bien-aimée avant de disparaître.
Nous avons de la chance, c'est le week-end donc il n'y a pas que peu d'élèves. Je fais remarquer à Lou qu'ils ne sont sûrement pas venus seuls. Une autre attaque se prépare, je le sens.
— Viens avec moi, nous devons trouver un endroit où nous pourrons nous cacher, on n'a presque rien sous la main, tout juste nos deux pistolets et un couteau. On va pas aller bien loin avec ça.
Je la suis jusqu'au placard de la salle des professeurs. Elle le ferme une fois que nous sommes toutes les deux à l'intérieur. Je la vois recharger son arme mais je l'arrête en posant l'une de mes mains sur son pistolet. Elle lève des yeux emplis d'incompréhension vers moi. Je chuchote :
— Je t'interdis de te battre dans ton état !
— Pourquoi dis-tu ça ? T'es complètement folle, tu sais que tu vas avoir besoin de moi !
— Oui mais il y a des choses beaucoup plus importantes que ça !
Je mets délicatement une main sur son épaule. Elle comprend mais ne se laisse pas démonter pour autant. Elle pointe son pistolet sous ma mâchoire.
— Je suis capable de tuer, c'est pas une fracture bénigne qui va m'en empêcher !
Je reste silencieuse.
— Je me connais ! Et toi aussi tu me connais ! Tu sais que ça ne sert à rien de m'ordonner de rester ici à attendre que tu te fasses tuer sous prétexte que je suis blessée ! Je ne suis pas mourante ! Je vais sortir de ce placard avec toi et on va se battre, est-ce-que c'est clair ?!
Je déglutis difficilement en hochant la tête. Elle retire son arme de sous mon visage et la range dans son étui.
— Bon, pourquoi sont-ils venus alors qu'ils savent pertinemment que nous ne sommes pas seules ici ? Ils devaient pourtant se douter que les autres élèves iraient alerter la police !
— Je pense que leur objectif a changé, soufflé-je.
Lou me regarde confuse.
— Comment ça ?
— Ce qu'ils veulent désormais c'est nous tuer, et ce à n'importe quel prix. Shaun se doute que nous sommes sur une piste qui pourrait compromettre ses plans. Il sait que nous savons quelque chose qu'il ne faudrait révéler sous aucun prétexte.
En effet. Cela fait plusieurs mois que Lou et moi faisons des recherches pour le retrouver. Nous avons parcouru les moindres recoins de la ville en quête d'une information ou indice pouvant nous mener sur la voie. Malgré les réprimandes de son oncle, le réseau d'informations familial de Lou nous a permis de faire des avancées énormes très rapidement, nous permettant de trouver le nom de son organisation. Nos recherches se sont donc portées sur ce groupe, sa constitution, ses activités plus ou moins licites et les lieux qu'ils fréquentaient. Ils sont très bien organisés et nous n'avons pas pu dénicher Shaun. Nous étions au point mort lorsque j'ai découvert que l'un de leur membre haut placé se prénomme Christopher, Christopher Covack.
— C'est bien beau tout ça mais je ne sais toujours pas pourquoi ça t'a perturbée d'entendre le nom de Covack, me rétorque Lou.
— Et bien... Quand j'étais plus jeune, je devais avoir 13 ans, j'ai rencontré un garçon de mon âge. Il a été mon meilleur ami pendant plus de trois ans. On s'est retrouvé à suivre le même entraînement avec Valery. Il avait perdu ses parents durant son enfance et lui aussi voulait se venger... De son frère.
Lou écarquille les yeux sous le coup de la surprise.
— Mon meilleur ami s'appelait Sacha Covack.
— Tu parles au passé... Qu'est ce qui lui est arrivé... ?
— Christopher l'a retrouvé et l'a tué à son tour...
Je me mords la lèvre inférieure pour m'empêcher d'éclater en sanglots et de dévoiler notre présence. Mais c'est tellement difficile...
Fin du point de vue de Violette
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Point de vue de Lou
Je prends doucement Violette dans mes bras.
— Voilà pourquoi j'ai eu cette réaction face à ce nom... Shaun n'est pas le seul que je dois tuer maintenant que j'ai retrouvé Covack, marmonne-telle la tête enfouie dans le creux de mon cou.
— Je serai toujours là pour t'aider Violette.
Je pose mes lèvres sur les siennes dans un baiser passionné. Quand nous le rompons, notre regard a changé. Il s'est mué en un regard dur et empli de détermination. Un regard qui réclame vengeance. Violette pousse la porte violemment en sortant ses armes et nous nous mettons à tirer sur nos adversaires. Une fois que nous les avons tous abattus, nous nous mettons chacune d'un côté de la porte. Mes yeux rejoignent ceux de Violette et elle me fait un signe de la tête. Je me mets face à la porte. Personne. Je sors en visant vers la droite puis vers la gauche. La voie est libre. J'avance lentement pour ne pas faire de bruit. Ma coéquipière me suit en me disant que nous devons établir une stratégie.
