Quelques jours plus tard ~
Point de vue de Violette
Encore un dernier jour et c'est les vacances ! Les grasses mats, les films à rattraper, le temps pour soi, les révisions avant les partiels... Mais pour le moment je dois encore me lever. Je n'ai aucune motivation. Je crois que Lucie déteint sur moi. Un peu de nerf !
Quelqu'un se met à tambouriner contre les portes avec fureur. Je ne me demande même pas qui c'est, je sais pertinemment que c'est Adam.
— Debout les glandus !
— C'est bon, c'est bon, on arrive ! proteste Léo en maugréant.
Une fois les cours terminés, le café nous tend les bras pour une pause bien méritée. Puis vient l'heure du cours d'anglais. Le cours que je déteste sans doute le plus après ceux de Valery. Pourquoi ? Parce que je suis à trois rangs de Lou ! C'est intolérable voyons ! En plus, le prof m'interroge régulièrement et je vais encore une fois me planter, j'en suis sûre. C'est vrai que Lou essaye régulièrement de m'aider en chuchotant les bonnes réponses mais... La plupart du temps je comprends de travers et baragouine approximativement des choses totalement incohérentes en me couvrant de ridicule.
L'épreuve semble insurmontable puis, le Saint-Graal fait enfin son apparition, la liberté tant attendue, c'est fini ! Les vacances me tendent les bras ! En pleine béatitude je remarque Lou qui vient me voir à la sortie du cours.
Fin du point de vue de Violette
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Point de vue de Lou
Je vais voir Violette pour lui expliquer certaines choses. C'est vrai que l'organisation des vacances de Noël ici est assez spéciale. J'essaye de faire bref en lui disant que durant les vacances, tous les élèves partent rejoindre leurs familles pour les fêtes. La cité universitaire devrait être fermée mais le doyen a une confiance totale en moi étant donné qu'il fait partie de ma famille éloignée, il part donc aussi en me laissant les clefs de l'établissement. Heureux hasard.
— Oh je vois mais... Pourquoi tu ne pars pas ? Tu ne passes pas Noël en famille ?
— On n'est pas très festifs ... Et tu sais, le seul endroit où je veux être c'est dans la bibliothèque. C'est pour ça qu'on me laisse les clefs, pour que je puisse y aller quand je veux. Ça me permet d'éviter les trajets inutiles entre chez moi et la fac. Tu restes aussi donc nous n'allons être que deux ici. -j'esquisse un sourire ne pouvant dissimuler ma joie- Enfin bref, il faudrait qu'on aille dire au revoir aux autres tu ne crois pas ?
Fin du point de vue de Lou
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Point de vue de Violette
En résumé, Lou et moi allons rester seules dans la fac pendant deux semaines ? C'est presque trop beau pour être vrai. J'ai l'impression d'être dans un film. Super !? Un Noël rien que toutes les deux... J'ai hâte. Il faut absolument que je lui trouve un cadeau à la hauteur. Quelque chose qui lui ferrait vraiment plaisir. Un livre ? Non, trop facile... Hmmm, ou plutôt quelque chose qui la surprendrait ? Quelque chose de personnel ?
Je stoppe mes rêveries et nous allons saluer le reste de la bande. Après les adieux larmoyants du couple, tout le monde finit par partir. Le doyen conclut les départs en remettant les clefs à Lou. Nous laissant seules elle et moi.
— Ah et, inutile de le préciser mais la cafétéria est également fermée donc il faut qu'on se débrouille pour manger. On ira faire des courses en ville.
— Et, qu'est-ce qu'on va manger ce midi ?
Elle réfléchit un instant avant de me répondre :
— Je connais un restaurant que tu vas apprécier... Il se trouve au niveau du centre-ville. Allons-y et profitons-en pour acheter à manger pour la semaine !
— Ça me va !
Bien sûr que ça me va ! Notre premier simili rendez-vous ! Un restaurant rien que toute les deux, puis des courses, comme un petit couple, tout ça avant des vacances entières dans des locaux vides ? Je serais folle d'être insatisfaite. Nous récupérons des sacs dans sa chambre pour pouvoir transporter nos achats et nous nous mettons en route. Une fois arrivées elle m'emmène aux abords d'un petit restaurant charmant et se tourne vers moi avant que je n'aie eu le temps de lire la devanture ou la carte de celui-ci.
— Devine quoi.
— Euh... Je ne sais pas.
— C'est un restaurant italien ! Ils font les meilleures lasagnes de la région.
Qu'est-ce qu'elle a dit ? Mon cerveau fantasme déjà en pensant aux couches de pâtes généreusement recouvertes de sauce bolognaise et de fromage fondant.
— Tu rigoles ?!
— Je n'oserais pas, dit-elle en souriant.
Je la prends dans mes bras puis je me précipite à l'intérieur en la tirant par la main. Je n'ai jamais vu un restaurant aussi cliché. Les tables sont nappées de carreaux rouges et blancs, dessus des panières avec des gressins, sans oublier LA bougie dans la bouteille de vin et les odeurs de sauces tomates. Ça respire l'ail et le persil. Au mur des drapeaux italiens et des peintures de paysages. Il ne manque plus que les boites de canistrelli et de panettone, la gondole et les masques vénitiens pour que le voyage soit accompli. Je m'attends à être accueillie par un homme ventripotent à moustache qui parle avec ses mains. Je suis mauvaise langue mais pas loin de la vérité, j'exagérais sur l'embonpoint et la gesticulation mais j'avais négligé l'accent. Le serveur nous installe et je commande, évidemment, des lasagnes à la bolognaise et elle un risotto à l'encre de seiches. Assise face à face, je me délecte de ses yeux et de la moindre de ses mimiques lorsqu'elle me raconte sa dernière lecture. Nous sommes servies rapidement et c'est un délice incomparable ! Presque aussi agréable que ma compagne, qui se moque à plusieurs reprises du plaisir que je prends à manger. « On dirait une enfant ! ». Nous mangeons nos plats et finissons par nous partager un tiramisu en discutant de ce que nous voulons acheter ensuite. À chaque cuillérée le baiser indirect était dans mes pensées. Nos assiettes finies, je me faufile à la caisse pour l'inviter, puis nous nous rendons au supermarché le plus proche afin de faire nos achats.
On vogue et déambule à travers les rayons, n'ayant pas fait de liste ou préparé quoi que ce soit l'aventure n'avance pas tellement.
— Alors tu veux manger quoi, pizza ? finit par me proposer Lou.
— AH NON t'es folle, je vais pas manger ça !
— Les lasagnes ça va mais la pizza non ?
— Faut pas abuser ! J'ai mes limites, tu connais la notion de cheat-meal ?
— Mais t'es super chiante en fait !
— Attends deux secondes je sors mon téléphone, j'ai une super appli pour vérifier les valeurs nutritionnelles, dis-je en faisant semblant d'aller sur mon téléphone.
— Tu te moques de moi ... ? tente-t-elle désarçonnée.
— Bien sûr ! Je connais déjà tout par cœur... Riz, dinde, haricots verts, y'a rien de mieux !
Quoi ?! Ok c'est pas giga fun, mais je dois m'entretenir ! Ce qui compte c'est de se forger un corps d'acier sur lequel je peux compter, la seule personne en qui je peux avoir confiance c'est moi-même.
Moqueries, rigolade, amusement et complicité. Les emplettes se poursuivent dans la joie et la bonne humeur. On se croirait dans une comédie romantique cliché et je n'aurais vraiment jamais pensé m'amuser autant en faisant des courses. Choses faites nous partons flâner un moment devant les vitrines de Noël. Son regard pétillant devant les décorations me fait fondre. Elle est adorable...
— Il faut qu'on passe encore à mon appartement pour faire une pause, je suis exténuée.
Ce que nous faisons, mais une fois arrivées devant la porte d'entrée Lou semble gênée.
— Je te préviens, je suis assez... Désordonnée.
Fait que je constate effectivement quand elle ouvre la porte et me fait entrer. C'est vrai que quelques affaires pendouillent du haut des armoires présentes et des vêtements traînent sur le sol. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit bordélique à ce point. Néanmoins le désordre ambiant ne m'empêche pas de remarquer l'apparente qualité de son ameublement. Lou veille à fermer la porte à clef derrière elle et me propose à boire. Ce que j'accepte avec joie.