— Je suis d'accord avec toi seulement... Nous ne connaissons pas la position de nos ennemis ni leurs armes. Et puis, comment veux-tu que nous nous déplacions dans le bâtiment sans nous faire repérer ? Je suis sûre qu'ils ont déjà quadrillé l'ensemble du secteur. Nous n'avons plus aucune chance de nous échapper. La seule solution serait de tous les tuer. Mais nous ne sommes que deux face à des adversaires dont nous ne connaissons strictement rien. Tu penses sérieusement que nous allons nous en sortir ?! En plus on n'est pas équipées, faut être complétement folles !
Elle fait mine de réfléchir intensément avant de me répondre puis affiche un sourire lumineux.
— Oh oui nous allons nous en sortir ! Regarde, j'aime pas tellement piller des cadavres mais avec ça on peut s'en sortir. - Elle illustre sa parole en récupérant les armes de nos assaillants sur leurs dépouilles - Bon, ok, elles ont déjà pas mal servies et les munitions se font rares... Mais c'est mieux que rien, à la guerre comme à la guerre ! dit-elle animée d'une furieuse vague d'énergie.
Une fois réarmée au mieux nous continuons d'avancer dans le couloir, à l'affût du moindre mouvement. Soudain, je sens quelque chose me frôler la joue avant de venir se planter dans le mur en face de moi. Un léger filet de sang s'écoule le long de l'entaille. Je me retourne et d'un geste précis, je tire. Ma balle vient se ficher entre les yeux de celui qui a osé me blesser. Mais je tombe à genoux, ma respiration se fait difficile et je grimace. J'ai mal !
Fin du point de vue de Lou
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Point de vue de Violette
— Q... Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— J'ai simplement mal, j'ai dû respirer trop fort à cause de l'effort... Je pense pas que ce soit tellement conseillé de s'engager dans une tuerie quand on a une cote fracturée, souffle-t-elle en se redressant lentement.
Elle gémit en se remettant en marche tant bien que mal :
— Mais ça va aller !
— J'espère que tu plaisantes ! rétorqué-je en la retenant par la manche.
Elle retire son bras violemment en me regardant dans les yeux.
— Je te dis que ça va aller ! crie-t-elle avec une expression féroce pour mieux me tourner le dos et continuer d'avancer dans le couloir.
Je ne peux pas faire autrement que de la suivre sans protester. Je ne peux pas l'obliger à rester ici pour m'attendre. De toute façon, elle serait plus en danger en restant seule dans cet endroit qu'avec moi. Surtout qu'elle ne peut pas sortir du bâtiment. Nous sommes bel et bien prises au piège.
On descend les marches de l'escalier principal. Nous abattons rapidement deux hommes postés à cet endroit, concluant notre arrivée au rez-de-chaussée. C'est à ce moment que mon regard croise celui de Covack.
— Christopher...
— Comme on se retrouve ma chère Violette... Quoi de beau depuis la dernière fois que l'on s'est vu ? C'est le jour où j'ai abattu ce pauvre minable si je me souviens bien !
— Comment oses-tu traiter ton propre frère de minable ? aboyé-je animée par la colère qui m'envahit.
— Rectification. Ce n'est plus mon frère. Il est mort je te rappelle !
— Enfoiré !
Je lui tire dessus si férocement que j'entends Lou sursauter derrière moi, mais il réussit à se réfugier derrière un mur.
— C'est tout ce que tu sais faire, Volpe ? Je te croyais plus douée que ça. Tu me déçois !
Il sort de sa cachette, armé d'une kalachnikov, et nous tire dessus. J'attrape Lou et nous nous cachons derrière la balustrade en pierre de l'escalier.
— Mais c'est un psychopathe ce type !? Il nous sort des répliques dignes d'un navet. Tu es sûre qu'il est si impressionnant que ça ? Je suis certaine qu'on peut trouver une faille.
— On va avoir beaucoup de mal, crois-moi.
— Je pense que tu es bien trop impacté par ce qu'il a fait à ton ami, il existe toujours une faille ! affirme Lou déterminée.
— Je connais tout de lui. Il n'a pas de faiblesse. Regarde tu as bien vu comme il était confiant...
Les tirs ont cessé. Lou en profite pour rétorquer. Elle est trop loin pour viser correctement mais une de ses balles atterrit dans sa poitrine, lui coupant le souffle. Elle s'arrête de tirer. Il baisse les yeux pour constater les dégâts. Quand il redresse la tête, il affiche un sourire horrible et un regard fou.
— Tu pensais vraiment que je n'avais pas prévu ça ?! hurle-t-il en riant.
Il ouvre sa veste nous dévoilant son torse intact.
— Je ne pensais pas que tu pouvais être aussi stupide ! Je ne suis pas un débutant, vous devriez pourtant savoir que je suis l'un des meilleurs ! Je suis préparé à chaque éventualité. J'ai mis le budget pour me procurer ce bijou de technologie, revêtement extra-fin en carbone, vous venez de sonner votre arrêt de mort !