— Je n'ai pas grand-chose à te proposer par contre. - Elle fouine dans sa cuisine l'air désolée - Je n'ai que de l'eau. Je suis plus souvent à la cité U qu'ici comme tu as pu le remarquer.
Je la rassure en lui disant que ça me convient parfaitement. Elle pose les courses que nous venons de faire sur le petit canapé et me sert un verre d'eau.
— Je peux te poser une question indiscrète ? Comment ça se fait que tu aies un appartement tout en louant une chambre ? À ton âge c'est vraiment pas commun. Et ça fait énormément de dépenses sachant que je ne te connais pas de job à côté des cours.
— Et bien, comment dire... Suite au décès de mes parents c'est mon oncle qui m'a recueillie et élevée. Avec mon cousin Léo, on s'entendait comme frère et sœur mais j'avais vraiment besoin de prendre mon indépendance. Je ne voulais pas être un fardeau indéfiniment tu comprends... – Elle me sourit un peu gênée – Je suis dans une famille assez aisée donc ça n'a pas été un problème pour trouver un appartement. Néanmoins comme tu vois il est vraiment trop loin de la fac et surtout j'aime énormément vivre là-bas avec vous.
Je m'excuse de l'avoir mise mal à l'aise, confuse d'avoir posé une question si personnelle. Elle finit par détendre l'atmosphère en changeant de sujet :
— Bon, assez parlé de moi ! Il faut qu'on commence à monter un plan pour Lucie et Adam.
— D'accord mais par où commencer ?
— On sait que Lucie aime Adam et vice versa. Maintenant, le problème, c'est qu'ils se prennent la tête en permanence.
— Et comment faire pour y remédier ?
— Bonne question...
— Lucie et Adam ont deux caractères diamétralement opposés ça ne va pas nous faciliter la tâche.
— Oui, mais je pense que c'est ça qui les attire mutuellement. Au lieu de voir ça comme un inconvénient, on pourrait s'en servir à notre avantage.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Eh bien... Adam ne supporte pas que Lucie se laisse aller en permanence en s'isolant et en séchant régulièrement les cours. Il a peur qu'elle retombe dans ses travers. Mais Lucie ne supporte pas qu'Adam la sermonne à longueur de temps et lui rabâche la bonne conduite à adopter.
— Et hum... En quoi c'est un avantage ?
— Puisque Lucie doit rattraper des cours, elle a bien besoin de quelqu'un pour l'aider non ?
— Évidemment.
— Adam et elle se retrouvent régulièrement dans sa chambre pour l'aider à rattraper ses cours. Il garde toujours un œil sur elle pour l'engueuler dès qu'elle commence à papillonner sur son téléphone. Donc... Il faudrait faire en sorte de les surprendre à un moment où ils n'y seront que tous les deux.
Je prends une gorgée d'eau et lui fais signe de poursuivre.
— Adam va forcément finir par se mettre en rogne ! Il va lui reprocher une fois de plus qu'elle est absolument obsédée par son portable et qu'elle lui fait perdre son temps. À partir de ce moment-là, on intervient ! Il faudra essayer de provoquer les choses afin qu'ils se rapprochent.
Elle marque une pause puis affiche un sourire satisfait en ajoutant :
— Physiquement.
— Jusque-là d'accord.
— Connaissant Adam et son caractère de cochon il va envoyer valser Lucie. À partir de ce moment, leur discussion va déraper. Je sais qu'Adam a du mal à contrôler ses émotions. Il va probablement s'emporter et dire ce qu'il pense sans filtre et donc... Déballer entièrement ses sentiments ! Tu comprends où je veux en venir ?
— Tu penses qu'il va se laisser emporter et dire des choses qu'il n'aurait jamais pu dire en temps normal, c'est à dire ses véritables sentiments pour Lucie ? J'ai quelques doutes. – Je lui adresse un sourire moqueur – C'est pas un peu risqué de gonfler un mec à tel point qu'il ne saura plus ce qu'il dit tout ça en espérant qu'il livre à cette occasion tout ce qu'il a sur le cœur ?
— Qu'est-ce que tu sous-entends ? Adam n'est pas comme ça ! Je t'assure que ça va marcher.
Une moue boudeuse m'est destinée quand elle tourne la tête vers l'horloge. Ses yeux s'écarquillent instantanément puis elle se précipite à la fenêtre.