Je me remets à tirer. Mais une main m'attrape le bras et m'entraîne dans les escaliers, me forçant à monter les marches.
— Vous pensez que vous cacher est une solution ? Vous êtes bien naïves !
J'entends ses pas se rapprocher mais je suis toujours obligée de monter les marches à une allure folle. On finit par s'arrêter dans un bureau et Lou ferme la porte à clef. Elle m'oblige à aller en dessous du bureau avec elle.
— Lou qu'est ce qui t'a pris ?!
— On ne pouvait rien faire à cette distance. En dessous de ses vêtements sont dissimulées plusieurs couches d'une protection pare-balles. Mais cette armure a des failles. Bien sûr je ne pense pas qu'elle protège des gros calibres mais malheureusement on n'a pas ça sous la main ... Mais il suffit de se rapprocher assez de lui pour pouvoir lui tirer une balle dans la tête et tout sera terminé.
Je reste bouche bée, impressionnée par son sang-froid, contrairement à moi qui suis totalement déboussolée mais nous sommes vite interrompues par des bruits de pas.
Fin du point de vue de Violette
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Point de vue de Lou
Christopher défonce la porte d'un coup de pied.
— C'est ici que vous vous cachez, c'est évident, ça pue le rat ! crie-t-il gonflé de confiance.
Covack mitraille la pièce, détruisant les vitres, les cadres et le fauteuil. Les balles sont par chance arrêtées par l'épaisseur du bois.
Je chuchote à Violette de balancer le bureau devant nous et de courir en dehors de la pièce à mon signal. Elle hoche la tête.
— Vous comptez rester là dessous longtemps ? Faudrait pas m'énerver, je risquerais de vous faire souffrir avant de vous exploser le crâne !
Christopher s'avance lentement. Il contourne le bureau et se place devant nous en pointant son arme dans notre direction.
— Nan mais sérieusement, vous êtes vraiment demeurées !
Je crie. Violette attrape le bureau en l'agrippant derrière nous et l'envoie directement sur Christopher qui se met à hurler. Pendant que Violette se rue vers la sortie, je courbe le dos de manière à me retrouver face au plafond, et tire dans le lustre qui vient s'encastrer sur l'homme. Je sors à mon tour de la pièce. Je rejoins rapidement Violette. Tout s'est passé tellement vite.
— Comment as-tu fais tout ça ? me demande Violette impressionnée.
— L'adrénaline sans doute...
Nous nous regardons puis nous continuons de courir pour rejoindre le parc. On se précipite pour se cacher chacune derrière un arbre, une arme à la main, guettant l'arrivée de Christopher. Mais je suis prise d'une douleur horrible à cause de l'effort et je me plie en deux. Je vois Violette vouloir me rejoindre mais je la fusille du regard en lui faisant non de la tête. Au moins l'une de nous deux doit rester sur ses gardes. Je tombe au sol, serrant les poings pour maitriser ma douleur, un hurlement de frustration au bord des lèvres et des larmes prêtes à couler.
Fin du point de vue de Lou
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Point de vue de Violette
J'essaye de l'ignorer mais j'en suis incapable. Elle souffre tellement et je suis impuissante. Je dois surveiller la porte pour ne pas nous laisser surprendre. C'est la seule chose que je puisse faire pour Lou. La protéger. La porte finie par s'ouvrir. Mais personne n'est visible. Seul le canon de la kalachnikov pointé dans le vide. J'inspire profondément afin de me concentrer du mieux que je peux. Je tire et ma balle fend l'air, laissant une fumée blanche se dégager de mon arme, et entre dans le canon de la kalachnikov. Un gémissement s'échappe de derrière la porte avant d'être suivi d'une explosion et d'un cri de douleur. Une ombre sort du couloir pour laisser apparaître Christopher, tenant sa main droite au bout de laquelle il manque plusieurs doigts.
Lou redresse doucement la tête pour me faire un sourire mais elle est rapidement rattrapée par la douleur. Christopher se relève, le visage déformé par la haine et la souffrance. Il sort une arme de sa main valide et tire.
— Petites merdes ! Regardez ce que vous m'avez fait ! Je vais vous faire souffrir, c'est décidé !
Je ne lui réponds pas. Je n'ai pas de temps à perdre. J'avance lentement, les balles passant à quelques centimètres de moi. Je pointe mon arme, me concentre pour viser au mieux, et tire dans son pied droit. Il crie encore, perd l'équilibre et s'effondre, lâchant son arme qui glisse un peu plus loin. Je me mets devant lui, le regardant, le visage interdit ne sachant pas quel sentiment prend le dessus sur moi. Je vise la tête en le regardant droit dans les yeux.
— Je t'en supplie épargne-moi !
Mais au moment où je veux appuyer sur la détente, une balle vient déchiqueter la seule main qui lui reste.